C’est une tendance de fond qui s’installe depuis quelques années maintenant : l’utilisation de la réalité virtuelle dans la formation professionnelle.
Dans un premier temps, les secteurs de prédilection ont surtout été les secteurs industriels et du bâtiment. La réalité virtuelle permet ainsi de s’immerger dans l’environnement de travail, prendre ses premiers repères, ses marques, avant de se retrouver en situation dans l’environnement réel. Gain de temps et donc d’argent, meilleure préparation pour les nouvelles recrues et donc meilleure productivité mais aussi moins de stress : tout le monde y trouve son compte, les travailleurs comme les employeurs.
Les dispositifs d’apprentissage et d’entrainement en réalité virtuelle sont déjà totalement intégrées dans les secteurs industriels de pointe, dans le domaine médical, ainsi que le domaine de la sécurité, de la police et des armées. Ce qui est nouveau, c’est que la réalité virtuelle s’invite désormais dans l’univers des soft skills, à savoir les compétences en communication, vente, management… Petit tour d’horizon de ces solutions digne d’un film de science fiction :
Agueris, ou la réalité virtuelle pour combattre
La société Agueris propose des dispositifs très complets d’entrainement au combat. Elle est présente sur la plupart des salon militaires et offre à chaque fois des démonstrations à couper le souffle, comme lors du salon Eurosatorys 2018 au cours duquel était présenté son simulateur virtuel générique (voir photo ci-dessous) :

Lors du salon Eurosatory 2018, ont donc ainsi été présentés des postes de simulation interactifs destinés à un entrainement approfondi à plusieurs niveaux qui, tout en étant virtuels, procurent les impressions et sensations de la réalité, que ce soit pour des pilotes d’engins de combat ou des tireurs, des mécaniciens, etc. Agueris a également conçu, en collaboration avec le spécialiste DISTI, un « VMT » (Virtual maintenance Trainer) : c’est un entraineur hight tech en 3D pour l’apprentissage de la maintenance des engins blindés.
Filiale de CMI Defence France, Agueris compte parmi les partenaires attitrés d’Arquus et de Rockwell Collins. Son rôle est de concevoir, developper et intégrer des moyens d’entrainement et de simulation pour les forces armées terrestres, toujours avec un temps d’avance sur les besoins opérationnels. Si la société Agueris a été parmi les premières au monde à déployer des solutions de simulation embarquée, elle propose maintenant des simulateurs à réalité mixte, et travaille dans le domaine de la réalité augmentée ou de l’analyse du comportement humain.
Qu’on se le dise : pour les services militaires concernés, ces simulateurs ont pour objectif de préserver le matériel et d’économiser les munitions ! Ce qui représente un atout majeur dans la mesure ou ceux-ci sont beaucoup plus onéreux et beaucoup plus sollicités qu’autrefois… Agueris utilise donc la réalité virtuelle pour l’entrainement de guerriers bien réels. Mais la réalité virtuelle peut aussi être utilisée comme un monde en soi, à part, dans lequel s’échapper : c’est le cas d’HypnoVR…
HypnoVR, ou la réalité virtuelle pour planer…
Comme indiqué sur son site internet, l’ambition de la société HypnoVR est de rendre les bénéfices de l’hypnose en anesthésie, dans le traitement de la douleur et de l’anxiété, accessible à un plus grand nombre de patients, médecins et établissements de santé grâce à la réalité virtuelle.

En gros, avant une intervention médicale, vous placez un casque de réalité virtuelle sur vos yeux pour vous aventurer dans un monde onirique, déstressant, relaxant et hypnotisant… Il faut savoir l’hypnose en anesthésie présente de nombreux bénéfices : les progrès et innovations dans la prise en charge anesthésique et chirurgicale visent à réduire la morbidité et la mortalité périopératoire, augmentent le confort des patients et facilitent la réhabilitation post-opératoire. Notons que l’efficacité de l’hypnose médicale a été démontrée par plus de 300 publications médicales à ce jour.
Comme relaté sur le site BPI France : à l’origine d’Hypno VR, deux médecins anesthésistes et hypno-praticiens, les docteurs Denis Graff et Chloé Chauvin. Se fondant sur leur pratique, ils ont eu recours à la réalité virtuelle pour concevoir des outils d’hypno-sédation capables d’induire et maintenir un état d’hypnose au cours d’une procédure chirurgicale. En octobre 2016, ils créent la société HypnoVR dans laquelle ils s’associent à Nicolas Schaettel, expert en développement d’entreprises et start-up high-tech.
Au début de l’été 2018, ils annoncent avoir levé 700.000 euros lors d’un tour d’amorçage. Preuve du grand intérêt de ce projet pour les investisseurs bien informés. Il faut savoir que rien qu’en France, l’anesthésie concerne près de 6 millions de patients par an… Avec son système d’abonnement, la startup HypnoVR a donc un modele particulièrement « scalable ». Dans la même veine, des startups comme Digital & Human, Effigie ou encore Uptale, spécifiquement axées sur les soft skills ont également de quoi attirer des investissements rapides et massifs.
Effigie, ou la réalité virtuelle pour acquérir de précieuses compétences relationnelles
Le point commun entre les startups Effigie, Uptale et Digital & Human ? Leur approche révolutionnaire qui vise à impacter directement le comportement et le savoir-être de leurs utilisateurs. La réalité virtuelle n’est plus seulement l’occasion pour l’utilisateur de s’immerger dans un univers pour en explorer les composantes, mais se servir du dispositif pour se recentrer sur soi et ses qualités internes.
Par rapport aux solutions très techniques proposées par des sociétés comme Agueris ou HypnoVR, Effigie et Digital & Human offrent des solutions et environnements en apparence plus simples, mais au service du développement de compétences particulièrement difficiles à acquérir en situation réelle : toutes ces compétences qui font qu’un individu est ce qu’il est, autrement dit son savoir-être plus que son savoir-faire ou son savoir tout court… Par exemple, ces startups proposent toutes les deux des modules d’entrainement à la prise de parole en public (exemple ci-dessous, le programme « DO YOU SPEAK VR » de Digital & Human) :

Dans le secteur des soft skills, les startups de la réalité virtuelle rivalisent d’ingéniosité pour des developper des dispositifs particulièrement percutants. L’enjeu est de taille, et les investisseurs avertis ont bien sentis l’importance de prendre position sans tarder. Si les ventes de casques auprès des particuliers n’ont pas vraiment décollé ces dernières années, si la VR ne semble pas encore convaincre le grand public, elle a cependant convaincu depuis belles lurettes les professionnels des secteurs spécialisés que sont la santé, l’armée, les industries de pointe… C’est dans ces secteurs confidentiels que les plus grands projets se montent, dans l’ombre, et pourraient représenter d’ici 3 à 5 ans un marché de plusieurs centaines de milliards d’euros.