Pas besoin de trop parler pour intéresser. Le bon communicant sait qu’il faut surtout être à l’écoute, et se centrer sur l’autre plutôt que sur soi-même. Il peut donner le sentiment d’avoir une conversation passionnante sans jamais dire un mot sur lui.
Son langage devient essentiellement non-verbal, s’étend à la gestuelle, au contact visuel : il se contente par exemple de manifester son intérêt par des petits hochements de tête, comme pour acquiescer, de subtils écarquillements des yeux ou d’habiles expressions corporelles…
Mais il arrive un moment où il est important de parler davantage, de parler de soi, pour mieux faire connaissance et aller plus loin. Si vous cherchez toujours à amener votre interlocuteur à parler de lui, et de lui seul, vous lui ferez peut-être passer un bon moment mais aucune relation ne s’établira vraiment.
C’est donc à votre tour d’oser vous mettre en lumière, de parler de vous… Mais comment parler de soi ? Comment raconter sa vie sans « briser le mythe » ? Ne pas avoir l’air trop banal sans pour autant verser dans le mytho ?
Parler de soi est tout un art. Il y a bien sûr un danger à se livrer : c’est en pleine lumière qu’apparaissent les petits défauts, les faiblesses, les incohérences… Votre silence vous protégeait, il était comme un mystère dans lequel vous draper, et vous concédait de ce fait un certain pouvoir d’attraction, voire de fascination.
Technique classique : en dire le moins pour en suggérer le plus ! On aimerait avoir une vie qui fait rêver, une vie de héros, de gloire et de succès, d’histoires folles à raconter… Dès lors, parler de votre vie risque non seulement de vous ramener à la banalité du quotidien, mais aussi et surtout à l’incohérence de votre parcours, ou aux échecs qui l’ont probablement ponctué.
En réalité, tout dépend de vos talents de conteur ou de narrateur, si vous savez-vous raconter de belles histoires ou non. L’art de vous présenter tient en effet dans votre capacité à raconter une certaine histoire : l’histoire dont vous êtes le héros…
Une « histoire dont vous êtes le héros » ne veut pas dire une histoire où vous ne parlez que de vous, encore moins d’une histoire où vous n’accompliriez que des exploits à la James Bond. Cela veut dire une histoire dans laquelle vous n’êtes pas passif, à travers laquelle vous n’apparaissez pas comme un suiveur.
Vous ne subissez pas. Vous affirmez la maîtrise de votre propre vie – les seules choses qui pourraient vous guider demeurant vos passions. L’histoire de votre vie doit révéler votre personnalité et vos potentialités.
C’est une histoire qui n’est pas forcément « exceptionnelle », mais unique, nuance : vous êtes le héros d’une vie qui ne pouvait être que la vôtre… Tout est bien sûr affaire de point de vue, de présentation, de sens de la formule, de tournures et de ruses de langage ! Nous allons voir dans la suite de cet article quelques clefs pour (ré)écrire et raconter à votre tour cette fabuleuse histoire.
Chaque homme de ce monde devrait faire sienne cette célèbre devise militaire : « Ne pas subir ». D’abord prononcée par le Général de Lattre de Tassigny qui combattit les nazis et aujourd’hui reprise par le 2e RPIMA (Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine), elle traduit toute la force d’un esprit combattif et guerrier.
La vie est un combat, la société une sorte de jungle où il faut s’engager à fond, être sûr de bien savoir où l’on veut aller et rester volontaire pour y arriver. La virilité s’affirme dans le courage, la bravoure, la dignité en toute circonstance. Elle conduit à l’expression d’un optimisme invincible, d’une assurance sans cesse grandissante et d’une confiance en soi, en la vie, en l’avenir.
Et cela n’a rien à voir avec une certaine situation à un moment donné, ne dépendant ni de la richesse, ni de la beauté, ni d’aucune autre bonne fortune : il s’agit avant tout d’un état d’esprit. Ne pas subir, c’est regarder toujours au-delà de ce qui s’arrête sous nos yeux, et ne jamais se retourner avant de l’avoir atteint. Ne pas subir, c’est assumer son caractère et l’affirmer, rester volontaire dans la tempête et le tourment, continuer d’avancer, fier.
Bien sûr, tout est question de présentation. Même le plus vaillant des guerriers doit parfois admettre une défaite, un échec, une lassitude ou une faiblesse. Mais il ne s’y attarde pas. De même, éliminez le négatif, et mettez l’accent sur le positif. Ce n’est pas tant la réalité de votre parcours de vie qui compte vraiment, que votre façon d’en parler : bannissez de votre langage les expressions qui renvoient de vous une image passive, soumise, par exemple à la suite d’un licenciement ou d’un refus d’embauche : « Je me suis fait virer… », « Mon patron m’a jeté… », « Ils n’ont pas voulu de moi… » Plus jamais !
Misez sur ce que vous avez pu faire à la place. Ne dites pas « J’ai abandonné… », dites plutôt : « J’ai décidé de ne pas donner suite à mon engagement ». Plutôt que de dire : « Je ne savais pas quoi faire / je n’avais pas trop d’idées où aller / j’ai pris une année sabbatique » (en d’autres termes : « J’ai glandé »…), préférez des formules pro-actives telles que : « Je me suis donné le temps de la réflexion / j’ai choisi de voir du pays / je souhaitais voyager » !
Présentez toujours vos décisions de façon positive. Par exemple, si vous devez vous justifier d’une démission sur le plan professionnel, si l’on vous demande pourquoi vous partez ou êtes parti de telle ou telle boite, expliquez : « J’avais le sentiment de tourner en rond », « Je souhaite voir autre chose », « Je veux progresser, je ne peux le faire ici », « J’ai saisi une autre opportunité ». Gardez pour vous les éléments négatifs – évitez notamment de critiquer l’entreprise, le patron ou les employés que vous quittez…
Les formules sont adaptables à tout type de situation, et ces conseils valent autant pour un entretien d’embauche que pour une longue discussion entre amis, ou en tête-à-tête avec quelqu’un qui souhaiterait davantage vous connaître. Vous pouvez réécrire de la sorte tout votre parcours, et révéler une volonté forte qui aurait in fine guidé l’ensemble de ces tours et détours. Une autre combine consiste à relier chaque action, réorientation, changement ou engagement à un événement décisif, ou chercher à l’inscrire dans la perspective de l’accomplissement d’une passion.
Vous donnez ainsi un sens à votre vie, vous lui assignez une cohérence profonde, quasi-métaphysique – et dans l’esprit de vos interlocuteurs, ce qui apparaît comme un dessein se confondra bientôt avec un destin, la marque de fabrique des héros…