Lors d’un diner on vous passe soudain la parole pour porter un toast, dire un mot ou répondre à une question innatendue… Que dire ? Comment réagir ? La prise de parole en public est toujours un exercice périlleux.
Quand il s’agit d’une intervention programmée à l’avance, il est cependant possible – et même nécessaire – de se préparer en conséquence. Mais l’exercice devient des plus difficiles lorsqu’il s’agit d’une prise de parole impromptue.
Vous ne vous y attendez pas et ça vous tombe dessus :
- On vous passe la parole à la suite d’une allocution (par exemple lors d’un diner, pour porter un toast…)
- On vous annonce que vous devez intervenir dans quelques minutes (changement de programme intempestif, visite surprise de clients, de responsables, d’inspecteurs ou de supérieurs hiérarchiques…)
- On vous interpelle personnellement lors d’un événement (invitation d’un membre de l’auditoire à monter sur scène, ou bien vous êtes connu par le conférencier ou les organisateurs et votre présence vient d’être remarquée)…
Bref, les situations d’une prise de parole impromptue peuvent être très différentes, mais demeurent toutes embarrassantes. Alors, comment réagir dans ces cas là ?
En situation d’urgence, voici une méthode pour surmonter le stress ou l’affolement face à l’imprévu et se tirer de ce mauvais pas. Cette méthode est aussi appelée « l’astuce des 5 ‘S’ », vous allez comprendre pourquoi :
1 – Souffle
Tout d’abord, la surprise peut vous couper le souffle – manifestation fréquente d’une forme d’angoisse. Ne retenez donc pas votre respiration, ne la gardez pas bloquée. Au contraire, efforcez-vous de souffler longuement, et d’inspirer profondément.
Tout en vous concentrant sur votre respiration, pensez à ce que vous allez dire.
Commencez à parler lorsque vous avez retrouvé un rythme régulier. Si vous manquez trop d’oxygène, vous ne pourrez même pas faire sortir un son !
2 – Secondes
Combien de temps vous faudra-t-il pour retrouver votre souffle et recentrer vos idées ? Dans ce genre de situation, si tous les regards sont braqués sur vous et paraissent attendre une réponse, chaque seconde peut sembler une éternité…
Et plus vous sentirez le temps passer et plus vous vous affolerez !
En réalité, il n’y a que vous qui éprouvez cette désagréable impression que le temps s’étire, précisément à cause de votre stress ou affolement. Pour les autres, chaque seconde reste une seconde, aussi brève et négligeable.
Prenez donc votre temps. Dix, quinze, vingt secondes peuvent s’écouler sans que personne ne s’en inquiète ou s’impatiente. Tandis que cette poignée de grains de sable se révélera largement suffisante pour vous permettre de poser votre souffle et préparer la suite.
3 – Scénario
Que dire, mais aussi et surtout : comment le dire ?
Évitez de chercher des idées trop complexes, ou de vous exprimer de façon trop abstraite. Les gens préfèrent le concret, et se captivent toujours plus pour les histoires, surtout quand ils peuvent s’identifier aux personnages. C’est le principe du storytelling (et tiens, ça commence aussi par un S !).
Racontez une histoire. Les enfants adorent qu’on leur raconte des histoires, et nous sommes tous de grands enfants. Trouvez un scénario. Puisez dans vos souvenirs ou parmi les anecdotes que vous avez déjà entendues.
N’hésitez pas à romancer, même largement. Brodez en donnant des détails, précisez les couleurs, les formes, les longueurs, les bruits, les saveurs… Faites des comparaisons. Décrivez des choses physiques, des visages… Rajoutez-en si besoin, n’ayez pas peur d’exagérez ! (il ne faut pas trop en faire, certes, mais on en fait souvent bien moins que ce que l’on pense…)
Vous réveillerez ainsi le spectateur éternel enfoui en tout un chacun, cette part d’enfance qui subsiste en nous et ne demande qu’à être bercées de belles histoires…
4 – Sensations
Cependant, si le stress est tel que vous n’arrivez toujours pas à démarrer, que vous ne trouvez rien à raconter tandis que les secondes continuent de défiler et que le trac vous envahit tout entier, alors : parlez quand même.
Décrivez vos sensations. Expliquez ce que vous ressentez. Par exemple, commencez en disant, même tremblant ou hésitant :
« Bonjour… Je n’ai pas l’habitude de m’exprimer face à une telle assemblée… Je suis intimidé… Je sens mon cœur battre très fort… Je sens mes mains trembler… J’ai l’impression d’avoir une boule à l’estomac… Ma poitrine est comme écrasée… C’est vraiment impressionnant de parler devant autant de monde… »
Et puis : « Je commence à m’habituer… Je sens que ça va mieux… »
Se concentrer sur ses propres sensations est très utile, surtout dans les cas où l’on ne sait vraiment pas quoi dire : face à une personne qui vient de perdre un proche par exemple, ou face à un agent de police particulièrement intimidant…
De la sorte, vous pouvez susciter une certaine sympathie en révélant votre timidité naturelle, profondément humaine.
Vous donnez à vos propos un ton « vrai », authentique, et de ce fait vous établissez un lien de communication plus fort, basé sur l’émotion, par-delà les arguments et les idées.
Surtout, ces premiers mots permettent de véritablement vous lancer. La difficulté principale, dans la prise de parole en public, est de commencer à parler. Mais quand on a démarré, on gagne de l’assurance, les mots se mettent à couler, et on finit même par prendre du plaisir à s’exprimer !
5 – et… Silence
Il ne faut toutefois pas abuser de la technique des sensations. Si vous en faites trop, on ne vous croira pas. Certains vous soupçonnerons même d’essayer de manipuler le public.
Gardez donc une certaine réserve et, si vraiment vous ne trouvez strictement rien à dire : gardez le silence !
Le silence est un moyen de s’exprimer autant que les mots, et, selon les situations, permet bien souvent des sous-entendus plus lourds encore (si on vous interpelle violemment par exemple, ou si on vous pose une question volontairement provocante, ou encore si on vous introduit par une moquerie, etc.).
Restez silencieux, mais ne vous écrasez pas pour autant, ne détournez pas votre regard, concentrez-vous sur celui de votre interlocuteur (ou faites face à l’auditoire), ne souriez pas d’un air bête ou gêné, conservez au contraire une mine sérieuse, et patientez.
Et vous, quelles sont vos techniques ou astuces pour réagir lorsque vous devez prendre la parole à l’improviste ?
Vous souvenez-vous de vos pires moment de trac, et comment vous vous en êtes sorti ? ou pas…