La généralisation est l’action d’étendre les résultats de l’observation de quelques cas à l’ensemble des cas possibles. Elle est aussi une des manières les plus répandues pour argumenter… Mais comment être certain que la généralisation que vous utilisez est pertinente et efficace ?
Considérez l’exemple suivant :
Juliette, dans la pièce de Shakespeare, n’avait pas 14 ans quand elle s’est mariée.
Les femmes juives étaient mariées jeunes au moyen-âge.
Beaucoup de femmes de la Rome antique était mariées avant d’atteindre 13 ans.
Ainsi, les femmes autrefois se mariaient très jeunes
Pour reprendre la définition de la généralisation, nous avons ici trois observations de cas concrets et précis de filles mariées jeunes.
Pour appuyer efficacement la conclusion, les prémisses doivent être véridiques, c’est-à-dire supportées par des faits. S’il n’y a pas de fait, il n’y a pas d’argument et encore moins de généralisation.
Donnez plus d’un exemple
Un exemple unique peut être utilisé à fin d’illustration, mais son support à une généralisation est proche de la nullité. Plus d’un exemple sont nécessaires dans une généralisation. Le meilleur argument devrait considérer tout ou une majorité des sujets de l’exemple.
Les généralisations concernant une somme importante de sujets nécessitent l’utilisation d’un échantillon. La taille de l’échantillon dépend de sa représentativité, plus grande est sa représentativité moindre est son nombre. Plus le nombre de sujets potentiels est faible, plus la proportion de sujets à prendre en compte doit être élevée.
Par exemple pour connaître en France la température d’ébullition de l’eau (T) à environnement habituel, on peut prendre pour exemple 20 000 opinions de français (soit 0,03% de la population française), ou alors demander l’avis de 150 physiciens. Utilisez un ratio tentative / réussite lorsque vous choisissez vos exemples. Ou alors on peut prendre de l’eau, un thermomètre et une plaque chauffante, les exemples sont surtout utiles pour ce qui ne relève pas du fait pouvant être prouvé facilement.
T = température, P = pression atmosphérique, A = altitude
Utilisez des exemples représentatifs
Un nombre même important d’exemples peut fausser la représentation de la chose qui est généralisée et la représentativité de l’échantillon reste bien souvent question ouverte. En règle générale il faut déterminer quel recoupement le plus fiable il est possible de trouver dans une population afin d’énoncer une généralisation. Les quotas en découlent.
« Tout le monde dans mon quartier déteste Nicolas Sarkozy. Ainsi Sarkozy est certain de perdre la prochaine présidentielle »
Pensez aux taux du contexte
Pour évaluer la fiabilité d’un argument utilisant quelques exemples éclatants, il est nécessaire de connaître le ratio entre le nombre de tentatives et le nombre de réussites.
« Le triangle des Bermudes est un endroit où beaucoup de navires ont coulé, évitez-le à tout prix »
C’est vrai, le nombre de navires qui y ont coulé est important. Mais ce nombre important représente 0,006% de tous les navires qui empruntent cette route. A comparer aux autres routes maritimes.
Ayez un regard critique sur les statistiques
Certaines personnes quand elles voient à l’appui d’un argument des chiffres, peu importe le chiffre, concluent du simple fait de la présence de chiffres que l’argument doit être valable. En vérité, les nombres requièrent un esprit critique bien plus acéré que celui nécessaire à d’autres preuves. Lorsqu’une argumentation cite des chiffres ou des pourcentages, l’information concernant le contexte associé doit nécessairement inclure le nombre d’exemple. En effet, l’apparente exactitude des chiffres donnent à la preuve une image plus autoritaire qu’elle n’en a réellement, sans compter la facilité de modifier certains chiffres et leur incohérence parfois de bonne foi.
« En 2015, à ce rythme, les enfants regarderont la télé 10 heures par jour. »
Et en 2025, ils la regarderont donc 26 heures par jour à ce même rythme…
Pensez aux contre-exemples
Les contre-exemples sont les exemples qui contredisent votre généralisation. En les utilisant tôt et avec efficacité, ils peuvent en réalité être le meilleur ami du généralisateur. Recherchez-les consciemment et systématiquement, car dès que vous commencez à penser aux contre-exemples vous allez trouver que votre argumentation sur-généralise.
Si c’est le cas et que vous trouvez des contre-exemples à la généralisation que vous défendez, vous devez l’ajuster ou nuancer votre conclusion, en passant par exemple de « tous les fast food sont mauvais pour la santé » à « beaucoup de fast food sont mauvais pour la santé ». La seconde conclusion est plus subtile et intéressante car elle vous donne plus d’amplitude de mouvement.
Enfin lorsque vous entendez un argument basé sur la généralisation, recherchez toujours un moyen de réviser ou de limiter la conclusion, et cherchez une direction plus subtile ou complexe que l’évidence simplicité qui découle de la généralisation.