Qu’est-ce qu’une « bonne » gestuelle ? Comment se caractérise le langage corporel d’un orateur jugé charismatique ? Voici un fameux extrait de Cicéron à propos de L’orateur idéal qui répond à ces questions de façon nette et précise :
« …Ses gestes seront les plus sobres possibles. Il se tiendra droit, la tête haute ; il évitera d’aller et venir constamment ; il s’avancera rarement vers l’auditoire, et toujours de façon modérée […] Il avancera les bras dans les moments de tension et les ramènera à lui dans les passage plus calmes… »
Sans y avoir vraiment réfléchi, beaucoup de gens pensent qu’une bonne gestuelle consiste à faire de nombreux et grands mouvements, à « parler avec les mains », à bouger, à occuper au maximum l’espace… En réalité, les meilleurs orateurs savent contenir leur énergie, ne l’éparpillent pas en brassant de l’air avec les bras, et ont finalement une gestuelle assez sobre.
En limitant ses mouvements, on fait d’autant mieux percevoir les rares que l’on s’autorise, ce qui leur donne du poids, du sens… Ainsi, Cicéron explique que l’orateur idéal ne doit pas trop bouger, mais au contraire effectuer ses déplacements avec mesure. Ce qui compte avant tout est la droiture de la posture, le maintien général du corps, avant d’apprendre à le mouvoir correctement.
L’orateur idéal est par ailleurs le titre d’un petit livre qui correspond lui-même à un long extrait de L’Orateur – le traité de rhétorique composé à la demande du célèbre Brutus en 46 avant J.-C. dans lequel Cicéron s’efforce de mettre en lumière de façon méthodique les différents ressorts de l’éloquence à travers la figure d’un orateur idéal. Dans ce traité massif sur l’art oratoire, Cicéron aborde toutes les spécificités de l’argumentation, des figures de style, de la plaisanterie, de la gestuelle, du ton, et de bien d’autres principes encore, toujours valables et tout autant nécessaires aujourd’hui pour mieux comprendre et de mieux pratiquer l’art de persuader.
La citation ci-dessus sur la gestuelle de l’orateur idéal est tirée de la page 43 de ce petit livre L’orateur idéal, que je vous recommande chaudement pour aborder Cicéron en douceur, avant de vous plonger dans son grand traité sur le sujet.