La peur de l’incompétence est l’une des causes possibles du trac. Très fréquente lorsqu’il s’agit de s’exposer publiquement, elle se traduit automatiquement par un manque d’assurance :
Elle survient chez celui qui ne se sent pas « à la hauteur » en termes d’importance ou de statut. Celui qui, par exemple, n’a pas le niveau universitaire, le diplôme ou les titres nécessaires pour être « officiellement » reconnu comme spécialiste d’un domaine ou d’un sujet en particulier. Cela peut aussi être lié au simple intitulé d’une fonction, jugé pas très glorieux.
Imaginez : on vous propose d’intervenir sur un sujet particulier, de donner une conférence, de présenter un exposé… Le sujet vous plait, mais vous vous demandez : qui sera là pour m’écouter ? Comment va-t-on me juger ? Que vont penser mes supérieurs, ces professeurs, cette personnalité ? Et si un spécialiste qui connaît mieux le sujet que moi se trouve dans le public ? Qui suis-je pour parler de ce sujet ? Comment vais-je être présenté ? Qu’est-ce que je représente ? Qu’est-ce qui fonde ma légitimité ? Est-ce que je suis vraiment à la hauteur ?
Mais que signifie « être à la hauteur » ? « Hauteur » de quoi exactement ? Et par rapport à quoi ? En réalité, n’importe qui peut s’inventer n’importe quel titre ronflant, ou valider n’importe quel diplôme ou n’importe quel brevet pourvu qu’il en paye le prix dans tel ou tel institut privé…
Les Français sont malades du culte des diplômes, du culte des grandes écoles et de la reconnaissance universitaire. Il faudra bientôt un Bac+9 pour servir des burgers dans un MacDo ! Dans de nombreux autres pays, aux USA par exemple, la question principale posée lors d’un entretien d’embauche n’est pas « quels sont vos diplômes ? » mais : « que savez-vous vraiment faire ? »
Nous développons souvent nos véritables compétences en dehors du système scolaire ou universitaire. L’originalité – ou, pour le dire autrement : le génie de chacun – est précisément ce qui échappe aux cadres conventionnels, qui étouffent l’expression de l’individualité. Pour suivre ses passions, il faut emprunter d’autres chemins, en défricher de nouveaux… Et c’est la dimension personnelle de cet accomplissement qui en fait toute la valeur.
C’est parce que vous oserez aller au bout de vos idées à vous que vous aurez toutes les raisons et tous les droits de les clamer haut et fort, et que d’autres vous écouteront avec attention.
Dans notre société technocratique, la parole semble réservée à une certaine élite, aux « experts » techniques en tout genre, aux « intellectuels » bardés de diplômes, aux universitaires… Comme si eux seuls pouvaient s’exprimer sur tous les sujets.
Pourtant, nous avons tous constaté que d’honorables autodidactes, authentiques passionnés qui n’ont pas suivi le parcours académique consacré, ont malgré tout su développer une approche personnelle de tel ou tel sujet, ce qui en fait justement tout l’intérêt.
De même, si c’est vous qui avez été sollicité pour une intervention, c’est parce que c’est votre façon de voir les choses qui importe, votre manière de les présenter, et non le diplôme ou le brevet qui vous donnerait le droit de vous exprimer sur le sujet.
Ne doutez pas de votre légitimité : le seul fait d’être le conférencier vous place en situation d’autorité.
Assumez cette autorité et prouvez que vous la méritez en traitant au mieux votre sujet, sans vous soucier de quoi que ce soit d’autre !