Ci-dessus : Arnold Schwarzenegger, ancien gouverneur de l’Etat de Californie et culturiste forcené , cinq titres de Mister Univers et sept titres de Mister Olympia…
« Il faut modérer parfois l’intelligence aussi, et ne pas rougir d’être un bon animal, avant toute chose. J’aime mieux une petite lueur de bon sens portée par de bons muscles, qu’une grosse tête sur un petit corps. Sans les muscles, l’idée n’irait pas loin ; une pensée chargée de matière, une pensée aux larges pieds voilà ce qui mène le monde. »
(Emile-Auguste Chartier, dit Alain)
Les idées ont peut-être leur vie propre. Mais elles n’ont pour nous de réalité qu’au travers du mode par lequel elles sont transmises. Tout comme l’esprit, au sens de « savoir intelligent », qui n’existe que de par sa formulation. Il n’est rien si aucune parole ne le met en mots – et la parole n’existe pas si elle n’est portée par aucun corps. Sans esprit, certes, le corps est vain. Mais sans le soutien du corps physique, l’esprit ne peut rien.
C’est le paradoxe du lien entre le corps et l’esprit. Comment assembler l’un et l’autre ? Les deux peuvent-ils se cultiver de concert, ou l’un se développe-t-il au détriment de l’autre ? Dans ce cas, quel serait le juste dosage ? Le philosophe Alain formule une opinion qui a de quoi surprendre : ne nous attendons-nous pas à ce qu’un intellectuel cherche à valoriser l’esprit par rapport au corps ?
L’erreur est d’opposer le corps (dans ce qu’il a d’animal) et l’esprit (en tant qu’intellect, intelligence). L’esprit se sait supérieur. Dans sa prétention, il dénigre le muscle. Alors qu’il doit au contraire en faire son allié. Et la parole est précisément le lien qui peut les unir : l’éloquence doit être un art du corps et de l’esprit.
On l’observe en politique mieux que dans n’importe quel autre domaine. Les leaders ont une carrure, une stature. Ils ne sont pas forcément grands (ni même musclés à vrai dire…), mais on veut les sentir forts, fermes, mus par une énergie qui n’est pas seulement intellectuelle ou spirituelle mais bien physique, corporelle, sanguine. A la manière d’Atlas, ils doivent porter le monde sur leurs épaules. Et plus encore : les grands leaders sont des visionnaires, et précisément pour cela doivent avoir des épaules deux fois plus larges : pour porter et le nouveau monde qui se construit, et l’ancien monde qui s’écroule…
Ci-dessous : Alexandre Piel, candidat aux élections municipales de 2014 (sur la liste socialiste menée par Laurent Bonnaterre à Caudebec-lès-Elbeuf, une commune de 10 000 habitants près de Rouen) après avoir décroché cette même année le titre de Mister Univers.