« La guerre menée par le terrorisme contre ses adversaires déclarés est tout à fait invraisemblable. Pour être crédible, cette histoire exigerait triplement et simultanément une excessive stupidité des terroristes, une incompétence extravagante des services policiers et une folle irresponsabilité des médias. Cette invraisemblance est telle qu’il est impossible d’admettre que le terrorisme soit réellement ce qu’il prétend être. »
Ces propos sont de Michel Bounan, extraits de son livre Logique du terrorisme qui vise à mettre en lumière tout ce qu’il y a de profondément illogique dans les revendications tant des terroristes que de ceux qui prétendent les combattre.
L’ouvrage est court et didactique et montre, nombreux exemples à l’appui, qu’aucun attentat terroriste n’a jamais obéi aux motifs avoués de ses prétendus auteurs. Il s’agit davantage d’une stratégie entretenue par les pouvoirs en place, qui imposent aux populations le vieux principe mafieux : terrorisme ou protection…
Une lecture un peu trop rapide risquerait de faire passer l’auteur pour un affreux « complotiste ». C’est le drame de Bounan, qui n’est pas lu, ou mal lu. Bounan est situationniste. Il ne traite donc pas exactement du terrorisme en tant que tel mais de la situation terroriste, ce truchement de discours, de déclarations et d’images médiatiques qui fait advenir dans nos esprits les représentations à partir desquelles nous déterminons nos actions.
Il ne s’agit pas de renier les actes terroristes en eux-mêmes, ou de prétendre qu’ils sont le fruit des agents de l’Etat lui-même. Mais de montrer que ces actes qui sont censés attaquer les structures politiques ne font in fine que les renforcer. D’où un paradoxe. Si les terroristes veulent vraiment s’en prendre à nos sociétés, ils s’y prennent mal et ne devraient pas persister dans cette voie. Et si les Etats se sentaient vraiment menacés, ils pourraient disposer d’outils politiques et policiers suffisamment puissants pour tout enrayer. Quant aux médias… Les médias offrent précisément aux terroristes la caisse de résonance qu’ils recherchent, par-delà le but affiché d’informer ou de dénoncer. La boucle est bouclée.
Ce n’est donc qu’un jeu dans lequel certains se complaisent, et qui maintient le système tel que nous le connaissons.