Que nous cachent nos hommes politiques et autres professionnels de la communication ?
Ces personnages rompus à l’exercice du débat et du discours ont-ils, au cours des années, atteint une maîtrise parfaite de l’exercice, au point de contrôler chacun de leur mouvement, intonation, émotion et signe d’anxiété ?
En janvier 2012, à l’approche des élections présidentielles françaises, une soirée du Club Éloquence de Paris fut consacrée aux débats présidentiels de 1974 à nos jours. Nous avons analysé tous les débats télévisés des entre-deux-tours, notamment à la recherche de signes d’émotions. Ces signes, invisibles pour l’œil non entraîné, révèlent à qui sait les capter le véritable ressenti des candidats.
En particulier, je me suis intéressé à ce que l’on appelle les « micro- expressions » de nos hommes politiques. Ce sont des signes très brefs d’émotions, qui apparaissent en moins d’une seconde lorsqu’une personne cherche à cacher et à supprimer tout signe d’émotion sur son visage mais qu’elle n’y parvient pas totalement.
Intéressons-nous par exemple au débat présidentiel de 2007, opposant alors Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal…
Dans la vidéo ci-dessus, l’un des deux candidats illustre parfaitement le propos ici… Mais sauriez-vous dire lequel ? Quels sont les signes que vous pouvez détecter dans ce court extrait ? Et surtout, quelles sont les émotions révélées ?
Regardez donc à nouveau cette vidéo, autour du passage 00:51 – 00:53.
En l’espace de deux secondes, Nicolas Sarkozy lâche deux belles micro- expressions :
Ce sont des expressions de dégoût/mépris, caractérisées par un soulè- vement unilatéral de la lèvre supérieure.
Elles apparaissent en séquence lorsque N. Sarkozy déclare : « et vous en faites quoi des 35 heures, vous les gardez ? ». Elles sont d’autant plus intéressantes que le candidat Sarkozy parvient à contrôler son corps et surtout une voix calme pour ne pas paraître méprisant, mais que l’espace d’un instant c’est son visage qui « trahit » son véritable ressenti.
Bien que les émotions ne nous révèlent jamais ce qui les a déclenchées, c’est souvent le contexte dans lequel elles apparaissent qui permet de formuler des hypothèses sur leurs origines.
Ici, les microexpressions de Nicolas Sarkozy apparaissent vraisemblablement en réaction à la thèse de son opposante sur le sujet des 35 heures.
En conclusion, nous venons d’illustrer la façon dont le langage non-verbal d’une personne peut révéler ses véritables émotions. Et lorsque les mots prononcés et le langage corporel émettent des signaux contradictoires, il se peut même que nous soyons face à un mensonge (imaginez par exemple une personne déclarant « je t’aime ! » avec une microexpression de dégoût)…
Pour apprendre à détecter les microexpressions ou les mensonges, je vous invite à vous rendre sur le site Détection du mensonge où vous trouverez de nombreuses analyses d’interventions médiatiques !