Pensez à la dernière fois que vous êtes allé au restaurant… Vous avez passé quelques minutes à choisir votre plat sur la carte… Puis le serveur est arrivé pour prendre votre commande : « Vous avez choisi ? », et vous, de suite : « Oui, je vais prendre le saut périlleux de poulet sur son trampoline de morilles avec pirouette de ciboulette »… « Excellent choix », répond alors le serveur, qui file en cuisine. Excellent choix… Méditez bien sur ces mots… En effet, quoi de plus absurde qu’un serveur au restaurant vous gratifie d’un choix « excellent », comme si vous aviez eu la possibilité d’en faire un mauvais ? Pourtant, le fait que l’on vous dise « excellent choix » vous a plu. Cela vous a conforté dans votre choix. Cela vous a mis dans un bon état d’esprit. A tel point que vous allez payer davantage sans même vous en rendre compte… Explications :
Une étude menée par le psychologue américain John Seiter démontre en effet que le consommateur laisse plus de pourboire s’il a été valorisé. Le fait de dire « Excellent choix » est une façon de valoriser quelqu’un, quand bien même tous les choix se valent.
Pour le vin, c’est encore plus interessant, car le consommateur se sent implicitement jugé dans sa capacité à choisir le bon vin, à le gouter, à l’apprécier à sa juste valeur, bref, à passer pour un connaisseur. Si le serveur, en prenant la commande des boissons, glisse habilement « Je vois que Monsieur a du gout », cela flattera le monsieur en question (sous réserve qu’il ne s’agisse pas du pichet du patron…). Les clients veulent avant tout être rassurés sur eux-mêmes, et vis-à-vis de leurs hôtes ainsi que du personnel. il y a un besoin inconscient de reconnaissance même dans les actes les plus anodins. Il suffit au serveur de les flatter pour se les mettre dans la poche, ils laisseront alors un pourboire plus généreux.
Comment expliquer ce grand pouvoir des compliments sur nos petites personnes ? Pour Idriss Aberkane, qui a le sens de la formule, le flatteur s’apparente en quelques sortes à un dealer. Oui, vous avez bien lu, un dealer… « Quand vous êtes flatté, explique Idriss Aberkane, un neurotransmetteur du nom de dopamine se libère. C’est ce même message chimique qui est lié au plaisir, ou même à la consommation de cocaïne ou encore, carrément, à un orgasme ! Vous flattez, vous donnez une première dose gratuite. Vous enchainez une deuxième et une troisième flatterie, et peu à peu vous créez une dépendance. Le cerveau s’habitue, l’enjeu est d’en avoir toujours plus. Si cela s’arrête, cela peut devenir un facteur de dépression… »
Vous aussi, usez de la flatterie dans la vie de tous les jours. Vous en constaterez rapidement les effets pour obtenir tout ce que vous désirez. Il y a des techniques de flatterie vraiment admirables pour manier cet art subtil qui se situe quelque part entre la plus élémentaire des courtoisie et la plus insidieuse des manipulations…