Charisme

Stratégie, Séduction, Excellence, Pouvoir… Robert GREENE, le nouveau MACHIAVEL ?

Robert Greene est un auteur américain célèbre pour ses livres sur le pouvoir, la séduction et la manipulation. Comme Machiavel en son temps, il s’intéresse à l’art du pouvoir en lui-même, toute considération morale mise à part… Tous ses ouvrages sont des succès de librairie, de vrais best-sellers :

Power, les 48 lois du Pouvoir

Amoral, parfois choquant et toujours captivant, cet ouvrage imposant condense 3000 ans d’histoire du pouvoir en 48 lois. Véritable manuel de manipulation tactique et stratégique, Power expose de façon claire et concise les principes des plus grands stratèges de Sun Tzu à Clausewitz, des hommes d’État comme Louis XIV, Bismarck, Talleyrand… Mais aussi des courtisans (Castiglione, Gracián), des séducteurs (Ninon de Lenclos, Casanova) ou encore de certains grands escrocs de l’histoire à l’intelligence éminemment pratique…

Certaines lois reposent sur la prudence (loi n°1 : Ne surpassez jamais le maître), d’autres demandent de la dissimulation (loi n°7 : Laissez le travail aux autres, mais recueillez-en les lauriers), d’autres encore une absence totale de compassion (loi n°15 : Écrasez complètement l’ennemi)…

Toutes ces lois trouveront certainement des applications dans le cadre de votre carrière professionnelle, mais aussi dans la vie de tous les jours… Le monde est une immense cour où se trament toutes sortes d’intrigues. Comme le fait remarquer Robert Greene : « Le sentiment de n’avoir aucun pouvoir sur les gens et les événements est difficilement supportable : l’impuissance rend malheureux. Personne ne réclame moins de pouvoir, tout le monde en veut davantage. »

Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains !

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Stratégie, les 33 lois de la guerre

Dans le même esprit, le livre Stratégie, les 33 lois de la guerre fournit toutes les munitions psychologiques et connaissances pratiques pour vaincre le jeu social subtil et souvent impitoyable de notre quotidien. Abondamment illustré d’exemples tirés des grands combats de l’histoire (Alexandre le Grand, Hannibal, Napoléon Bonaparte, Shaka Zulu…), mais aussi de la politique (Margaret Thatcher), du monde des affaires (John D. Rockefeller), du sport (Mohamed Ali), et même du monde de la culture et du cinéma (Alfred Hitchcock), ce livre est un véritable manuel pour apprendre à gagner les guerres de la vie.

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L’art de la Séduction

Au fond, par-delà l’idéal de l’amour et les rêves romantiques, la séduction est la plus belle arme de tous les temps – la forme la plus aboutie mais aussi la plus subtile, la plus intelligente du pouvoir… Dans L’art de la Séduction, Robert Greene propose ni plus ni moins d’obtenir tout ce que l’on veut en manipulant le talon d’Achille de chacun : l’insatiable besoin de plaisir. En affaires ou en politique, ceux qui réussissent connaissent les rouages de la séduction – un art, en somme, universel, inébranlable.

De Freud à Kierkegaard, d’Ovide à Casanova, Robert Greene tire de la littérature érotique et philosophique la quintessence de l’art de la Séduction, en s’appuyant sur les vies fascinantes des grands personnages de l’Histoire du monde. Il identifie les lois d’un jeu impitoyable et intemporel pour ensorceler et contraindre votre adversaire à capituler : il vous faudra d’abord créer du désir chez votre victime, jouer avec ses sentiments en alternant plaisir et confusion, puis vous faire désirer toujours plus… pour enfin exécuter les dernières notes de votre triomphe…

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Atteindre l’excellence

A bien y réfléchir, l’ultime pouvoir, c’est d’être capable d’atteindre l’excellence. Dans son livre Atteindre l’excellence, Robert Greene étudie la vie des plus grandes figures de l’histoire pour mettre en lumière ce qui permet à chacun d’entre nous de prendre le pouvoir sur sa vie et sa destinée. Par exemple, qu’a fait Charles Darwin, écolier médiocre, pour devenir un illustre naturaliste ? Quels furent les choix similaires entrepris par Mozart ? Ou encore par Cesar Rodriguez, pilote d’élite de l’US Air Force ?

En poursuivant le travail réalisé dans ses ouvrages précédents, Robert Greene exploite ses années de recherche et des interviews exclusives pour découvrir les ingrédients qui ont permis à quelques-uns de devenir des maîtres absolus dans leur domaine. Temple Grandin, Martha Graham, Henry Ford, Buckminster Fuller… Ils ont tous expliqué combien la passion, l’amour d’une chose accomplie exceptionnellement bien, pouvaient mener à sa maîtrise parfaite. Brisant de nombreux mythes, Robert Greene démontre que nous sommes tous capables d’atteindre l’excellence.

A la différence des autres livres ci-dessus, celui-ci est à mettre entre toutes les mains !

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La 50eme Loi

Dans tous ses ouvrages, Robert Greene fait référence aux plus grandes figures de l’histoire en matière de stratégie, de séduction, de conquête du pouvoir et d’accomplissement de soi. Dans son livre La 50eme Loi, il prend un modèle beaucoup plus contemporain et innatendu : le rappeur 50 Cent !

Robert Greene cherche à identifier les clefs de l’intrépidité et de la réussite. A travers des exemples tirés de la vie de 50 Cent, il analyse ce qui a permis à cet ancien dealer de crack de survivre, s’en sortir et devenir une véritable star mondiale. Le message fondamental de ce livre choc est le suivant : ce qui nous empêche bien souvent de réussir, ce sont nos peurs, généralement infondées… La peur est notre pire ennemie ! Et voici comment la dépasser.

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Le charisme en politique : quelques modèles d’orateurs charismatiques

Voici quelques portraits insoupçonnés ou inhabituels d’orateurs charismatiques qui ont eu un vrai rôle à jouer dans la politique de leur temps…

Charles de Gaulle

Le général De Gaulle fût l’un des grands orateurs du XXe siècle. Il maîtrisait la puissance de la voix, jouait de son regard, et sa gestuelle transmettait les émotions qui vibraient en lui. Ce grand chef politique avait fait de la parole son outil privilégié pour le combat des idées. Nombre de ses discours restent de grands modèles d’art oratoire, dans lesquels on peut observer plusieurs fameuses techniques pour avoir du charisme.

Arnold Schwarzenegger

Aussi surprenant que cela puisse paraitre, nous avons décidé de mentionner Arnold Schwarzenegger dans ce classement. Il est en effet un exemple de leader charismatique, au risque de la caricature : dirigeant politique à la parole vive et percutante, il est d’abord un sportif accompli au physique impressionnant. Lire l’article : Muscles et politique : les attributs archaïques du charisme

Accumulant les titres de champion de body-building depuis l’âge de 21 ans, Arnold Schwarzenegger est élu gouverneur de l’Etat de Californie en novembre 2003. Sa campagne électorale est l’exemple d’une stratégie de communication politique maîtrisée, notamment a travers l’utilisation de formules choc et de symboles marquants. Lire l’article : De l’usage du balai en politique

Démosthène

Demosthene est un homme d’Etat de l’Athenes de la Grèce antique. Opposant de Philippe II de Macédoine, il est un éminent représentant de ceux que l’on appelle les orateurs « attiques ». On retient de lui de nombreuses techniques pour mieux parler.

Socrate

Socrate, philosophe ayant vécu au Ve siècle avant J.C., est à l’origine de la philosophie en occident. Virtuose de la parole, il n’a laissé aucun écrit. Sa pensée a pourtant marqué les esprits à travers les siècles.

Cicéron

Homme d’Etat romain, un siècle avant J.C. Cicéron était un modèle d’éloquence. Il a rédigé de nombreux ouvrages sur la rhétorique, l’art de persuader et les techniques pour convaincre.

Nous aborderons d’autres modèles d’orateurs dans un prochain article ! Selon vous, quels personnalités méritent d’être dans le TOP 10 des plus grands orateurs ? Dites-le sur twitter, en taguant @CoachEloquence !

Credit photo C.C. : Elizabeth Cromwell

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Leadership : pourquoi le « decorum » est indispensable à l’ethos

Imaginez. La personne actuellement au pupitre a tout juste terminé de vous présenter, vous vous levez et vous apprêtez à monter sur l’estrade. Votre public vous écoute-t-il avant même que vous n’ayez prononcé les premiers mots ? Qu’attendent-ils de vous ? Sont-ils prêts à être convaincus par ce que vous avez à dire ?

Si ce n’est pas le cas, c’est très probablement parce qu’il vous manque l’ethos

Qu’est-ce que l’ethos ?

L’ethos a été défini par Aristote dans un ouvrage sobrement intitulé La Rhétorique, comme le fait d’être digne de confiance. Il y décrit un mécanisme inconscient selon lequel nous croyons plus facilement les personnes qui ont une bonne personnalité. Il ajouta que l’on est plus facilement persuadé par une personne qui nous est similaire, par ses caractéristiques intrinsèques – âge, origine, ou même taille… – et par ses qualité propres qu’elle adapte – langage, habillement, etc.

Cela signifie qu’avant que vous puissiez le convaincre, votre auditoire doit vous accepter comme une personne crédible. Il n’est pas suffisant que vous vous sachiez crédible, car votre seul soucis lorsque vous communiquez est la personne qui vous écoute. Et elle doit le savoir, qu’elle est le centre de l’attention et que vous êtes crédible. Dans ce premier article, présentation d’une notion indispensable et préalable aux techniques de l’ethos, le decorum.

Qu’est-ce que le decorum ?

Le decorum, c’est faire en sorte que votre public vous trouve agréable et conforme à ses attentes. En un mot, c’est l’art d’être dans le moule, non dans le sens d’être poli et amical mais dans le sens d’être normal. Normal au sens de s’habiller comme vos amis au lycée, normal au sens de porter les mêmes chaussures que vos collègues VRP, normal au sens de ne pas venir en costume 3 pièces à une rave party.

Vous ne pourrez persuader un homme qu’en adoptant son langage, sa gestuelle, sa tonalité, son image, son attitude, ses idées. Plus simplement, du moment que vos manières feront échos aux siennes. Soyez comme lui, juste un peu mieux, car le decorum suit les règles de l’auditoire. Persuasion et absence de decorum sont mutuellement exclusifs, vous ne pouvez avoir les deux en même temps

Certains d’entres vous pensent certainement qu’il faut toujours être bien habillé. Et bien laissez moi vous interdire ce plaisir, à vouloir être trop propre on en devient propret. Et être propret, cela fait souvent peur, si l’auditoire ne l’est pas lui-même… Réfléchissez-y. Certains diront que la peur peut être un moyen de persuasion efficace, ce qui est vrai dans certains cas. Des cas qui ne sont certainement pas ceux que vous vivez et la peur n’est certainement pas celle-ci non plus. Aussi, retenez ceci : être parfait, c’est être comme votre public, en mieux.

Il existe bien-sûr une exception, une sorte de troisième règle indispensable. Une exception qui joue le rôle de pont entre le devoir d’être comme votre public et le devoir d’être comme il s’attend à vous voir. Imaginez que vous êtes un avocat respecté, qui doit faire une intervention en lycée afin de présenter son métier. Comment allez-vous vous habiller, en avocat ou en lycéen ? A l’inverse, vous êtes avocat mais vous allez prendre la parole lors d’une assemblée de copropriété, vous habillerez-vous en avocat ou comme le copropriétaire moyen qui y assistera ?

L’exemple de Truman

Harry S. Truman, 33e président des Etats-Unis, était loin d’être un orateur né. Mais il avait une qualité essentielle qui était à mettre au compte du decorum. Dès qu’il en avait l’occasion, il utilisait un langage clair et simple, sans fioriture, jargon ou mot savant. Nous savons aujourd’hui qu’au moment de relire les notes des rédacteurs de ses discours, il leur demandait toujours non pas de les polir mais de les dépolir, de les rendre plus naturels. Il cherchait là à se mettre au niveau de son public, la population américaine, qui comme toute population politiquement consciente aimait un tel langage. C’est toujours vrai aujourd’hui.

Pour rester dans le registre politique, la présentation du discours d’un homme politique comme un show fait aussi partie du decorum. Les petits drapeaux agités par la foule, la présentation de l’homme politique vedette, la descente dans l’amphithéâtre sur un fond musical bien choisi, tout cela participe du decorum. L’environnement joue le rôle d’introduction avant l’introduction de votre discours. Aujourd’hui archétype de la politique américaine et de plus en plus en France, c’étaient en d’autres temps Goebbels et Heydrich qui l’avaient conceptualisé avec beaucoup d’enthousiasme. Le decorum est d’ailleurs au sens large un des instruments favoris des régimes dictatoriaux. Mais laissons-les là, il nous importent peu dans cet article.

Comment avoir le decorum ?

Ne laissez pas vos vêtements, vos mots, votre attitude, transmettre un message que le public n’accepterait pas. Retenez que le decorum qui fonctionne pour une personne peut ne pas fonctionner sur une autre, même devant un public équivalent. L’ethos qui ne vous conviendrait pas vous rendra inauthentique, ce qui est aussi mauvais que son absence.

Avant votre prise de parole, demandez vous « à quoi est-ce que le public s’attend ? » Le public doit se sentir à l’aise avec vous. Ainsi, en préparant votre intervention, discutez avec un membre de l’auditoire quelques jours auparavant et demandez-lui simplement : « quelles sont les 5 choses les plus stupides qu’une personne comme moi pourrait faire ? », et essayez de réussir ce que tout le monde pense être un futur « epic fail » en direct…

Au travail, habillez vous un rang au-dessus de votre niveau hiérarchique. Si votre supérieur ne se décontracte pas le vendredi, ne le faites pas non plus. Habillez vous comme on attend de vous que vous vous habilliez. En cas de doute, utilisez du camouflage en vous habillant comme votre auditeur moyen. Cherchez la personne de votre sexe la mieux habillée mais n’achetez pas les vêtements, achetez les couleurs. Puis adaptez, afin que cela vous aille le mieux.

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Le silence est l’arme des puissants…

Avant d’expliquer ce grand secret dont personne ne parle, puisqu’il s’agit précisément du silence, j’aimerais démonter le culte du leader charismatique :

C’est en effet a une certaine image de « leader » que se réfère la plupart des personnes qui se lancent dans le développement personnel. Parce qu’elles ont des problèmes de manque de confiance ou considèrent qu’elles n’ont pas la vie qu’elles mériteraient, qu’elles caractérisent cela comme une faiblesse et qu’elles pensent qu’il leur faudrait être plus fortes, plus dominantes, voire plus agressives pour renverser la situation…

Que ces raisons soient pertinentes ou pas, un développement personnel efficace ne saurait être un moyen de compenser un sentiment d’infériorité sociale ou affective, ou encore d’être au service d’une ambition démesurée. Surtout, la véritable force, la force intérieure, la force morale, n’a que peu a voir avec la démonstration de force. Ceux qui jouent les gros bras sont souvent les plus angoissés et les plus complexés.

Notre monde valorise l’éloquence. Mais notre société moderne a tendance à valoriser la grandiloquence, ou a confondre les deux. L’éloquence, qui est l’art de bien parler en public, et se révèle aussi un formidable moyen d’avoir toujours raison. Mais la grandiloquence n’est qu’une caricature d’éloquence, une façon de se prendre pour un grand orateur et verser dans le pédantisme et la condescendance.

Or, passer du « mouton » (qui se tait toujours) à la « grande gueule » (qui ose s’exprimer sur tous les sujets même sans rien y connaître, et qui souvent maîtrise la manipulation verbale…), cela ne constituera jamais la marque d’une quelconque évolution positive. C’est un signe de faiblesse qui a juste changé de camp, à la manière de la victime qui devient bourreau. Pas réjouissant.

Le silence est la meilleure réponse

Les personnes qui sont vraiment puissantes sont aussi très souvent les plus silencieuses. Conscientes de leur force, elles utilisent le langage de façon mesurée et toujours avec une extrême bienveillance. Quitte à se taire si elles jugent que la situation pourrait s’envenimer.

Il est pourtant tout à fait légitime de chercher à mieux s’exprimer dans un monde où l’image sociale dépend beaucoup de la parole. En revanche, il est préférable d’apprendre à parler vrai que parler plus. Ce qui est confirmé par la plupart des grandes maximes dont les meilleures sont les plus courtes !

Le corollaire d’un silence maîtrisé : être attentif

Le grand secret des maîtres de l’excellence n’est donc pas le verbiage facile, mais au contraire l’écoute… Si vous écoutez vos interlocuteurs, vous vous mettez en état d’apprentissage. Votre mémoire s’agrandit et vos idées évoluent.

Être à l’écoute de ce qui se passe autour de nous, c’est ce qui nous rend disponibles et plus réactifs que si nous sommes seulement centrés sur l’image que nous voulons donner aux autres. L’écoute est une porte vers la connaissance universelle. Elle se décline en de nombreux niveaux, qui vont du plus terre-à-terre au plus subtil.

En résumé, un bon développement personnel consiste en l’accroissement graduel du silence intérieur. C’est en faisant de la place en nous-mêmes que la vraie croissance s’installe. Lire l’article : L’art du vide, ou apprendre à supprimer tout ce qu’il y a d’encombrant dans notre vie…

Il y a de nombreux et merveilleux livres bourrés de techniques sur l’art de mieux communiquer ou comment gagner en leadership : exercez-vous dès maintenant, dans la vie de tous les jours et dans les occasions professionnelles, à maîtriser cette arme qu’est le silence, couplé à une écoute attentive et bienveillante. Ainsi vous progresserez vraiment, et les gens vous reconnaîtront un grand pouvoir sans être capable de l’identifier…

Les livres sur la communication, le leadership, le charisme et plus généralement sur le développement personnel regorgent de techniques pour exceller dans la plupart des domaines de la vie. Ces méthodes ont bien sûr fait leurs preuves, mais on oublie souvent de dire que leur efficacité et leur valeur dépendent en grande partie d’un paramètre peu répandu, et que les gourous du développement personnel utilisent parfois sans vraiment en avoir conscience : le silence. Ce qui explique qu’ils ne l’enseignent pas, ou trop rarement… J’ai voulu vous révéler ici cette technique qui est presque un véritable secret, et vous expliquer comment l’utiliser. Faites-en bon usage !

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L’ethos, ou quand vos valeurs font votre vertu…

Une fois que le decorum a donné à l’auditoire l’envie de vous écouter, une manière de faire en sorte qu’il vous croit est de montrer certaines qualités qui vous feront paraître honnête et crédible. Dans un autre article de ce blog consacré à l’éloquence et à la rhétorique, nous avons montré comment partager les valeurs de l’auditoire par la forme. Voici maintenant comment montrer que vous partagez ces valeurs par le fond.

Pour rappel, les trois traits de l’ethos, aussi appelé « l’argument par personnalité », sont :

  • Les valeurs : l’auditoire croit que vous partagez leurs valeurs ;
  • La sagesse pratique : vous donnez l’impression de savoir quoi faire quoi qu’il advienne ;
  • L’abnégation : l’intérêt de votre auditoire semble être votre seul souci.

A quoi reconnaît-on une personne qui a le pouvoir de celle qui ne l’a pas ? Le suiveur partage les valeurs de son patron. Le patron, lui, il montre qu’il partage les valeurs du public.

Quelles valeurs avoir ?

Les valeurs représentent la vertu rhétorique, aussi il est nécessaire de partager -ou de faire croire que vous partagez- les bonnes valeurs, c’est-à-dire les valeurs votre auditoire.

Les valeurs changent de public à public. De façon simple, nous dirons que les valeurs au congrès du front de gauche ne sont pas celle d’un congrès des jeunes pop. N’oubliez pas que ce qui paraît normal pour vous peut faire souffrir les valeurs d’autrui. C’est pourquoi être à l’écoute de votre audience est un incontournable de la prise de parole en public, ce dont je parlerai dans un prochain article.

Ainsi, à un groupe d’adolescent vous pourriez utiliser des arguments de justice et de liberté. A un groupe de travail, plutôt la croissance et le résultat financier. Si vous ne savez pas encore écouter un auditoire, apprenez à poser une simple question : « qu’est-ce c’est qu’une personne qui a des valeurs pour vous ? »

Arrête que tous les membres de cette assemblée prêteront, à l’instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable. Serment du Jeu de Paume, 20 juin 1789.

Comment montrer que vous partagez ces valeurs ?

Parlez des valeurs de l’auditoire comme si en faisiez partie mais en gardant un regard extérieur:
« Une armée est une équipe. Elle vit, dort, mange et combat comme une équipe. Ces histoires d’héroïsme individuel ne sont que de la merde de cheval. Les petits bâtards qui écrivent ce genre de foutaises pour le Saturday Evening Post n’en savent pas beaucoup plus sur combattre sous le feu que sur tirer un coup! Nous avons la meilleure nourriture, le meilleur matériel, le meilleur moral et les meilleurs hommes du monde. C’est pourquoi, par Dieu, en fait j’ai pitié des pauvres fils de pute que l’on va affronter. Par Dieu, j’en ai pitié. » Lieutenant-général George S. Patton, juin 1944.

Vantez-vous : la façon la plus simple de montrer à quel point vous êtes le meilleur car vous dites que vous avez ces valeurs. Mais ça ne marche pas toujours, l’air prétentieux n’étant pas persuasif pour tous les publics.
« Bonjour à tous, j’ai écrit 3 livres sur la tonte des oeufs, donc je suis compétent pour vous en parler aujourd’hui. Vous êtes élitistes ? Moi aussi. »

Trouvez un témoin qui vantera vos services : si d’autres personnes vous ont déjà fait confiance, il est plus aisé de vous faire confiance à nouveau.
« Bonjour à tous, je m’appelle X et vous avez rendez-vous avec moi aujourd’hui. Je vais vous enseigner la pratique de la décoction des petits pois au Japon. Auparavant, j’ai donné un cours équivalent à Harvard, Yale et Princeton et si je viens ici, c’est bien car je suis certain que vous avez autant de valeur que les étudiants de ces écoles élitistes »

Révélez une faille tactique : révéler une faiblesse qui vous attire la sympathie ou qui montre que vous avez fait un sacrifice pour le bien de votre audience. Vous pouvez aussi attribuer une erreur à un objectif plus noble afin qu’on vous en tienne moins rigueur.
“Pardonnez-moi, messieurs, mes yeux ont pâli au service de mon pays.”
“Désolé,c’est ma faute, je l’ai écrit hier soir et ne voulais pas réveiller les autres pour qu’ils me confirment les chiffres”.

Retournez votre veste quand vous n’avez plus le pouvoir : quand un argument contraire va nécessairement vous faire du mal, supportez avec enthousiasme l’autre côté, dites à votre audience que vous avez reçu de nouvelles informations ou une logique imparable qui a rendu le changement inévitable à quiconque doué de raison. Si une décision contre vous est inévitable, pourquoi ne pas la faire apparaître comme un sacrifice personnel de votre part ?

Maintenant que vous montrez à votre audience que vous êtes comme eux sur les valeurs au pluriel, vous allez leur montrer que vous êtes une personne de valeur au singulier. Dans le prochain article, la sagesse pratique et l’abnégation.

Credit photo: C.C. UN Women

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La pire chose qui puisse vous arriver lors d’une intervention en public…

Tout d’abord, prenez 1 minute pour visionner la séquence youtube ci-dessous :

…Que se passe-t-il ?

Michael Bay (le réalisateur de Transformers) devait intervenir au CES 2014 pour faire la promotion du nouveau téléviseur Samsung. Le CES (Consomer Electronics Show) est un important salon consacré à l’innovation technologique. Autant dire que l’événement est de taille, et l’enjeu élevé : pas question de se louper !

Et pourtant… un bête accident de prompteur a totalement perturbé Michael Bay… A tel point que celui-ci a décidé d’abandonner et a quitté précipitamment la scène…

Le problème ? Tout ne s’est pas passé « comme prévu »…

Mais… rien ne se passe jamais comme prévu !

L’art de se préparer à l’oral, ce n’est surtout pas rédiger son discours à la virgule près, répéter son timing à la seconde près. En réalité, une bonne préparation à l’oral vise à développer sa créativité, sa répartie, son esprit d’à-propos et sa capacité à improviser.

Un bon orateur est un orateur capable de faire face à tout type de situation, face à tout type de public.

Un bon orateur est un orateur qui n’abandonne pas, quelque soit la difficulté, les surprises, l’imprévu.

Un bon orateur va toujours au bout de son discours, quelque soit le chemin emprunté.

Un bon orateur ne se laisse pas déstabiliser aussi facilement, et n’est pas perturbé par une simple panne d’électricité, de micro ou de prompteur !

Un bon orateur affronte ses peurs, va au-delà de ses craintes, et fini par prendre du plaisir à prendre la parole dans des situations toujours plus incongrues, par s’amuser des situations les plus inattendues ! Il joue avec l’imprévu, avec le public, avec ses propres erreurs, et se donne toujours à fond. Un bon orateur ne renonce jamais.

Voilà donc ce que je ne vous souhaite surtout pas : d’abandonner en pleine intervention, parce que vous vous sentez soudainement « incapable » de faire face.

Tous mes conseils et tous mes coachings ont pour but fondamental de vous donner la méthode et l’énergie pour aller jusqu’au bout face à votre public, quelles que soient les personnes présentes et quoi qu’il arrive.

Ma méthode consiste moins à faire de vous un « orateur parfait » (ce qui n’existe pas) qu’à vous permettre d’assumer ce qu’il y a d’imparfait dans votre style oratoire. Tout est dans la confiance et la maîtrise de soi, l’attitude et l’état d’esprit plus que dans les mots choisis.

Les erreurs sont normales, inéluctables, et sont même appréciables en ce qu’elles révèlent l’humanité de celui qui s’exprime. Un style trop léché, trop précis, trop mesuré, ne trompe personne et fini même par agacer. La différence entre un bon orateur et un orateur débutant tient essentiellement au rapport à leurs propres erreurs et leur capacité à les surmonter comme si de rien n’était

N’abandonnez jamais ! Ne tournez pas le dos à votre public ! Ne préparez pas (trop) vos interventions, ne vous accrochez pas (trop) à un plan tout tracé, préparez-vous surtout à l’imprévu, à l’imprévisible, laissez une place à la surprise et lâchez-vous !!! Ce que je vous souhaite par-dessus tout, c’est de finir par y prendre un vrai plaisir.

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