Préparer un discours

Prise de parole à fort enjeu : le cas de la conférence de presse

La conférence de presse est un cas exemplaire d’une prise de parole à fort enjeu. C’est souvent dans ce cadre délimité que se noue ou se défait une réputation. Chaque mot doit être mesuré, car chaque mot pourra être amplifié par le caisson de résonance médiatique. Les journalistes présents peuvent réinterpréter à leur sauce les différents propos, les dé-contextualiser, les assortir d’une photo ou d’une illustration pour créer un effet de contraste amplificateur dans le sens qu’il souhaite.

La conférence de presse, bien qu’elle soit organisée par celui ou ceux qui s’y expriment, est pour eux un terrain miné. Il faut s’y aventurer en mesurant le plus précisément les risques que l’on prend, et en cherchant à les mesurer. D’autant plus dans le contexte d’une communication de crise.

Toutefois, il ne faut pas non plus surestimer les dangers d’une exposition médiatique. A priori, a priori je répète, les journalistes ne sont pas des ennemis. Ils cherchent des informations, c’est la matière brute qu’ils travailleront ensuite pour en faire du contenu éditorial. Leur présence est donc liée à une quête, non à une volonté d’en découdre. Mais la peur ou la méfiance envers ce corps de métier si particulier pousse parfois certains entrepreneurs ou représentants politiques à s’exprimer soit de manière trop agressive, soit trop rester sur la défensive. C’est leur attitude qui finit par générer une ambiance propice au conflit, qui peut finir par éclater et donc, forcément, se rencontrer contre eux…

Prenons l’exemple de Monsieur Romain (personnage fictif), Directeur général d’une société en plein développement. Mardi matin, 10h30, conférence de presse : il doit annoncer le lancement d’un nouveau produit. Il a écrit, réécrit et répété son speech pendant deux semaines : il le connait par cœur. Pourtant, une inconnue demeure : que va-t-on lui poser comme questions ? Quels pièges va-t-on lui tendre ? Qu’est-ce que les journalistes vont essayer de lui faire dire ?

Car Monsieur Romain en est certain : il y a des journalistes qui ne l’aiment pas, et même qui lui en veulent… Les journalistes, se dit-il, n’aiment pas les patrons. Il a besoin d’eux pour communiquer, mais il est sûr que ce sera à travers une image déformée…

Et l’idée de ces questions-pièges, posées exprès pour le faire tomber, l’inquiète de plus en plus. Tant et si bien qu’il arrive stressé à bloc mardi matin et… la suite on la devine bien… Son discours qu’il avait si bien répété tombe à plat, et plus il a l’impression d’être mauvais, plus il se sent jugé. Sur la défensive, il répond de façon maladroite, évasive et parfois agressive à chaque question…

Le lendemain, les échos dans la presse et sur internet sont désastreux : ce qui ne fait que confirmer les doutes qu’il avait… Et la boucle est bouclée. Ou plutôt : le cercle vicieux est bouclé. Car Monsieur Martin est en réalité victime d’un cercle vicieux : en s’attendant à des questions-pièges, et en réagissant soit de façon trop agressive, soit trop sur la défensive, il s’est lui-même tendu un piège en provocant les réactions négatives à son égard.

Le premier principe d’une conférence de presse réussie est donc le suivant : si c’est à votre initiative que vous convoquez les journalistes, ne les soupçonnez pas par avance de venir à votre rencontre pour vous piéger. Vous devez envisager la relation avec eux comme un échange gagnant-gagnant. Pour cela, vous devez bien comprendre ce que chacun à y gagner. Voyons cela plus précisément :

Ce que vous avez à y gagner, cela peut sembler évident : davantage de visibilité. Vous convoquez les journalistes en espérant qu’ils relayeront ce que vous avez à dire dans leurs journaux et autres médias. Eux, qu’ont-ils à y gagner ? En réalité, plusieurs choses. La première, la plus évidente, est ce que nous avons dit plus haut : ils cherchent la matière brute du contenu informatif qu’ils doivent produire, c’est leur métier. Ils recherchent des informations, des annonces, des scoops, des révélations… Cela nous amène au deuxième principe d’une conférence de presse réussie : vous devez réellement avoir quelque chose d’important à déclarer aux journalistes que vous avez convoqués !

Il arrive trop souvent que les organisateurs d’une conférence de presse n’ont en réalité rien de vraiment important à annoncer. Ils imaginent que les journalistes parleront d’eux, de leur société ou de leur parti, de leurs produits, de leurs annonces ou de leurs projets… Pourquoi pas, mais uniquement si cela constitue en soi une info suffisamment stimulante pour leur lectorat ! Il faut donc nécessairement penser « spectacle », histoire à raconter, à storyteller, qu’ils jugeront pertinente de relayer. Sinon, inutile de les convoquer.

L’autre raison qui peut pousser les journalistes à se rendre à votre conférence de presse est la suivante : elle se déroule pendant une heure creuse où ils n’ont rien à faire (c’est rare, mais ça arrive), et, surtout, vous avez annoncé dans l’invitation qu’il y aurait un apéritif offert. Voilà le meilleur moyen de rameuter tous les pique-assiettes. Il y en a aussi parmi les journalistes, si si… Ce genre d’invitation peut détourner le but initial d’une conférence de presse. Qu’il y ait une collation semble un minimum, de l’eau ou un café selon l’heure de la journée. Mais inutile de sortir le grand jeu et de chercher à séduire les journalistes en les régalant, en les gavant ou en les faisant boire. Ce n’est surtout pas sur cette axe que vous devez miser la réussite de votre événement !

Récapitulons donc les 3 points fondamentaux préalables à toute initiative d’organiser une conférence de presse :

  1. Tout d’abord, vous devez avoir une information suffisamment importante ou intéressante à communiquer, et vous devez réfléchir à l’avance à la meilleure façon de la présenter pour fournir aux journalistes des éléments « prêts à l’emploi » en vue de la rédaction d’articles et de capsules radio. Pour cela, il est pertinent d’utiliser des techniques de storytelling.
  2. Deuxièmement, si cette info est pertinente, elle suffit à justifier votre conférence de presse, elle est sa raison d’être ! Peu importe, donc, les fioritures qui pourraient agrémenter la qualité d’accueil des journalistes invités : non pas qu’il faille négliger un minimum de confort et d’hospitalité, mais ces éléments doivent être envisagés comme totalement secondaires. Ils ne doivent pas être mis en avant comme motif d’invitation (ainsi, seuls les journalistes a priori vraiment intéressés se déplaceront, et non les pique-assiettes).
  3. Enfin, et c’est le plus important : si sous avez du contenu informationnel pertinent à communiquer, les journalistes ne pourront que vous en être reconnaissants, quelles que soient vos désaccords sur d’autres plans (opinions politiques, conceptions économiques, etc.). Ne les regardez donc pas comme des ennemis, comme des individus œuvrant sournoisement pour votre perte. Ils veulent d’abord travailler à leur succès, et ce succès dépend donc dès lors aussi de votre « médiatibilité », pour ainsi dire, sinon ils ne seraient pas là. La boucle est bouclée.

Le respect de ces 3 piliers vous permettra de mettre toutes les chances de votre côté dès les préparatifs de vos prochaines conférences de presse et autres prises de parole en public à fort enjeu.

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20 conseils pour une prise de parole réussie (et avoir 20 sur 20 en art oratoire !)

Que pensez-vous de l’art oratoire en tant que matière notée pour le bac ? Imaginez-vous recevoir une note sur 20 pour l’une de vos prestations a l’oral ? Même si vous avez quitté depuis bien longtemps les bancs de l’école, vous gagneriez a retrouver la pression des épreuves notées du collège et du lycée : c’est souvent ce stress qui nous pousse a nous dépasser et a donner le meilleur de nous-mêmes. Vous pensez peut-être que vous ne serez plus noté et que vous n’aurez plus a subir le jugement, parfois humiliant et blessant, de vos professeurs…

Mais en réalité, vous serez jugés silencieusement par vos auditeurs, par vos spectateurs, par vos interlocuteurs ! Ce sont eux qui vous noterons mentalement, en secret, sans jamais vous dévoiler la véritable note qu’ils vous collent sur le front – ce qui rend d’autant plus difficile d’évaluer ses progrès en se basant sur des critères chiffres, quantifiables… Partez du principe que votre public ne vous est jamais acquis d’avance, qu’il peut toujours se retourner contre vous, et que pour gagner sa confiance, il n’y a pas d’autres moyens que de se donner a 200% dans chacune de vos prestations, s’investir totalement, et se préparer suffisamment.

Voici 20 conseils pour avoir « 20 sur 20 » lors de vos prises de parole ! Respectez chacun des critères suivants pour améliorer votre prestance et enchanter vos auditeurs ! Tout d’abord, voici une premières série de recommandations pour une prise de parole réussie :

1 – Soyez humble. Le monde n’est pas contre vous. Il était là avant. Il sera là après… Il n’y a rien de pire pour un orateur que de se croire au-dessus (ou en-dessous) de son public. Soyez présent, pleinement présent, et composez dans l’action, tout simplement.

2 – Changez pour changer les autres. N’attendez pas que le changement vienne des « autres », n’attendez pas que les autres changent selon votre vision de ce que le monde « devrait etre ». Agissez sur vous-même, sur les éléments sur lesquels vous pouvez exercer un contrôle direct, et travaillez a élargir ce cercle d’influence progressivement. Plutot que de dire aux autres ce qu’ils devraient faire, efforcez-vous le faire a votre niveau.

3 – Espérez pour demain mais agissez aujourd’hui. Vous rêvez de changer ? Vous avez pris de bonnes résolutions au début de l’année ? Peu importe vos désirs, au final seuls comptes les actions réalisées. Que pouvez-vous faire aujourd’hui dans la perspective de votre idéal futur ?

4 – Écoutez vos amis et entendez vos ennemis. Nos moyens de communication, qui devaient nous permettre d’entrer en relation avec le monde entier, nous amènent a nous replier sur nos petits univers, a nous enfermes dans nos petits cercles. Nous nous entourons des personnes qui pensent « comme nous » et nous bloquons ceux dont la pensée nous dérange… Les personnes ayant réellement l’esprit ouvert savent faire la part des choses, et peuvent en tirer d’incroyables profits.

5 – Savourez le moment présent. Pas besoin d’en dire plus. Parfois il faut savoir s’arreter de parler, ne pas chercher a combler chaque blanc, ne pas vouloir tout justifier. Captez la force de ces instants de silence, comme suspendus au-dessus de tous les possibles.

6 – Apprenez les règles du jeu. Ne soyez pas dupe : personne n’a jamais atteint ses objectifs en « étant soi-même »… Tout simplement pour la bonne raison que nous ne sommes jamais nous-mêmes ! Nous sommes toujours le fruits de certaines influences, de certains déterminisme… Affirmez-vous sans remettre en cause les autres : tout le monde doit pouvoir s’affirmer sans se marcher les uns sur les autres. Pour cela, il faut simplement avoir conscience des règles qui préexistent, et apprendre a jouer avec.

7 – Apprenez de vos échecs. Ce sont ces leçons qui vous pourront vous mener a la réussite. Quelqu’un qui ne rate jamais rien sera dévasté la première fois ou ça lui arrivera. Si vous avez déjà survenu a plusieurs échecs, vous survivrez a la longue route du succès.

8 – Les mots transforment la vie. Choisissez vos mots. Apprenez de nouveaux mots. Ne lachez pas n’importe quel mot au hasard, surtout si vous savez que c’est un mot qui fait mal… Choisissez vos mots pour éviter les maux.

9 – Créez de la valeur. Mettez-vous en tete de dire et d’offrir des choses qui enrichirons ceux qui écouteront. Ou alors ils se lasseront…

10 – Gardez la forme physique et morale. Faites ce qu’il faut pour cela. Surveillez votre alimentation, pratiquez une activite physique, trouvez toutes les occasion de sortir et vous depensez, rencontrez les gens en chair et en os.

11 – Respirez en conscience. Faire du sport et travailler spécifiquement la respiration en art oratoire vous y aidera !

Ces conseils vous aideront notamment pour vous relâcher et réussir vos prises de paroles ! Toutefois, cela ne suffit pas pour un 20 sur 20… Maintenant que vous etes en phase avec votre public et avec l’univers entier, vous allez pouvoir vous concentrer sur les aspects specifiques de l’art oratoire. Attirez notamment l’attention de votre audience en améliorant votre prononciation ! Parler vite… Ne pas toujours être compris… Obliger l’autre à tendre l’oreille… à faire répéter… Que de temps perdu ! Que d’occasions ratées ! Voici donc une autre série de 7 conseils pour une bonne diction :

12 – Ne forcez jamais la voix, donc articulez bien. Il est préférable d’exagérer son articulation que d’avoir une diction totalement relâchée !

13 – Ayez du plaisir à vous entendre vous-même pour le faire partager ! Et rappelez-vous, le plaisir n’a rien a voir avec la duree… Un petit quicky « KISS » est souvent préférable a un discours trop long et finalement très chiant.

14 – Mettez en confort votre auditeur. Sur le plan de la voix, cela veut dire : ne pas l’obliger à tendre l’oreille ! Rappelez-vous toujours ce qu’il y a de plus important dans un discours.

15 – Exprimez-vous en rapport avec le niveau de compréhension de votre public. Ce qu’il y a de plus important, souvenez-vous !

16 – Soyez l’acteur de votre discours. Si besoin, mobilisez toutes les techniques permettant d’augmenter son charisme et sa prestance.

17 – Aimez la langue française. Mettez-la en valeur. Enrichissez votre vocabulaire tout au long de l’annee, tout au long de votre vie…

18 – Ayez le sourire du cœur dans chaque mot ! Plaisir, plaisir, plaisir et joie de vivre, voila les maitres mots !

Evidemment, vous ne prendrez ni ne trouverez le moindre plaisir si vous êtes paralysé par le trac… Si vous flippez comme une poule mouillée… Si vous vous pissez dessus a la seule idée de vous faites scruter par des inconnus qui vous jugeront implacablement, et lâchement, en silence… Alors, comment surmonter le trac ? Voici les 3 conseils à connaitre avant de réellement se pencher sur la question :

19 – Le trac profite de notre émotivité. Le trac profite du trouble ou de l’impréparation de la personne. Donc : preparez-vous soigneusement, longtemps a l’avance, et si besoin faites appel a un media trainer ou un coach en éloquence.

20 – Le trac profite de nos flottements. C’est un poisson en eaux troubles. L’eau ici étant représentée par les émotions. Apprenez a vivre avec vos emotions, acceptez les sensations nouvelles du trac, relisez cet article sur Comment soigner le trac !

21 – Le trac est fonction de la pression extérieure. C’est le troisième facteur « aggravant » en plus des deux autres. Pour mieux gérer cet aspect, prenez conscience des différentes causes du trac et posez-vous les bonnes questions sur la situation. Autrement dit, quel est l’enjeu auquel vous êtes soumis ? Quel défi ? Quel risque… réel ou imaginaire… ? ne prenez pas ces questions a la légère !

En suivant tous ces conseils, vous vous donnez toutes les chances de décrocher un 20 sur 20 en art oratoire auprès de tous vos interlocuteurs et toutes les personnes que vous rencontrerez ! Qu’il s’agisse de relations commerciales, professionnelles, amicales, ou même de séduction, vous marquerez des points, soyez-en sur.

Si vous voulez réellement avoir une « note », sachez que l’agence Coach Eloquence a développé un protocole très particulier permettant d’évaluer votre communication : tout commence par un « bilan a l’oral » au cours duquel l’impact a l’oral de quelqu’un qui s’exprime est évalué, sur la base d’une grille d’analyse de plusieurs dizaines de critères. Ce travail d’analyse est effectué passage après passage, médiatique ou en training privé, ce qui permet a l’orateur de quantifier et suivre ses progrès. La méthode de Coach Eloquence est impressionnante, efficace et puissante. Elle a été présentée publiquement lors de congrès et conférences et fait ses preuves depuis des années auprès des décideurs et dirigeants de stature internationale.

Credit photo : C.C. giftedstudieswku

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Art oratoire : vous devez considérer votre discours comme une fleur…

Votre discours est comme une fleur… Plantez la graine : grâce à une introduction pertinente, vous installez dans le cerveau de votre auditoire une idée, que vous chercherez à ancrer tout au long de vos développements. Arrosez la plante : faites grandir votre idée, votre intervention. Développez, par raison ou par émotion, qu’importe. Faites-leur boire vos mots. Faites éclore la fleur : votre idée est désormais bien enracinée dans la tête de votre public. Ils n’attendent plus que le feu d’artifice, l’éclosion de la fleur en mille pétales colorés.

Cette beauté finale n’est-elle pas la seule image qui restera dans l’esprit de votre auditoire, une fois qu’il aura quitté la salle ? N’oubliez pas que vous ne parlez pas pour raconter une histoire, vous parlez pour exprimer votre vision. Voici comment faire éclore cette fleur, avec ces 3 techniques :

Technique de conclusion 1 : Revenez à la graine en rappelant votre introduction, votre message

Voici la conclusion la plus simple. Il vous suffit de vous référer à ce que vous avez utilisé dans votre introduction. Reprendre le trait d’humour que vous y aviez utilisé. Revenir à l’histoire que vous y aviez racontée. Vérifier si les points envisagés au début ont bien été abordés. C’est la conclusion typique du plan de discours basique en 3 parties : dites ce dont vous allez parler, parlez-en, dites de quoi vous leur avez parlé. « Nous voilà revenus où nous avions commencé… »

Technique de conclusion 2 : Déployez pleinement les pétales, finissez votre introduction

Pendant votre introduction, commencez à raconter le début d’une histoire. Vous éveillerez l’intérêt et la curiosité. Ne la complétez pas, laissez le public désespérer de connaître la fin… Comme l’explique Bernard Werber dans l’une de ses conférences TEDx, le secret d’une histoire captivante est de jouer habilement avec la frustration de ses lecteurs ou auditeurs… Puis, en conclusion de votre intervention, reprenez l’histoire et terminez là selon votre message clé. Les plus doués d’entre vous pourrons le faire avec une histoire drôle.

Technique de conclusion 3 : Cueillez une autre fleur et faites un bouquet

Concluez en prenant comme référence un livre, un film ou une musique célèbre. Suffisamment célèbre pour que tous dans la salle l’aient vu, lu ou entendue. Etablissez le lien entre votre intervention et telle œuvre culturelle, faites du storytelling à propos de cette œuvre, puis faites le lien avec votre message.

Vous voyez que la métaphore de la fleur nous permet de concevoir notre discours d’une nouvelle façon. Soyez donc des jardiniers des mots !

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Les bonnes questions à se poser pour préparer une intervention en public

Dans un précédent article, nous avons abordé la méthode « POMME », pour préparer une intervention en public. Voici une petite infographie qui montre bien le processus et reprend toutes les questions à se poser dans l’ordre (explications plus détaillées sous l’image) :

Parler en public préparer un discours intervenir à l'oral

Le premier point, tout part du public : c’est ce qu’il y a de plus important chaque fois que vous devez préparer un discours. Vous devez clairement identifier à qui vous vous adressez avant de déterminer, en fonction, votre objectif.

Le message repose sur une « idée-force » (une seule idée !). Cette idée-force doit se formuler en une phrase courte (un verbe et quelques mots précis) et de façon positive. Elle constitue votre réponse à l’objectif que vous vous êtes fixé plus haut. Elle doit également correspondre à une intime conviction, à quelque chose qui compte vraiment pour vous. Vous devez l’exprimez dès l’introduction, la rappelez dans vos arguments et la reformulez en conclusion.

L’introduction peut se construire à partir d’un chiffre marquant (par exemple des statistiques : « saviez-vous que 89% des hommes… ? ») ou d’une histoire personnelle (« il y a deux ans j’ai eu un terrible accident… »), qui permet de rentrer tout de suite dans le vif du sujet et de capter l’attention du public.

Idéalement, la conclusion (qui consiste à revenir sur l’idée-force) se double d’un appel à l’action : en effet, si votre public est d’accord avec vous, convaincu de ce que vous avez dit, que peut-il faire pour continuer dans ce sens ? (par exemple, imaginons que vous venez de parler de la protection de la nature : donnez un conseil à appliquer au quotidien pour éviter le gaspillage, donnez l’adresse d’un site web où l’on peut renseigner davantage, parlez d’une association et annoncez une collecte de don ou un recrutement de bénévoles, etc.). Voilà pour la préparation « intellectuelle ».

La préparation du matériel est souvent négligée, et peut causer de gros soucis. Certaines personnes arrivent avec une clef USB contenant leur joli PowerPoint, mais n’ont pas pris la peine de vérifier si la salle était bien équipée pour le projeter, s’il fallait amener son propre ordinateur, si la clef devait d’abord être vérifiée sur une station blanche, si la prise électrique fonctionne bien et/ou s’il faut une rallonge, etc.

De même pour l’utilisation d’un paperboard : prévoyez votre propre trousse de feutres de couleurs, n’hésitez pas à venir également avec une recharge papier !

Si vous ne connaissez pas la salle où vous intervenez, prenez aussi le temps de vous renseigner, de demander le plus de précisions possibles à ceux qui peuvent vous en parler ou encore, mieux, vous rendre sur place quelques temps avant. En fonction de la configuration de la salle, de l’environnement, vous aurez peut-être besoin de modifier certains aspects de votre animation. Un PowerPoint ou un paperboard sont parfois inutilisables selon les contextes (pas de prise secteur accessible, ou impossible de plonger la salle dans le noir, ou encore configuration en hémicycle ne permettant pas au public sur les côtés de voir ce que vous pourriez projeter, etc.)…

Public, Objectif, Message, Matériel, Environnement : P.O.M.M.E ! Une checklist à retenir par coeur, toutes les bonnes questions à se poser pour préparer au mieux une intervention en public !

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Poser la trame d’un discours percutant en 1 minute chrono : la technique Borden

Qui n’a jamais été anxieux à l’idée de devoir rapidement prendre la parole en public, sur un sujet pour lequel ils ont peu de temps pour se préparer ? Cet article leur est dédié.

En 1935, Richard C. Borden, enseignant américain à l’université de New York, a écrit un livre intitulé Public Speaking as Listeners Like It (titre que l’on pourrait traduire en français par : « Parler en public de manière à ce que les auditeurs apprécient »). A l’origine, il s’agissait d’un manuel à destination des managers du groupe Chrysler. L’ouvrage commence à dater, mais les conseils qu’on y trouve sont toujours aussi précieux, les principes de la rhétorique sont intemporels ! L’auteur propose notamment une formule simple mais très puissante, désormais connue sous le nom de « formule Borden », qui vous permettra de ne jamais être au dépourvu. Voyons cela en détail dans les lignes qui suivent…

Les 4 questions de la « formule Borden »

La formule Borden consiste à imaginer une séquence dans laquelle vous êtes dans la position de l’orateur face à son public. Vous commencez à déclamer votre discours, mais le public est virulent et vous interpelle : les questions que ce public imaginaire vous adresse directement sont les questions que vous devez vous poser successivement pour remanier votre discours afin de le rendre plus convaincant et impactant. Ces questions (ou plus exactement ces « réactions » présupposées du public) sont au nombre de quatre : 1/ Ho-Hum! 2/ Why Bring that Up? 3/ For Instance! 4/ So What? Traduction et explications :

Imaginez. Imaginez que vous venez de monter sur scène et vous apprêtez à prendre la parole… Imaginez alors que l’audience vous dit « quel ennui ! »… Qu’allez-vous faire ? (dans la version anglaise, le public fait « Ho-Hum! », ce qui veut dire sensiblement la même chose… Le genre de soupir que nous poussions presque tous, quand nous étions étudiants, et que nous voyions notre vieux prof ringard s’avancer vers le tableau poussiéreux…).

Dans cette situation, face à ce public qui s’impatiente déjà, vous conviendrez que rester paralysé n’est pas la meilleure chose à faire, et la peur au ventre aggraverait les choses. Le public attend de l’action ! Et pour cela vous devez agir – ou réagir – vite et frapper fort… Que faire exactement ? Tout d’abord, prenez 5 grosses inspirations (voir la technique des 5 S) et dès que vous vous sentirez prêt à faire face, lancez-vous, la crainte disparaîtra. Lorsque vous parlez avec timidité et manque de confiance, l’auditoire vous regarde ; lorsque vous parlez avec conviction, c’est votre message qui est regardé ! Aussi, le meilleur moyen de vaincre sa crainte est de se lancer à fond sans retenu dans votre intervention.

C’est pourquoi le premier message de Borden est de prendre un départ puissant. Lorsque vous prenez la parole, vous voulez une attention totale de la part de ceux qui vous écoutent et vous regardent, vous devez leur donner l’envie de boire vos mots. Voici l’exemple en deux temps donné par Richard Borden : « Le sujet dont on m’a demandé de vous parler est la réduction des accidents de la route… » Quel ennui ! Ne serait-ce pas plus efficace de commencer ainsi : « Quatre cent cinquante nouveaux cercueils ont été livrés à la ville jeudi dernier… » ? Oui, bien sur que la seconde option est beaucoup plus dynamique et entrainante ! Pour chaque formule, prenez donc simplement le temps de réagir comme n’importe quel auditeur vous écoutant, qui penserait en son for intérieur : « bon sang mais qu’est-ce que c’est chiant… »

En commençant de cette manière, avec un chiffre marquant par exemple, ou n’importe quelle autre technique d’introduction impactante, cela amène votre public à se demander « Pourquoi ? » (en anglais : Why Bring that Up?, ce qui veut dire de façon un peu plus subtile : pourquoi aborder cela ? Quel est l’enjeu ? ou plus vulgairement : oui et alors ? qu’est-ce qu’on en a à faire ?) Lorsque l’auditoire se pose une question, c’est en réalité souvent une bonne chose car cela veut dire que vous avez capté son attention, et donc qu’il daignera au moins écouter ce que vous direz ensuite… Ce qui nous amène à la prochaine étape.

Alors que le public vous écoute expliquer le pourquoi du comment, intervient le moment pendant lequel on vous criera « Comme par exemple ? » (en anglais : For Instance!), c’est-à-dire qu’on attend de vous quelque chose de plus concret, quelque chose qui nous ramène à une certaine réalité, soit pour prouver ou démontrer votre propos, soit pour mieux l’expliquer. A cette étape, il est nécessaire que vous donniez un exemple pertinent pour expliquer votre point. Vous pouvez même en donner deux ou trois, tant que vous restez simple et bref, sans vous perdre dans de trop longs et fastidieux développements…

Finalement, ceux qui vous écoutent finissent par hurler : « Et alors ? » (en anglais : So What?). C’est le moment de vous diriger vers un call-to-action, autrement dit votre solution ou recommandation finale, qui coïncidera également avec votre conclusion en délivrant ainsi le véritable message de votre intervention.

Pour que ce soit plus parlant, reprenons l’exemple donné par l’auteur dans son livre, en suivant les quatre étapes successives de questionnement :

Ho-Hum! = Quel ennui !

« Le mois dernier, à Chicago, un homme a refusé un million de dollars pour une invention qu’il avait mûrit pendant son temps libre. »

Cette introduction est percutante, car le montant de « 1 million » est en soit impressionnant pour la plupart des gens. Et beaucoup se demanderont alors comment on peut laisser filer une telle opportunité… A cela s’ajoute la curiosité de découvrir quelle peut bien être cette mystérieuse invention. Enfin, la proximité temporelle (le mois dernier, ça vient juste d’arriver !) et de proximité spatiale (c’était à Chicago, la ville juste à côté !) en font un événement d’une brulante actualité.

Why Bring that Up? = Pourquoi en parler ?

« Ce qui vous intéressera là-dedans est que cela vous confronte aux possibilités de votre temps libre. Ne vous êtes-vous jamais dit que la plupart des grands hommes étaient parvenus à l’œuvre de leur vie non au cours de leur travail, mais dans leur temps libre ? »

L’idée est simple, mais toute l’astuce réside dans le fait de la formuler sous forme de question. Le public est donc directement interpellé, amené à s’interroger sur lui-même, son propre temps, ses propres possibilités… En gros, c’est un peu comme si on posait au public une question du genre : pourriez-vous toucher un million de dollars en en vous organisant mieux au quotidien ? Ce qui, en filigrane, pose une question encore plus directe et percutante : voulez-vous savoir comment gagner 1 million de dollars ? Ou même : qui, parmi vous, voudrait gagner une telle somme ? (allez, levez la main…) Des questions auxquelles on répondrait difficilement par la négative, ce qui revient d’une certaine manière à utiliser la fameuse technique du Yes set.

For Instance! = Par exemple ?

A partir des éléments introductifs précédents, vous pouvez developper plusieurs façons. Les exemples peuvent être divers et variés. Pour prolonger, voici ce que Borden propose, pêle-mêle :

« Un poseur de rail exténué se penchait devant ses livres, tout juste illuminés de la lueur d’une bougie ou d’une cheminée, la journée finie, au lieu de ronfler et de regarder les étoiles comme ses camarades. »

« Un employé télégraphique, exploité et sous-payé, réduisait son sommeil de quelques heures pour, la nuit, concrétiser certains rêves en lesquels il croyait. Aujourd’hui, le monde entier bénéficie du travail de Thomas Edison. »

« L’instructeur d’une obscure université de la région riait avec ses collègues de cet homme qui passait son temps sur son appareil. Mais il a inventé le téléphone pendant son temps libre. » (dans cet exemple on parle de Alexander Graham Bell)

On aurait aussi pu évoquer Abraham Lincoln par exemple, qui devint un grand homme pendant son temps libre… Ce qu’il faut retenir, c’est que vos exemples doivent servir votre propos, en l’illustrant si possible par des faits réels, ce qui apparaitra alors comme une sorte de preuve factuelle de ce que vous avancez. Il est aussi possible de fournir des exemples fictifs purement illustratifs, mais ils produisent moins d’effet, ils sont surtout pertinent pour leur valeur explicative.

So What? = Et alors ?

« Messieurs, vous aussi avez du temps libre. Celui qui dit « Je ferais tant de superbes choses, si seulement j’en avais le temps !» ne ferait rien s’il avait tout le calendrier de libre. Il y a toujours du temps, du temps libre, dont chaque homme peut disposer. Utilisez-le ! »

L’appel à l’action est clair et direct, il sonne même comme une sorte de morale qui vient conclure à merveille ce petit discours… Alors la prochaine fois que l’on vous propose de présenter un discours à la dernière minute, vous aussi appliquer la méthode de Borden. Vous devez imaginer que votre auditoire dit successivement :

  1. « Quel ennui ! »
  2. « Pourquoi parler de cela ? »
  3. « Par exemple ? »
  4. « Et alors ? »

Et, en y pensant, c’est exactement ce que vous vous dites vous-même quand vous entendez quelqu’un qui prend la parole ! En suivant simplement ce cheminement, sans même vous en rendre compte, vous aurez formulé un discours personnalisé totalement dédié à votre public en un rien de temps. Car c’est bien cela le vrai secret de cette technique : il ne s’agit ni plus ni mois que de s’adapter à son public, en se mettant littéralement à sa place, ce qui constitue le premier principe de la rhétorique ! Continuez d’utiliser cette méthode à chaque opportunité, et en peu de temps vous vous rendrez compote avec étonnement que vous améliorerez votre capacité à improviser avec facilité déconcertante.

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Préparer un discours : 7 techniques pour faire une entrée fracassante

Démarrez vos pitchs avec panache en faisant une entrée en matière fracassante ! Quelle que soit la durée de votre intervention à l’oral, l’essentiel se joue dans les premiers instants, dès les premières phrases de votre introduction : si vous captez l’attention de votre public, il vous suivra sans hésiter, et la suite sera d’autant plus facile. Pour un même discours, avec le même contenu et les mêmes développements, changer quelques phrases ou quelques mots de l’intro peut totalement transformer la façon dont l’ensemble sera perçu. Voyons voir comment faire avec 7 techniques à fort impact

1. Les amabilités d’introduction sont inutiles

Lorsque vous prenez place face à l’auditoire, une seule chose doit vous importer : gagner son attention ! Le début d’une prise de parole est son prime time. Et pour faire forte impression, une bonne prise de parole doit s’ouvrir avec un message fort. Non pas en remerciant quelqu’un de vous avoir donné la parole, non pas en énonçant le sujet dont vous parlez, et surtout pas en vous excusant par avance de votre manque – réel ou non – de préparation… Est-ce que dire « bonjour », « merci untel », ou « j’ai un peu le trac désolé » vous semble être un message fort ? Oubliez les platitudes.

Vous pensez peut-être que, en prenant la parole, des mots plaisants et non originaux sont une parfaite mise en jambe, une façon de démarrer tranquillement ? Cela vous fera en réalité passer pour quelqu’un de vague, de terne, voire quelqu’un de faible… En tout cas quelqu’un qui n’accroche personne. Pourtant, la majorité des personnes démarrent de cette façon : « C’est pour moi un plaisir d’être venu ici. Je remercie M. Robert de me donner l’opportunité de vous remercier… » ou encore : « Le sujet dont on m’a demandé de vous parler est la réduction des accidents de la route. » et gnagnagna… Que de banalités. Pour exprimer la même idée, que pensez-vous de cette introduction : « Quatre cent cinquante nouveaux cercueils ont été livrés à la ville jeudi dernier… » ? Ça claque, n’est-ce pas ? Ça surprend, tout en piquant notre curiosité. On souhaite instantanément en savoir plus, alors même qu’on ne se sentait pas forcement concerné ou intéressé par le sujet de « la réduction des accidents de la route »…

Beaucoup d’entre vous pensent que rentrer immédiatement dans le vif du sujet peut paraître brusque, qu’il faut préparer la salle avant toute chose. C’est faux ! La seule et unique façon efficace de démarrer un discours est la façon forte, celle qui fera que les têtes se tourneront vers vous en se disant « tiens, serais-je venu écouter quelqu’un d’intéressant ? » A l’inverse, des remerciements en début de prise de parole ne peuvent ressembler qu’à une mauvaise flatterie, pourtant habituelle (alors que, paradoxe, en exprimant ces mêmes remerciements au milieu du discours, ils paraîtront vraiment sincères !). Bref, les amabilités d’introduction sont des inutilités d’introduction, et risquent même le plus souvent d’être contre-productives.

Exception à la règle : si vous prenez la parole dans l’urgence, que votre auditoire est apeuré et veut savoir ce que vous avez décidé. Rassurez-les immédiatement, dites ce qu’il s’est passé, reconnaissez le problème et annoncez vos décisions.

2. Commencez avec… une statistique

La première chose à faire est de démarrer « à froid ». Ne préparez-pas la salle avec des clichés du discours, commencez avec panache, projetez votre voix et ensuite seulement vous pourrez revenir à des paroles plus raisonnables.

Reprenons l’exemple vu plus haut : « Quatre cent cinquante nouveaux cercueils ont été livrés à la ville jeudi dernier… » Dans cet exemple, il y a une combinaison de plusieurs éléments qui rendent la phrase très forte. Il y a l’objet en question, ici les cercueils, symbole particulièrement frappant d’une hécatombe. Il y a la dimension temporelle, exprimant à la fois la proximité (jeudi dernier, autrement dit « en ce moment », ce qui pose le problème comme étant une question d’actualité, ce qui suscite mécaniquement un certain intérêt de la part du public), et la durée (jeudi dernier soit un seul jour, 24 heures à peine, et non une semaine ou un mois). C’est donc cette dimension qui rend le nombre de cercueils livrés, 450, si impactant.

De même, vous pouvez intégrer vos chiffres ou statistiques dans un environnement ou au sein d’une combinaison d’éléments qui les rendent, par effet de contraste, d’autant plus frappants. Toutefois, gardez en tête que les chiffres font d’eux-mêmes un effet, car on suscite chez nos interlocuteurs le besoin ou l’envie d’en prendre la pleine mesure.

C’est aussi la raison pour laquelle il est préférable de démarrer sur un chiffre a priori important, pour ne pas dire énorme, gigantesque, monstrueux, plutôt qu’une statistique qui viserait à minorer un événement. Dans ce sens, préférez-toujours les statistiques inférieures à 10. Par exemple, à « 21,3% des salariés boivent trois cafés quotidiens », préférez « un salarié sur cinq »21,3% risque de sembler bien peu, tandis que 1 sur 5 donne le sentiment que ça concerne beaucoup plus de monde. Autre exemple : « Dans notre ville, 1 jeune sur 3 est au chômage. »

3. Commencez avec… une phrase qui attire l’attention

Si vous n’avez pas de chiffres pertinents à votre disposition, vous pouvez construire une phrase de telle façon à ce que les mots surprennent et captent l’attention. Les mots doivent être forts, chargés de sens, par exemple : « Le devoir. L’honneur. Le pays. Ces trois mots sacrés vous dictent ce que vous devez être, ce que vous êtes, ce que vous serez ». Ce qui marque dans cette phrase (qui est en réalité très simple), c’est la grandeur associée aux quatre notions énumérées avec aplomb (devoir, honneur, pays, mais aussi le fait de dire que ces mots sont sacrés !). On note également dans cette formule la maitrise de la puissance du rythme ternaire.

Certes, cet exemple renvoie au domaine des grands discours politiques ou historiques. Mais c’est le même principe qui s’applique à tous les secteurs : utilisez des mots lourds de sens. Et vous pouvez amplifier leur effet en les combinant de manière à créer une sorte de contraste ou de paradoxe. Par exemple : « Nous sommes ici pour choisir entre la rapidité… et la mort ». Autre exemple : « Nous avons réalisé les meilleures ventes de notre histoire… à moins que nous ne gâchions tout ! »

Notez bien les points de suspension, qui marquent un léger temps d’arrêt, une sorte de suspens, afin de rendre la suite de la phrase encore plus impactante ! Cette technique, qui relève de la dimension paraverbale, permet de mettre en relief l’idée qui vient juste après le silence, en lui donnant un poids particulier. Les mots ne sont pas forcement forts en eux-mêmes, mais c’est donc la façon de les prononcer qui leur donne cette force : « La première règle pour être un leader sage est que vous devez d’abord… définir le problème » (cette phrase peut sembler plutôt nulle quand on la lit dans sa tête, mais on peut donner une ampleur inouïe en la déclamant avec le bon rythme et sur le bon ton).

4. Commencez avec… une anecdote personnelle

Racontez l’anecdote avec vos propres mots. Ne dites pas « c’est l’histoire de cet homme qui… », qui signale à tous que vous allez raconter une histoire inventée. Au contraire, prenez-les par la main et parlez de « la vieille dame de MON quartier d’enfance » ou de « l’avocat chez qui JE suis allé ». Je vous invite à (re)lire à ce sujet Ma plus belle leçon de storytelling.

Le fait de démarrer par une anecdote, réelle ou présentée comme telle, relève en effet du plus pur storytelling. Cette première anecdote peut alors être comme un jalon posée des votre introduction pour developper un storytelling bien plus large et fécond tout au long de votre intervention ! Pensez par exemple à construire des personnages fascinants, à intégrer des dialogues pour les faire vivre, à faire appel aux sens et à jouer avec les émotions de votre auditoire

5. Commencez avec… une actualité ou une information factuelle spectaculaire

« Il y a 16 heures, un avion américain a largué une bombe sur Hiroshima. » L’information est suffisamment choquante pour capter violemment l’attention de vos interlocuteurs. Cela dit, pas besoin d’aller chercher un événement aussi dramatique ou d’une telle ampleur historique. Chaque jour, des dizaines de faits divers sont suffisamment curieux, troublants ou hallucinants pour nous interpeller. Le comique belge Alex Vizorek a par exemple réalisé un sketch entier sous forme de « revue de presse » aussi hilarante que stupéfiante en relevant des titres et des faits divers véridiques parus dans les journaux belges ! A vous de fouiller les catégories « insolites » ou « faits divers » pour trouver l’info inattendue pour démarrer votre intervention sur les chapeaux de roue.

6. Commencez avec… une citation

Un grand classique : utilisez une citation pour introduire votre intervention. Citez une personnalité si possible connue de votre auditoire, et surtout légitime par rapport au sujet et avec laquelle vous êtes familier. Cela dit, vous pouvez tout aussi bien citer un auteur peu connu, ou expert d’un domaine totalement hors de votre sujet. Ce qui compte ici, c’est de comprendre que la force de la citation peut résider :

  • Soit dans la citation elle-même, ce qu’elle exprime et la manière dont elle l’exprime ;
  • Soit dans l’autorité de l’auteur cité ;
  • Soit dans la pertinence du message ou de l’auteur par rapport au sujet abordé.

Evidemment, ces aspects peuvent tous se combiner. Dans ce cas la citation produira un effet extrêmement fort. Une technique plus subtile encore consiste à démarrer par la citation, et n’en élucider qu’un aspect dans l’introduction… Puis conclure avec la même citation, qui prendra alors une toute autre dimension de par les éléments abordés et expliqués pendant votre exposé ! L’effet sur le public est surpuissant. Mais il est rare de trouver le bon mot permettra un tel double usage « à tiroirs »…

7. Commencez avec… un exemple, ou interpelez votre auditoire

Un exemple d’introduction au sujet « Faut-il toujours finir son assiette ? » :

« Vous souvenez-vous de cet enfant ?
Cet enfant qui, pendant des heures,
Parlait à son assiette, plutôt que de la manger.

Je ne sais pas ce qu’en disent les autres,
Mais souvenez-vous de cet enfant.
Car cet enfant, c’était vous !
»

Toute la puissance d’un telle intro se joue au niveau du rythme, des intonations, ainsi que de la gestuelle et des éventuels déplacements. Passez du temps sur la préparation de votre ouverture. Préparez-là, améliorez-là, répétez-là. Montez sur la scène, appliquez la technique des 5 S ou prenez 5 respirations – ce qui marquera de fait un silence et attirera l’attention de l’auditoire sur vous – et lancez-vous.

D’ailleurs, en mentionnant un objet aussi concret qu’une assiette, vous pourriez même en apporter une avec vous, ou utiliser n’importe quel objet lors de votre présentation.

Pour la petite anecdote, lorsque j’assiste à une conférence, si j’entends les phrases typiques – et banales – d’introduction, quasiment à chaque fois l’intervention qui s’ensuit se révèle ennuyante et perd le soutien ou l’entrain du public. Quand le public est déconnecté, celui ci est perdu. Autant ne pas en perdre dès le départ. A l’inverse, quand il s’agit d’une conférencier qui démarre tout de suite en fanfare, en utilisant l’une des techniques ci-dessus notamment, on peut ressentir l’éveil et l’intérêt immédiat du public, qui se dit en regardant l’orateur faire son numéro « mais c’est qui ce type ? » et qui se retrouve scotché à ses lèvres de la première à la dernière phrase. Pour entrainer votre public sur votre chemin, préparez soigneusement votre entrée pour lui faire passer cette lourde porte qu’est l’introduction !

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