Dans un précédent article, nous avons aborde cette notion rhétorique fondamentale qu’est le decorum, et en quoi le decorum est indispensable a l’ethos. Ici, nous allons envisager le decorum en technique d’attaque ! Vous avez un adversaire ? Pourquoi ne pas trouver une faille dans son decorum ? Voyons cela avec un exemple inattendu : Eminem…
Vous vous souvenez peut-être du film 8 Mile, avec Eminem ? Lors d’un concours d’improvisation, le rappeur Eminem se trouve être le seul blanc de toute l’assemblée, il croit qu’il va passer pour un crétin… Ce qui est évidemment le cas au début car il faut du suspense. Mais il parvient à trouver la faille chez son adversaire du moment. Cette faille, c’est avoir fait des études alors que la culture rap vient des milieux défavorisés ayant souvent des lacunes en matière d’éducation… Il s’est rendu compte à ce moment que le decorum en vigueur n’était pas la couleur de peau mais le milieu social. Et bien lui en a pris, car il a su l’utiliser. Aussi, lorsque vous préparerez une intervention, prenez garde à ne pas vous tromper de decorum.
En réalité Eminem n’a pas forcément fait beaucoup plus d’études que ses adversaires. La faille en l’occurrence n’est pas tant l’absence d’éducation que le côté « loser » qu’il partage avec le public et qu’il va donc mettre en avant alors que tous les autres joueront la carte « gangster et authentique », ce qui est évidemment exagéré, et personne n’est dupe… Tout n’est qu’une question d’apparence, encore faut-il savoir en jouer.
Les « battles Rap » sont d’ailleurs de très bons exercices pour pratiquer les techniques rhétoriques ! Surtout s’il y a du public. Car rappelons le principe fondamental de la rhétorique : s’adapter à son public ! Il s’agit d’incarner le personnage attendu par l’auditoire, qui peut d’ailleurs parfois être en total décalage avec le style du public lui-même… Par exemple, un designer venant présenter ses idées créatives à un public de cadres supérieurs ne doit surtout pas venir en costume/cravate, car ce n’est pas ce qu’on attend de lui, il devra jouer la carte de l’excentricité pour mieux marquer sa différence et par extension, sa valeur ajoutée.
Le style ne fait pas l’homme, le style fait l’occasion. L’ethos, l’argument par personnalité, commence avec l’amitié que vous porte le public. Vous gagnez cette amitié avec le decorum.
Par ailleurs, permettez-moi quelques considérations sur le « public parfait »… Un public parfait est un public réceptif, il se tient tranquillement et ne vous jette aucune chaussure. Un public parfait est attentif, il a envie de vous écouter avec attention et ne vous siffle pas. Un public parfait vous apprécie et vous fait confiance. Formidable. Mais comment avoir un public parfait ? En lui montrant ces trois traits d’ethos : des valeurs, de la sagesse pratique et de l’abnégation.
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