Toutes les Publications De Coach Eloquence

L’invention d’une langue, ou l’étrange poésie linguistique de Philippe Garnier

Extrait d’un sublime petit livre à se tordre de rire : Mon père s’est perdu au fond du couloir, de Philippe Garnier. Comme le titre l’indique avec ironie, l’auteur parle de son père qui vieillit sous ses yeux et sombre peu à peu dans la démence et la sénilité… Il y a beaucoup de nostalgie, de passages touchants et poignants, mais il y a tout autant de passages mordants et tordants, comme celui-ci :

« Il travaillait à une nouvelle langue qui n’usait pas les dents, une langue presque uniquement composée de voyelles légèrement fermées, de façon à les moduler sans jamais ouvrir grand la bouche et sans produire de vibrations agressives. …

Ainsi travaillait-il sans relâche à cette suppression des consonnes, comme à un adoucissement mondial des langues. Il modulait chaque mot plusieurs fois avant d’en mettre au point la version définitive, un phonème idéal qu’il enregistrait sur son petit magnétophone. Il connaissait des moments d’exaltation car bien au-delà de la protection dentaire, il entrevoyait un apaisement universel.

Moins de consonnes – occlusives, dentales, palatales – cela signifierait un jour moins de conflits dans le monde. Tout frottement de la langue sur les dents, toute vibration à l’intérieur de la mâchoire se traduit à plus ou moins long terme par des querelles familiales qui dégénèrent en guerres de clans, lesquelles se dégradent en guérillas modernes qui peuvent aller jusqu’au génocide.

Sans pousser jusqu’à ce scénario extrême, mon père pensait que la suppression des consonnes favorisait la paix intérieure, même si, reconnaissait-il, l’oreille humaine met des consonnes partout.
Par exemple le mot gong, disait-il, est une onomatopée, mais le son du gong ne comporte pas de « g », le son du gong c’est oûooo – aaa- ôôôô. Quel besoin avons-nous de tout figer avec des consonnes ? Mon père prêchait une conversion à la voyelle murmurée, à la langue déconsonantisée. »

[amazon_link asins=’2915341311,2130527558,B00YANU0GC,284899293X’ template=’ProductCarousel’ store=’panier-21′ marketplace=’FR’ link_id=’c574ea23-8aca-11e7-add8-ebc37ee300e1′]

Partagez sur vos réseaux

L’ethos, ou quand vos valeurs font votre vertu…

Une fois que le decorum a donné à l’auditoire l’envie de vous écouter, une manière de faire en sorte qu’il vous croit est de montrer certaines qualités qui vous feront paraître honnête et crédible. Dans un autre article de ce blog consacré à l’éloquence et à la rhétorique, nous avons montré comment partager les valeurs de l’auditoire par la forme. Voici maintenant comment montrer que vous partagez ces valeurs par le fond.

Pour rappel, les trois traits de l’ethos, aussi appelé « l’argument par personnalité », sont :

  • Les valeurs : l’auditoire croit que vous partagez leurs valeurs ;
  • La sagesse pratique : vous donnez l’impression de savoir quoi faire quoi qu’il advienne ;
  • L’abnégation : l’intérêt de votre auditoire semble être votre seul souci.

A quoi reconnaît-on une personne qui a le pouvoir de celle qui ne l’a pas ? Le suiveur partage les valeurs de son patron. Le patron, lui, il montre qu’il partage les valeurs du public.

Quelles valeurs avoir ?

Les valeurs représentent la vertu rhétorique, aussi il est nécessaire de partager -ou de faire croire que vous partagez- les bonnes valeurs, c’est-à-dire les valeurs votre auditoire.

Les valeurs changent de public à public. De façon simple, nous dirons que les valeurs au congrès du front de gauche ne sont pas celle d’un congrès des jeunes pop. N’oubliez pas que ce qui paraît normal pour vous peut faire souffrir les valeurs d’autrui. C’est pourquoi être à l’écoute de votre audience est un incontournable de la prise de parole en public, ce dont je parlerai dans un prochain article.

Ainsi, à un groupe d’adolescent vous pourriez utiliser des arguments de justice et de liberté. A un groupe de travail, plutôt la croissance et le résultat financier. Si vous ne savez pas encore écouter un auditoire, apprenez à poser une simple question : « qu’est-ce c’est qu’une personne qui a des valeurs pour vous ? »

Arrête que tous les membres de cette assemblée prêteront, à l’instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable. Serment du Jeu de Paume, 20 juin 1789.

Comment montrer que vous partagez ces valeurs ?

Parlez des valeurs de l’auditoire comme si en faisiez partie mais en gardant un regard extérieur:
« Une armée est une équipe. Elle vit, dort, mange et combat comme une équipe. Ces histoires d’héroïsme individuel ne sont que de la merde de cheval. Les petits bâtards qui écrivent ce genre de foutaises pour le Saturday Evening Post n’en savent pas beaucoup plus sur combattre sous le feu que sur tirer un coup! Nous avons la meilleure nourriture, le meilleur matériel, le meilleur moral et les meilleurs hommes du monde. C’est pourquoi, par Dieu, en fait j’ai pitié des pauvres fils de pute que l’on va affronter. Par Dieu, j’en ai pitié. » Lieutenant-général George S. Patton, juin 1944.

Vantez-vous : la façon la plus simple de montrer à quel point vous êtes le meilleur car vous dites que vous avez ces valeurs. Mais ça ne marche pas toujours, l’air prétentieux n’étant pas persuasif pour tous les publics.
« Bonjour à tous, j’ai écrit 3 livres sur la tonte des oeufs, donc je suis compétent pour vous en parler aujourd’hui. Vous êtes élitistes ? Moi aussi. »

Trouvez un témoin qui vantera vos services : si d’autres personnes vous ont déjà fait confiance, il est plus aisé de vous faire confiance à nouveau.
« Bonjour à tous, je m’appelle X et vous avez rendez-vous avec moi aujourd’hui. Je vais vous enseigner la pratique de la décoction des petits pois au Japon. Auparavant, j’ai donné un cours équivalent à Harvard, Yale et Princeton et si je viens ici, c’est bien car je suis certain que vous avez autant de valeur que les étudiants de ces écoles élitistes »

Révélez une faille tactique : révéler une faiblesse qui vous attire la sympathie ou qui montre que vous avez fait un sacrifice pour le bien de votre audience. Vous pouvez aussi attribuer une erreur à un objectif plus noble afin qu’on vous en tienne moins rigueur.
“Pardonnez-moi, messieurs, mes yeux ont pâli au service de mon pays.”
“Désolé,c’est ma faute, je l’ai écrit hier soir et ne voulais pas réveiller les autres pour qu’ils me confirment les chiffres”.

Retournez votre veste quand vous n’avez plus le pouvoir : quand un argument contraire va nécessairement vous faire du mal, supportez avec enthousiasme l’autre côté, dites à votre audience que vous avez reçu de nouvelles informations ou une logique imparable qui a rendu le changement inévitable à quiconque doué de raison. Si une décision contre vous est inévitable, pourquoi ne pas la faire apparaître comme un sacrifice personnel de votre part ?

Maintenant que vous montrez à votre audience que vous êtes comme eux sur les valeurs au pluriel, vous allez leur montrer que vous êtes une personne de valeur au singulier. Dans le prochain article, la sagesse pratique et l’abnégation.

Credit photo: C.C. UN Women

Partagez sur vos réseaux

Technique de négociation : comment utiliser sa « BATNA »

La négociation est un domaine à part entière, c’est pourquoi nous lui consacrons une catégorie à part entière sur ce blog. Dans cet article, nous allons aborder le concept de « BATNA », qui est une des techniques fondamentales de la négociation.

Qu’est-ce qu’une « BATNA » ? C’est la contraction de l’expression anglaise Best Alternative To a Negociated Agreement (traduction : la Meilleure Alternative à un Accord Négocié).

Autrement dit, la BATNA est la meilleure solution qu’il vous reste si la négociation n’aboutit pas… Bien sûr, le but d’une négociation réussie est que la négociation aboutisse… Evidemment. Mais au cas où cela n’arriverait pas, vous avez intérêt à avoir la meilleure BATNA possible. Cela vous permettra d’avoir un pouvoir bien plus important face aux autres parties au cours même de la négociation. Explication :

Lorsque l’on prépare une négo, il faut penser à optimiser sa BATNA, de la même façon qu’il importe d’évaluer la BATNA des autres. Elle vous permettra de comprendre les leviers que vous avez et ceux que vous n’avez pas, et ainsi d’identifier vos priorités et de savoir quels sont les efforts à privilégier.

Imaginez. Vous vous baladez dans le souk de Marrakech. Peut-être avez-vous des souvenirs dans ce sens, d’ailleurs, ou des souvenirs de négociation sur des marchés à l’occasion d’autres voyages. Très bien. Partez d’une situation de marchandage à l’étranger : trois BATNA différentes sont possibles en fonction de l’objectif de cette promenade du marché :

1 – Vous êtes allé au marché juste pour vous plonger dans les couleurs, les parfums et l’excitation du lieu. Vous ne comptez acheter aucun objet en particulier, c’est plus pour le folklore. Dans ce cas, on peut considérer que vous avez une BATNA en béton : quoi que l’on vous propose de vous vendre, vous vous en foutez car ce n’est aps ce que vous recherchez en priorité. Du coup, vous avez une position clairement dominante dans la négociation, ce n’est pas vous qui êtes demandeur, vous accepterez d’acheter quelque chose seulement si le rapport prix/plaisir vous semble réellement avantageux.

2 – Vous devez ramener un souvenir en particulier à des amis qui vous l’ont expressément demandé. BATNA moyenne. Vous cherchez des souvenirs au meilleur prix, vous êtes prêts à sacrifier la dimension « plaisir » des objets, mais en contre-partie vos amis ne seront peut-être pas pleinement satisfaits des cadeaux que vous leur ferez, et vous le savez.

3 – La pire BATNA : vous tombez sur l’objet de tous vos désirs, vous comprenez qu’il vous faut l’acheter ici tout de suite et maintenant… « à n’importe quel prix » ? C’est bien ça le problème, et plus vous êtes attaché à conclure la vente, plus vous voulez repartir avec l’objet en question, plus le marchand a un fort pouvoir dans le processus de négociation. Vous risquez de le payez cher…

Repensez à certaines situations où vous avez eu le sentiment de bien vous en tirer, d’avoir joliment négocié, et d’autres fois où vous avez un peu l’impression de vous être fait avoir, où vous avez finalement cher payé une chose qui, objectivement, ne le méritait peut-être pas. A chaque fois, avant chaque achat, avant chaque discussion, réfléchissez bien à votre position, et essayé de comprendre ou d’anticiper la position de l’autre. Au fur et à mesure, négo après négo, vous réussirez toujours mieux à tirer votre épingle du jeu.

Gardez également en tête les techniques habituelles de négociation et de manipulation, comme la technique de « la porte au nez » ou la technique du pied-dans-la-porte, la technique du Yes Set… Pour ne pas vous faire piéger par ces techniques ! Je vous recommande par ailleurs le livre Comment réussir une négociation, qui vous donnera de nombreuses clefs pour mieux négocier.

Photo : thephotographymuse

Partagez sur vos réseaux

De la volonté de puissance… au pouvoir de nuisance ?

« Si vous avez l’impression que vous êtes trop petit pour pouvoir changer quelque choses, essayez donc de dormir avec un moustique… et vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir ! » Par cette remarque, le Dalaï-Lama nous rappelle qu’un seul individu, quelle que soit sa taille ou sa force, peut défier n’importe quel géant. Faut-il comprendre que celui qui brime sa volonté de puissance exacerbe son pouvoir de nuisance ?

Quelqu’un qui a le sentiment de ne pas avoir le contrôle des choses peut se transformer en saboteur. Dans votre entreprise, dans votre association ou même dans votre groupe d’amis ou encore dans votre famille, arrangez-vous pour donner à chacun le sentiment de prendre une part active à l’évolution du groupe. Si une personne se sent brimée, humiliée, rejetée, dénigrée, le risque est qu’elle se retourne contre toute la communauté, ou contre vous en particulier. Ce sera peut-être pour elle la seule façon de réagir : attaquer, voire tout détruire. Le travail du leader est avant tout un travail d’intégration : intégrer tout le monde, et non s’imposer à tous. Faire agir positivement et générer des dynamiques collectives, et non défier, décourager, sanctionner…

A l’inverse, on a parfois le sentiment d’être démuni face à certaines situations. Mais tout n’est pas perdu. Quand on ne peut pas directement rivaliser face à certaines ou face à certaines institutions, on peut encore les déranger, les agacer, leur perdre la tête et le sommeil. A défaut d’avoir la force nécessaire pour les renverser, on peut devenir cette petite bête qui les chatouille, qui les gratouille, et qui revient, sans cesse, par petites touches, par petites piqûres. En politique comme dans bien d’autres domaines : ce n’est pas toujours la taille qui compte…

Partagez sur vos réseaux

Utilisez la force des rituels pour réaliser des progrès dans tous les domaines

A travers les articles de ce site, nous présentons de nombreux conseils pour mieux communiquer, mieux négocier, et remporter davantage de succès. Le développement personnel est un domaine passionnant qui nous concerne tous. C’est le plus beau cadeau que l’on puisse s’accorder dans notre vie. Bien plus que ça : j’ai l’intime conviction que c’est la condition même d’une vie bien remplie et réussie…

Malheureusement, le passage du conseil à la pratique n’est pas toujours évident. Nous comprenons les techniques et les principes, mais nous ne les mettons pas vraiment en application dans notre quotien. Nous reportons à plus tard… Et bien souvent nos bonnes résolutions se perdent en chemin.

Comment éviter de gaspiller plus de temps, et prendre au plus vite les choses en main ? Il existe deux méthodes efficaces pour ancrer ces nouvelles habitudes : qu’elles s’associent à un moment d’intense émotion, ou qu’elles se répètent encore et encore, et encore, et encore… La première méthode est bien sûr assez délicate à mettre en œuvre volontairement, tout simplement car on ne maîtrise que rarement le moment où nous sommes submergés par l’émotion. Un thérapeute ou un coach de vie peut aider à cela, mais ne remplacera jamais vraiment une expérience réelle et intense. Par contre, la deuxième méthode est plus facile à développer. Laissez-moi vous expliquer…

Prenons un exemple basique : si vous êtes une femme et que vous vous maquillez pour aller travailler, vous n’avez pas besoin de post-it pour y penser… N’est-ce pas ? Vous avez sûrement un petit rituel très personnel qui vous permet de le faire quasiment sans y réfléchir : pendant que votre thé infuse, juste après le petit déjeuner ou à peine avant de sortir dans le petit matin…

Le principe du rituel est d’associer la mise en pratique d’une technique à un moment particulier de la journée ou à une situation donnée qui se reproduit régulièrement. Prenons par exemple l’utilisation des silences qui vous permet d’améliorer votre communication. Si vous souhaitez poser votre voix pour gagner en densité (afin de travailler votre expression paraverbale), choisissez une situation dans laquelle vous le ferez systématiquement. Commencez par une situation facile ou vous êtes complètement détendu. Pourquoi pas lors des RDV avec votre meilleur ami(e) ? Ou encore lorsque vous êtes en famille ? Commencez dans un cadre que vous connaissez et qui a l’occasion de se renouveller.

Les plus grands leaders utilisent eux aussi cette technique du rituel pour progresser et repousser sans cesse leurs limites. Le fondateur de Netscape, Mark Andresen, a notamment mis en place un rituel auquel il attribue une grande partie de sa productivité personnelle : il liste tous les soirs sur un petit carton les 3 à 5 actions significatives qu’il doit accomplir le lendemain… Et il s’y tient strictement ! De façon similaire, installez ainsi de petits rituels faciles, dans des contextes rassurants au début, puis généralisez-les progressivement.

Partagez sur vos réseaux

Henry Maret : « Soyez clair, et vous êtes perdu ! »

Vous connaissez certainement des personnes qui se gargarisent de mots, qui s’écoutent parler, qui truffent leurs propos de références pseudo-techniques et philosophiques, qui citent de grands auteurs en pensant s’élever à leur niveau, qui semblent traiter de grands problèmes sociétaux, internationaux, cosmiques, bref, qui nous dépassent… C’est certainement à ce genre de personnes que pensait Henry Maret en écrivant ce bon mot (dans ses Pensées et Opinions) :

« Soyez clair et vous êtes perdu ! D’abord vous mécontenterez tous ceux qui ne sont pas de votre avis, puis vous exciterez d’autant plus à la riposte que personne ne vous admirera et que chacun pensera : « j’en dirais bien autant ». Tandis qu’un bon amphigouri, ah ! mon ami, un bon galimatias, cela est d’une beauté inimitable. Et allez donc découvrir ce qu’il y a dessous puisqu’il n’y a rien. Semez cela de quelques mots sonores, de quelques bonnes banalités, qui aient beaucoup servi, et que tout le monde reconnaîtra au passage, et vous m’en direz des nouvelles. »

Quelle mise en garde ! Une pensée trop claire et trop concrète vous perdra. Laissez les gens croire que vous dites des choses profondes, plutôt que leur permettre de naviguer sur l’océan du savoir. Qu’ils aient peur de se noyer, qu’ils ne s’aventurent pas trop loin dans votre verbiage… En retour, si vous tombez sur ce genre de specimens, écoutez-les plus attentivement. Cherchez à les comprendre, vraiment, sincèrement. Demandez-leur de précisez leur pensée. Questionnez-les. Poussez-les jusque dans leurs retranchements. Remettez en cause la largeur de leurs vues et la longueur de leur pénis. Moquez-vous d’eux. Giflez-les, au nom de l’humanité.

Partagez sur vos réseaux

Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ~ vers 5h du matin c’est bon ?

Jacques Paget, dans son livre Le pouvoir de la force mentale, aborde le problème des dictons mal compris. On aime tous les « citations inspirantes », ces petites briques de sagesse qui semblent renfermer des vérités éternelles en quelques mots seulement. Mais en saisit-on réellement toute la portée ? Comprend-on vraiment leur sens profond ? Sait-on seulement à quoi elle font référence ? Quel fut le contexte de leur formulation ? D’autant que nombre de ces citations sont souvent des traductions de langues exotiques, ayant leurs mots particuliers intraduisibles. Jacques Paget écrit ainsi (p. 130) :

« Prenons par exemple le dicton bien connu : « Le monde appartiendra à ceux qui se lèvent tôt ! » Beaucoup ont voulu comprendre que ceux qui seront levés les premiers seront les rois du monde, c’est-à-dire réussiront. Donc, on règle son réveil sur 5 heures du matin, et le monde nous appartient… Mais bien sûr ! Dans ce cas, les ouvriers de chez Renault sont les rois du monde ! L’erreur vient de la traduction de cette pensée chinoise extraite du livre le ‘Tao-Tö King’ de Lao Tseu qui était : « Le monde appartiendra à ceux qui s’éveillent tôt », s’éveiller tôt au sens du Tao : « prendre conscience », et non pas se lever tôt. Et cela concerne ceux qui comprennent avant les autres comment fonctionne le monde. »

Donc… Réveillez-vous tôt si ça vous chante, ou réveillez-vous à l’heure que vous souhaitez tant que vous consacrez suffisamment d’heures dans la journée à travailler. Mais surtout : éveillez-vous ! Préparez-vous à l’éveil le plus tôt possible, ne laissez pas filer les années, n’attendez pas la retraite pour réfléchir au sens de la vie. La sagesse se cultive à tout âge.

Partagez sur vos réseaux

Parler pour ne rien dire

« Mesdames et messieurs… Je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire. Oh ! Je sais ! Vous pensez : « s’il n’a rien à dire… il ferait mieux de se taire ! » Evidemment ! Mais c’est trop facile !… C’est trop facile ! Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? Eh bien, non ! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache ! Je veux en faire profiter les autres ! Et si vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n’avez rien à dire, eh bien, on en parle, on en discute ! Je ne suis pas ennemi du colloque. Mais, me direz-vous, si on parle pour ne rien, de quoi allons-nous parler ? Eh bien, de rien ! De rien ! Car rien… ce n’est pas rien. »

Raymond Devos, premières paroles de son sketch Parler pour ne rien dire. Même si vous n’avez rien à dire… Dites-le ! Mais dites-le avec éloquence ! Au moins pourra-t-on en rire, encore et encore…

Partagez sur vos réseaux

Le « SI » ou les proximités illusoires…

« Un homme avait le numéro de loterie 60 015. Le 60 016 sortit. Cet homme crut avoir été « près » de gagner. Tout le monde en toute occasion pense de même. J’ai « failli » tomber, mourir, faire fortune. L’histoire est pleine de ces raisonnements. Ces proximités sont imaginaires. Il n’y a de degrés que dans le SI… »

Une citation de Nietzsche, qui nous rappelle à quel point nous sommes victimes de nos illusions quand nous pensons mériter notre chance… Et plus encore lorsque nous avons le sentiment de frôler cette chance, en réalité insaisissable !

Une chance sur 19 millions de gagner au loto… Une boutade de mathématiciens (et de fiscalistes) consiste à dire que le loto est un impôt sur l’incompréhension des statistiques. En effet : dire qu’il y a 1 chance 19.000.000, c’est presque comme dire qu’il n’y a aucune chance. Plus exactement : il n’y a aucune « raison » que vous gagniez au loto. Cela ne dépend ni des chiffres que vous cocherez sur votre grille, ni du jour où vous jouez, ni même des tirages précédents.

Pourtant, nous voulons tous y croire. De la même façon que l’on veut croire au Pére Noël quand on est petit. De la même façon que l’on veut croire que les sentiments sont réciproques lorsque nous sommes charmés par une personne. Nous voulons croire que nous pouvons gagner au loto, que nous avons nos chances, ou plus exactement : qu’il y une raison pour que nous remportions le gros lot. Douce illusion…

Dans le même temps, nous prétendons ne pas être naïfs. Nous prétendons savoir à quoi nous en tenir. Mais. Parce qu’il y a un gros « mais »… Lorsque nous achetons un ticket, c’est bien que nous croyons en notre chance. Si nous étions persuadés à l’avance que nous n’avons aucune chance de gagner ? Nous n’achèterions pas le ticket, tout simplement ! L’acte d’achat d’un billet de loterie, tout comme l’acte du joueur de casino, révèle donc bien qu’il croit à l’avance être gagnant. Le paradoxe est là. Soit nous croyons que nous allons gagner, et c’est une bêtise – soit nous prétendons être lucides et ne pas trop y croire, et c’est une forme d’incohérence…

Plus absurde encore est de croire que l’on a « faillit avoir de la chance » : cette expression est tout simplement un non sens ! Or c’est celle qui nous obsède et nous piège le plus souvent. Il faut se libérer des illusions sur la « chance ». En quelques mots, nous pourrions dire que la chance est ce qui n’a aucune raison d’arriver. Et la malchance, ce qui arrive sans raison.

Chercher des explications, des justifications ou tenter de rationaliser l’une ou l’autre, est précisément le piège mental qu’il faut éviter. Car c’est un piège qui peut nous faire tomber très profond, dans la folie, dans l’obsession, dans la dépression… Cessons de croire que nous avons « rater » des occasions. Arrêtons de ressasser ces moments où l’on se dit « si j’avais fait ceci… », « si j’avais répondu cela… ». Le si doit concerner le futur. Le si associé au passé est une maladie de l’esprit.

Partagez sur vos réseaux