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Frappez vite et bien : court-circuitez l’argumentation avec une technique choc !

Argumenter, ce n’est pas seulement présenter un préjugé sous une forme différente… Argumenter, c’est offrir une preuve à une affirmation, en quelques phrases ou dans un court paragraphe. La première chose qu’il faut se demander lorsque l’on veut créer un argument est « que veux-je prouver ? ». La réponse à cette question est le quoi, l’argumentation est le comment. Vous imaginez bien que son importance est capitale.

Identifiez les prémisses et les conclusions

Pour déterminer la meilleure façon de construire un argument, il faut déterminer quels sont les éléments qui le constituent. Ces deux éléments sont communs à tous les arguments et sont répartis en deux catégories : prémisses et conclusion.

La conclusion est la déclaration pour laquelle vous donnez des raisons. Les déclarations qui donnent ces raisons sont les prémisses. Une déclaration reconnue vraie est une assertion. Pour montrer une argumentation de façon claire, il peut être utile de séparer les prémisses (chiffres) de la conclusion (point). Prenons pour exemple les deux phrases suivantes, chères à Sherlock Holmes.

« Un chien était gardé dans son enclos et pourtant, alors que quelqu’un était venu pour prendre le cheval, le chien n’avait pas aboyé. Il est évident que le visiteur était quelqu’un que le chien connaissait bien. »

Reprenons ce passage et présentons-le d’une manière qui sépare les prémisses de la conclusion :
Un homme est venu
Le chien n’a pas aboyé
Le chien aboie quand il voit un étranger (sous-entendu)
Donc l’homme qui est venu n’était pas un étranger

Bien-sûr, la seconde version reprend moins le style de Sir Arthur Conan Doyle, mais elle a le mérite d’être bien plus claire. Aussi lorsque vous construisez une argumentation ou analysez celle d’autrui, il peut vous être utile de la présenter sous cette forme.

Reconnaissez l’ordre d’un argument

Un argument peut être formé selon deux structures :
La forme habituelle : prémisse donc conclusion « Le chien n’a pas aboyé, ainsi il connaissait le visiteur »
La forme inversée : conclusion parce que prémisse « Le visiteur était connu du chien, car il n’a pas aboyé »

Ainsi, la conclusion peut venir en premier ou les prémisses peuvent venir en premier. Dans tous les cas, il s’agit d’organiser les idées de telle sorte que la ligne de pensée se déroule naturellement, de façon à ce que chaque phrase prépare le chemin vers la suivante. Efforcez-vous de ne pas alterner les deux éléments au risque de manquer votre objectif : vous faire comprendre et accepter.

En règle générale et en théorie, des mots tels que « ainsi », « alors » ou « donc » indiquent clairement la conclusion, lorsque « parce que » ou « car » indiquent une prémisse (la raison qui soutient la conclusion). En pratique, ces mots peuvent n’être qu’implicites, les prémisses n’étant pas indiquées par un mot ; comme c’est le cas par exemple dans cette citation d’Arnaud Montebourg : « C’est le moment de taper sur TF1. Il faut leur mettre la tête sous l’eau.
(parce que) C’est la télévision de la droite, c’est la télévision des idées qui détruisent la France, la télévision de l’individualisme, la télévision du fric, la télévision du matraquage sur la sécurité ».

Méfiez-vous de « parce que »…

Bien que ce paragraphe ait aussi sa place dans un autre article sur les arguments fallacieux, il nous a semblé convenable de le donner dès maintenant, parce qu’il trouve bien sa place ici également :

Dans leur livre Yes! (A lire absolument !!! Commandez-le tout de suite !), Noah J. Goldstein, Steve J. Martin et Robert B. Cialdini expliquent l’expérience suivante que j’ai adaptée en français. Comme Monsieur Montebourg nous l’a montré plus haut, il n’est nullement nécessaire d’utiliser des avertisseurs tels que « parce que » ou « ainsi ». A l’inverse, certains les utilisent sans raison logique, et souvent à succès. Pourquoi ? La petite expérience que nous allons décrire ci-dessous explique cette étrange ressort de la psychologie humaine :

A la bibliothèque d’une université se trouve une file d’attente pour utiliser la seule photocopieuse, située dans un coin au calme. Un premier inconnu va au-devant de la file et demande « Excuse-moi, j’ai cinq pages à imprimer, je peux utiliser la photocopieuse ? », 60% des personnes interrogées ont laissé leur place à l’inconnu face à cette demande directe, sans doute par gêne de dire non.

Plus tard, un deuxième inconnu pose la même question en donnant une raison à sa demande, « Je peux utiliser la photocopieuse, parce que je suis pressé, je devais rendre ce devoir il y a 5 minutes déjà ?! » Presque la totalité des étudiants interrogés (94%) ont été d’accord pour laisser leur place. L’efficacité d’une bonne raison ? Et bien pas seulement.

Dans une troisième et dernière expérience, un inconnu approche la file et donne une raison dénouée de toute logique, « Je peux utiliser la photocopieuse, parce que je dois faire des copies ? ». 93% des interrogés ont acquiescé, bien que 100% des personnes dans la file faisaient la queue pour la même raison.

Que tirer de cette expérience ? Retenez que si une bonne raison n’est pas disponible, n’importe quelle raison peut parfois être suffisante lorsqu’autrui ne cherche pas à analyser vos arguments par esprit critique, c’est le pouvoir de parce que. « Parce-que » est un signal qui dit « attention, si j’ai une raison c’est certainement que j’ai raison », ce qui peut pourtant être faux… C’est un biais cognitif à retenir lorsque vous voulez persuader, et c’est aussi un danger à garder à l’esprit lorsque l’on veut vous persuader. Note pour l’avenir, faire le test « je peux t’embrasser ? Parce que j’ai mal aux lèvres ».

Reprenons ma phrase introductive : « Il m’a semblé plus convenable de le donner dès maintenant, parce que sa place est bien ici ». Si la bonne place est aussi bien ici que dans les arguments fallacieux, pourquoi avoir choisi de le mettre ici ? Je ne donne pas de raison pertinente, mais combien d’entre vous ont trouvé celle-ci suffisante ? Bien-sûr je chipote, mais lorsque les intérêts en jeu sont grands il est hors de question de se laisser berner par des arguments approximatifs.

Exercez-vous, dans vos prochaines interactions, à identifier instantanément les « parce que » que vous entendez. Les deux prépositions liées entre elle avec parce-que sont-elles cohérentes et aisément compréhensibles ? Réagissez sur twitter avec nous @CoachEloquence !

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Préparez vos phrases chic et choc… avec la méthode C.R.E.A.M. !

Vous connaissez les phrases « chic & choc » ? Ce sont ces petites phrases que l’on retient d’un discours, dont les politiciens sont tout particulièrement adeptes, et que vous devez vous aussi forger de façon à ce que vos interlocuteurs s’en souviennent. Comment faire ? L’auteur et ancien rédacteur de discours présidentiels James C. Humes, qui a par ailleurs écrit le fameux manuel de rhétorique Speak Like Churchill, Stand Like Lincoln, donne un secret de simplicité de création : la méthode « C.R.E.A.M. » !

– Contraste : « Il n’y a qu’une réponse à la défaite et c’est la victoire »

– Rime : « D’aller là-bas, vivre ensemble, au pays qui te ressemble »

– Echo : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays »

– Allitération : « Quand les urnes auront parlé, il faudra se soumettre ou se démettre »

– Métaphore : « De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est descendu sur le continent de l’Europe »

Il est finalement très simple de préparer ce genre de petites phrases mémorables. Demandez-vous tout d’abord « quelle est l’idée centrale de mon discours ? » Notez cette idée avec vos mots à vous sur un papier, puis jouez avec. Par association d’idées, vous finirez par faire émerger des phrases amusantes voire provocantes. Vous en produirez même de nombreuses ! Mais rappelez-vous qu’il n’est besoin que d’une seule phrase choc par intervention, parce que votre auditoire n’en retiendra probablement pas plus… Trop utiliser ces techniques, c’est leur faire perdre de leur efficacité. Servez-vous en avec parcimonie… Tout comme la crème, n’en mettez-pas trop dans vos plats, ahah !

Je vous recommande la lecture du livre Speak Like Churchill, Stand Like Lincoln. C’est clairement un livre comme on en trouve peu en matière d’art oratoire. Si vous avez déjà lu de nombreux livres concernant la prise de parole en public, vous avez peut-être l’impression de retrouver un peu trop souvent les mêmes idées, les mêmes trucs et astuces déjà bien connus et sans cesse répétés… Dans ce livre, vous trouverez la plupart des idées et exemples que tant d’autres reprennent, vous allez à la source ! Certes, le livre commence à dater un peu (paru en 2002), mais justement, préférez l’original aux pâles copies. Les techniques sont intemporelles et les exemples tirés de grands moments historiques sont eux aussi intemporels (Lincoln, Churchill et autres grands leaders qui ont fait l’histoire de leur pays et du monde…). Bref, Speak Like Churchill, Stand Like Lincoln est un livre que tout passionné d’art oratoire se doit de posséder dans sa bibliothèque, vous y trouverez toujours réjouissement et émerveillement au fil des pages feuilletées au hasard…

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Comment ne pas s’empêtrer dans des phrases interminables et incompréhensibles ?

Que celui qui comprend cette phrase de Sarkozy me jette la première pierre : « Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur. » !

C’est le genre de phrases curieuses, mal construites, qui semblent pourtant avoir du sens, ou plutôt qui neutralisent nos capacités cognitives tant et si bien qu’on ne cherche même plus a saisir le moindre sens. C’est ce que l’on appelle, en rhétorique hypnotique, des « phrases confusionnantes », car elles créent de la confusion : notre attention est focalisée sur une recherche de compréhension, et pendant ce temps les autres parties de notre cerveau sont moins attentives… et totalement soumises au pouvoir d’influence de l’hypnotiseur ou de l’orateur.

Mais si la phrase en question est analysée dans un autre contexte, avec le recul des commentateurs politiques, elle devient ridicule, absurde, et semble trahir le manque de cohérence ou d’a-propos de l’orateur. C’est le genre de phrases qui se confond avec un bafouillage ! Du coup, comment éviter ce genre de dérapage verbal ?

Le premier principe est de rester simple et de faire court. C’est la technique connue sous le nom de KISS : KISS est l’acronyme de « Keep It Short and Simple », qui signifie littéralement « Fais simple et court ! » Pour éviter cela, ne cherchez pas à être exhaustif – c’est de toute façon impossible à l’oral (Keep It Short). Ne cherchez pas non plus le mot parfait chaque fois, qui decrit parfaitement ce que vous voulez dire, mais contentez-vous des expressions qui vous viennent naturellement a l’esprit, dans un langage direct et non technique (Keep It Simple).

Le deuxième principe est de s’inspirer des meilleurs orateurs, qui s’entrainent et pratiquent régulièrement du media training. Et plus spécifiquement du radio training : car a la radio, la voix prédomine, il n’y a pas d’image pour brouiller (ou rehausser) le message. Par la seule voix, l’auditeur peut donc se focaliser davantage sur le contenu verbal de l’émission. Il est plus attentif aux incohérences, aux dérapages, aux bafouillages. C’est pourquoi les orateurs doués a la radio sont pour nous une grande source d’inspiration, complémentaire des bons orateurs télévisuels.

Troisieme principe… Organisez vos idées en liste de 3 ! Et preparerz-vous a faire face a d’éventuels bafouillages, quoi qu’il arrive et quel que soit votre niveau… Poursuivre par l’article 20 conseils pour une prise de parole réussie

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L’argument d’autorité face au « fact checking » : distorsion des faits et références inventées

Nous avons déjà abordé sur ce blog le stratagème rhétorique argumentum ad verecundiam ou argument portant sur l’honneur, aussi appelé argument d’autorité.

Pour reprendre les mots de Schopenhauer, celui-ci le défini ainsi (stratagème n°30 dans L’art d’avoir toujours raison) : pour convaincre ou persuader, « au lieu de faire appel à des raisons, il faut se servir d’autorité reconnu en la matière selon le degré de connaissances de l’adversaire ».

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Le principe de l’argument d’autorité est le suivant : les gens préfèrent croire plutôt que réfléchir par eux-mêmes. Si on leur dit « telle personne a dit que… », et que cette personne a une quelconque légitimité à leurs yeux, cela suffit bien souvent pour qu’ils adhérent à l’idée en question.

C’est un peu le même principe utilisé dans la publicité : en montrant telle ou telle star consommant tel ou tel produit… Une nouvelle gamme de yaourts parfum moutarde ou camembert aurait-elle du succès ? Si on montre Zidane en manger, c’est possible !

En d’autres termes, l’argument d’autorité : c’est un raccourci vite fait.

Dans un débat, on ne cherche pas à se renseigner sur le sujet, on veut juste voir qui semble le mieux renseigné, et on se range de son côté… D’où l’importance de citer nombre de références, auteurs, ouvrages, etc. Et comme beaucoup n’y comprennent rien ou ne les ont peut-être même jamais lus, on peut leur faire dire tout et n’importe quoi.

Comme l’explique Schopenhauer : « On peut aussi, en cas de nécessité, non seulement déformer mais carrément falsifier ce que disent les autorités, ou même inventer purement et simplement ; en général, l’adversaire n’a pas le livre sous la main et ne sait pas non plus s’en servir ».

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On peut donc bluffer, en déclarant que les conclusions de tel ouvrage, telle étude ou tel rapport vont dans notre sens. On peut aussi chercher à piéger son contradicteur en lui demandant d’être plus précis, en l’interrogeant sur quelques passages bien délimités qu’on aura pris le soin d’étudier au préalable. On peut même aller jusqu’à créer de toute pièce un titre d’ouvrage, un nom d’auteur ou encore une citation ou un terme technique (ou, à l’inverse, accuser son contradicteur d’être celui qui invente) !

C’est le grand jeu des politiques lors des débats dans les médias : qui connait le mieux son « dossier » ? Cela ne garantit absolument pas d’être en mesure de le traiter, ni d’avoir de bonnes idées, mais dans l’imaginaire collectif le politique doit tout connaître. Les débats politiques sont de purs concours d’arguments d’autorité.

Voir la vidéo ci-dessus : un extrait du débat présidentiel de 2007 opposant Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. A la manière d’une institutrice, à 100% dans le jeu de l’argument d’autorité, Royal interroge Sarko sur « la part du nucléaire dans la consommation d’électricité en France »… puis cherche à le corriger. Qui a raison ? Qui « ferait mieux de réviser un peu son sujet » ? (cf. pique de ségo à sarko un peu plus tard dans le débat). Les chiffres et numéros fusent en tout sens, et pourtant tous les deux sont dans l’erreur

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Malgré cela les chiffres et statistiques produisent toujours un fort impact.

Par exemple, saviez-vous que 87% des gens croient à toutes les statistiques qu’on leur présente ? Selon le psychologue Andreas Snortgornüt, tout chiffre semble en effet avoir valeur de vérité. Alors qu’une autre étude, du sociologue français Nicolae Perteper, révèle que les résultats de plus d’1 sondage sur 4 sont inventés de toutes pièces*…

Attention cependant à la tendance qui se développe actuellement : le fact checking. Avec les smartphones et la possibilité de se connecter à internet où que l’on soit, tout le monde peut vérifier instantanément les références que vous êtes en train d’avancer. Plusieurs politiques se sont fait épingler de la sorte lors d’interviews télévisés (comme par exemple François Bayrou en 2012).

Bref, ne vous faites pas piéger. Ne vous laissez pas non plus impressionner par les chiffres ou références avancés par certains ! Posez-vous toujours la question : qu’est-ce que cela prouve réellement, et quel est véritablement le rapport avec le sujet du débat ?

* Ces chiffres (87% et 1 sur 4) et les noms (Andreas Snortgornüt et Nicolae Perteper) sont… totalement inventés… Évitez d’avoir une confiance aveugle dans les chiffres et les statistiques.

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Maitriser son image publique : 4 exercices types de media training

Le media training, ou « formation aux médias », se résume souvent à s’entraîner à parler devant une caméra… En réalité, la pratique du media training peut être bien plus riche et bien plus ciblée en fonction d’objectifs spécifiques.Voici notamment 4 formes possibles de media training :

Le speech

Sous sa forme la plus simple, il s’agit de s’exprimer sur un sujet donné face à une caméra. Deux modes possibles : intervenir sur un sujet préparé à l’avance, ou improviser. Dans les deux cas nous observerons un ensemble de réactions typiques telles que : les moments de gêne, les silences non assumés liés à des hésitations, regard fuyant et gestes involontaires trahissant un certain stress ou un manque d’assurance, etc.

Cette forme basique de media training est idéale comme première approche pour apprivoiser son image. Bien souvent, les personnes qui se découvrent à l’écran sont surprises de voir qu’elles donnent une image bien meilleure qu’elles ne pensaient. Elles se rendent également compte que leur principaux défauts ne sont pas là où elles croyaient. Le coach est là pour leur donner les clefs d’analyse tout en indiquant les points faibles à améliorer, ainsi que les points forts à consolider.

L’interview

A la différence du speech, il s’agit de répondre aux questions posées par le media trainer (= le coach qui filme). C’est la forme habituelle de la plupart des séances de media training. L’exercice peut sembler plus facile, car c’est au media trainer (dans le rôle du journaliste) de rythmer convenablement l’entrevue, de meubler et de relancer la discussion quand il le faut.

Cependant, attention : le journaliste peut chercher à piéger la personne interviewée, à lui tirer les vers du nez, à lui faire dire ce qu’elle n’a pas dit, à la provoquer… Une interview peut donc prendre des allures de joutes verbales, où la personne interviewée ne doit pas se laisser entraîner n’importe où, en donnant juste ce qu’il faut d’infos tout en évitant la langue de bois, face à un journaliste en quête de scoops, d’aveux, de révélations et de scandales.

Le débat contradictoire

Tous les coups sont permis. Entre deux candidats qui débattent, il n’y a plus la courtoisie propre à l’interview du journaliste. Le débat a ses règles, bien sûr, mais il se présente d’emblée comme un combat et non comme une simple discussion. Le but n’est pas de rechercher un accord mais au contraire, pour chaque débatteur, de marquer et de maintenir au mieux sa position.

Ce type d’exercice est excellent pour les candidats politiques. Il est également très utile pour les dirigeants d’entreprise devant se préparer à répondre à des attaques, par exemple en communication de crise (consommateurs critiquant un produit…). Bien sûr, il impose d’être deux (à moins que le media trainer joue également le rôle du contradicteur).

Le micro-trottoir

Forme peu habituelle de media training, le micro-trottoir est particulièrement recommandé en communication politique pour former les militants d’un parti. Il s’agit d’une sorte d’interview impromptue, pouvant être réalisée n’importe où, notamment dans la rue.

Pour réaliser correctement cet exercice, la scénarisation est primordiale. Il faut imaginer un contexte et se mettre en situation. Imaginons par exemple des journalistes posant des questions à des passants en marge d’une manifestation, ou à des personnes réunies lors d’un congrès… Lorsqu’on est militant, comment profiter au mieux de cette tribune soudainement offerte ? L’environnement est également déterminant : il faut s’entraîner à rester concentré même dans des lieux très bruyants, par exemple avec beaucoup de monde parlant autour…

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Apprennez à détecter les microexpressions, signes d’émotion et indices de mensonge…

Que nous cachent nos hommes politiques et autres professionnels de la communication ?

Ces personnages rompus à l’exercice du débat et du discours ont-ils, au cours des années, atteint une maîtrise parfaite de l’exercice, au point de contrôler chacun de leur mouvement, intonation, émotion et signe d’anxiété ?

En janvier 2012, à l’approche des élections présidentielles françaises, une soirée du Club Éloquence de Paris fut consacrée aux débats présidentiels de 1974 à nos jours. Nous avons analysé tous les débats télévisés des entre-deux-tours, notamment à la recherche de signes d’émotions. Ces signes, invisibles pour l’œil non entraîné, révèlent à qui sait les capter le véritable ressenti des candidats.

En particulier, je me suis intéressé à ce que l’on appelle les « micro- expressions » de nos hommes politiques. Ce sont des signes très brefs d’émotions, qui apparaissent en moins d’une seconde lorsqu’une personne cherche à cacher et à supprimer tout signe d’émotion sur son visage mais qu’elle n’y parvient pas totalement.

Intéressons-nous par exemple au débat présidentiel de 2007, opposant alors Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal…

Dans la vidéo ci-dessus, l’un des deux candidats illustre parfaitement le propos ici… Mais sauriez-vous dire lequel ? Quels sont les signes que vous pouvez détecter dans ce court extrait ? Et surtout, quelles sont les émotions révélées ?

Regardez donc à nouveau cette vidéo, autour du passage 00:51 – 00:53.

En l’espace de deux secondes, Nicolas Sarkozy lâche deux belles micro- expressions :

1. Nicolas Sarkozy micro-expressions mépris débat ségolène royal

2. Débat sarko royal micro-expressions faciales mépris émotions fondamentales

Ce sont des expressions de dégoût/mépris, caractérisées par un soulè- vement unilatéral de la lèvre supérieure.

Elles apparaissent en séquence lorsque N. Sarkozy déclare : « et vous en faites quoi des 35 heures, vous les gardez ? ». Elles sont d’autant plus intéressantes que le candidat Sarkozy parvient à contrôler son corps et surtout une voix calme pour ne pas paraître méprisant, mais que l’espace d’un instant c’est son visage qui « trahit » son véritable ressenti.

Bien que les émotions ne nous révèlent jamais ce qui les a déclenchées, c’est souvent le contexte dans lequel elles apparaissent qui permet de formuler des hypothèses sur leurs origines.

Ici, les microexpressions de Nicolas Sarkozy apparaissent vraisemblablement en réaction à la thèse de son opposante sur le sujet des 35 heures.

En conclusion, nous venons d’illustrer la façon dont le langage non-verbal d’une personne peut révéler ses véritables émotions. Et lorsque les mots prononcés et le langage corporel émettent des signaux contradictoires, il se peut même que nous soyons face à un mensonge (imaginez par exemple une personne déclarant « je t’aime ! » avec une microexpression de dégoût)…

Pour apprendre à détecter les microexpressions ou les mensonges, je vous invite à vous rendre sur le site Détection du mensonge où vous trouverez de nombreuses analyses d’interventions médiatiques !

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