Imaginez la situation : vous êtes sollicité par une association pour donner une conférence. Devant 50 à 100 personnes. Dans un mois. Le thème ? Vous avez carte blanche, tant que c’est en lien avec votre métier ou votre spécialité. Plutôt flatté, et toujours motivé, vous acceptez.
Comment vous y prenez-vous pour préparer cette intervention ?
Que la conférence ait lieu dans un mois, 10 jours ou 1 an, votre préparation doit commencer le plus tôt possible, dès que vous en avez été informé : il s’agit d’ouvrir et laisser couler à flot le « robinet à idées », pour accumuler un maximum d’informations, et commencer à les organiser progressivement.
Toutefois, la qualité de votre intervention ne dépendra pas de la quantité d’informations que vous y mettrez. Et quelles que soient ces informations, cela ne saurait de toute façon suffire pour préparer un discours de façon efficace. Encore faut-il répondre précisément à la question : pourquoi intervenir à l’oral ?
Réponse : « Pour transmettre un message à un public donné. »
Dans cette réponse, il y a deux choses très importantes : le message bien sûr, mais aussi et surtout le public…
Tout part du public, et tout revient à lui. Le public est à considérer avec le plus grand intérêt, et le plus grand respect.
L’essentiel de votre préparation doit en effet se réaliser dans la perspective de toucher votre public. Et c’est donc par lui que tout doit commencer. Car c’est en fonction de lui qu’il faut adapter l’objectif et le message de votre intervention.
Ce qu’il y a de plus important dans un discours, c’est donc à qui il est destiné.
Une erreur fréquente consiste à se concentrer uniquement sur ce que l’on veut dire, ce que l’on pense bien ou nécessaire de dire, bref, à préparer le discours en fonction de soi, de ce qui nous plait ou nous semble intéressant, en oubliant complètement de penser à qui on est sensé s’adresser.
Or, un discours, c’est un peu comme le courrier. Vous pouvez rédiger la plus belle des lettres, si vous oubliez d’indiquer le destinataire sur l’enveloppe, ça ne servira strictement à rien. De même, si votre lettre commence par « Chère Madame », alors que vous l’envoyez à un vieil oncle, il est peu probable que votre message soit bien perçu.
Avant toute chose, pour guider votre préparation, vous devez donc clairement identifier votre public. Peu importe le discours en lui-même : ce qui compte, c’est à qui vous devez l’adresser. Et pour vous en convaincre, je vous propose de faire une petite expérience :
Pensez par exemple à une intervention, que vous avez déjà donnée, ou que vous pourriez faire, quel que soit le sujet. Envisagez maintenant d’intervenir sur ce même sujet face à différents publics successifs :
- Face à vos amis ;
- Face à votre famille ;
- Face à vos collègues de travail ;
- Face à des académiciens ;
- Face à des parlementaires, ou des responsables politiques ;
- Face à des scientifiques ;
- Face à une foule d’ouvriers ;
- Dans une classe de lycéens ;
- Devant un parterre d’agriculteurs ;
- Lors d’une soirée dans le cadre d’une croisière…
Vous voyez où je veux en venir ? Le type de public auquel nous nous adressons conditionne notre message et notre objectif. Nous seulement nous ne nous exprimerons pas de la même façon, nous n’évoquerons peut-être pas les mêmes informations, mais, surtout, nos interventions n’auront pas toujours le même but.
L’objectif d’une intervention peut être de : divertir, informer, convaincre, appeler à l’action…
Face à un public professionnel ou spécialisé (congrès, colloques, conventions…), on cherchera plutôt à informer. Face à un public généraliste, à convaincre ou appeler à l’action. Face à un public amical ou familial, à divertir. On distinguera encore entre public adulte, public enfant et « tout public », etc.
Et naturellement, en fonction du public et de l’objectif, le message sera très différent, tant du point de vue du contenu que de sa forme même (vocabulaire employé, références citées, exemples utilisés…).
Si vous êtes invité à une conférence ou si vous avez une intervention à faire, quel que soit le contexte, prenez toujours soin de vous renseigner sur votre public avant même de vous lancer dans la rédaction du discours :
Quel profil ? Moyenne d’âge ? Spécialisé ou pas ? Si oui, dans quel(s) domaine(s) ? De quelles informations dispose-t-il déjà ? Quelles sont les tendances générales (religieuses, politiques, philosophiques…) ? Et toute autre question qui vous semblera importante, selon votre sujet.
Ce n’est qu’après avoir identifié votre public que pourrez fixer votre objectif et, en fonction, élaborer votre message.
Pour vous souvenir de l’ordre de ces étapes dans vos préparations, retenez ce petit mot : « POM », trois lettres pour Public-Objectif-Message !