Les sportifs travaillent beaucoup sur leur souffle et sur leur rythme cardiaque. Ils peuvent eux aussi connaître le trac au départ d’une compétition. Cette montée d’adrénaline a des effets divers et impacte forcément leurs performances physiques. Pour ceux qui pratiquent un sport de combat, la pression peut causer des déséquilibres au point de les faire tomber, notamment lorsqu’ils tentent de donner un coup de pied.
Pour contrôler ces effets, les combattants (boxeurs, karatékas…) développent des exercices spécifiques dont le but est de simuler le stress en situation d’agression. Par exemple, certains boxeurs s’entraînent à donner des coups juste après avoir effectué une série intense de pompes ou de flexions, afin que leur rythme cardiaque soit au maximum. Ils apprennent ainsi à gérer leurs sensations lorsque leur cœur bat à fond, comme dans les cas où ils ont le trac ou que leur taux d’adrénaline est au plus haut – chaque fois qu’ils doivent affronter quelqu’un, que ce soit sous la pression d’une compétition ou dans la surprise d’une agression.
De manière similaire, le futur orateur doit suivre une véritable préparation physique comme ceux qui pratiquent un sport en compétition. D’une façon générale, un régime alimentaire équilibré et des entraînements aérobiques réguliers ne peuvent que vous être bénéfiques. Plus précisément, voici un exercice simple qui vous permettra de ressentir les effets d’une montée d’adrénaline sur votre capacité à vous exprimer à l’oral :
Niveau 1
Choisissez un texte court, d’une page maximum. Effectuez une quarantaine de flexions (les pieds légèrement écartés, le bassin verrouillé et le regard droit devant vous, pliez les jambes puis redressez-vous, quarante fois), et commencez aussitôt la lecture du texte à voix haute. Vous devrez bien sûr vous efforcer d’être le plus fluide possible, sans être trop lent non plus, malgré le souffle coupé. Cet exercice vous habitue ainsi aux sensations de stress les plus prononcées lors d’une prise de parole en public.
Niveau 2
Pour les plus entraînés, vous pouvez corser la difficulté en enchaînant ou débutant la lecture en pleine série de pompes. L’idéal est que le texte soit imprimé sur une page A4, avec une taille de caractère suffisante – un livre grand format qui reste bien ouvert fera aussi l’affaire. Placez la feuille par terre, sous vos yeux, et commencez à lire en pompant (les deux mains de part et d’autres de la page, le corps parfaitement à l’horizontal). Veillez à bien coordonner la respiration et les mouvements. Dans un premier temps, soufflez quand vous poussez, pour remonter. Lors des séries suivantes, inversez le rapport et inspirez en poussant, soufflez en descendant.
Attention ! Ces exercices doivent être réalisés sous la surveillance d’un entraîneur spécialisé. Faites appel aux services d’un coach sportif diplômé d’État ou parlez-en dans votre club de fitness.
De cette façon, en découvrant les sensations du trac et en développant votre capacité à les contrôler, vous apprenez aussi à moins les craindre. Car si la peur est essentiellement à l’origine du trac, elle peut tout autant être redoutée pour elle-même : en somme, il est possible – et même fréquent – d’avoir « peur d’avoir peur ». A défaut d’éliminer la peur initiale, la plus profonde, celle du public et du regard des autres, vous pourrez donc surmonter l’inconfort de ses effets, ce qui est un moindre mal pour débuter.
Par ailleurs, toujours à la manière des sportifs, il est important de se préparer mentalement, de se détendre et de s’échauffer avant toute intervention. Essayez de vous isoler quelques minutes avant votre passage. Faites le vide, concentrez-vous sur votre respiration. Expirez par la bouche en l’entrouvrant légèrement, soufflez longuement, et inspirez par le nez en gonflant le ventre. Relâchez vos épaules, votre mâchoire, tout en laissant tomber doucement votre tête en avant. Repensez à des épreuves où vous avez connu des angoisses similaires, mais que vous avez su dépasser, et qui vous ont finalement apporté fierté et satisfaction.
Durant cette phase, évitez de rester assis. Dès que vous vous sentez suffisamment calme ou serein, enchaînez avec quelques mouvements d’échauffement : droit sur une jambe, agitez l’autre vigoureusement. Changez de jambe et recommencez. Agitez également les mains, puis effectuez des gestes circulaires avec les bras. Étirez-les vers le haut. Échauffez aussi votre mâchoire et votre visage en faisant des grimaces, en ouvrant grand votre bouche et en faisant mine de mâcher une grosse boule de chewing-gum. Prononcez quelques mots et formez divers sons, en veillant bien sûr à ce que personne ne vous entende.
Encore une recommandation pour le jour et la veille de votre intervention, comme pour une compétition : ne mangez pas trop ! Une soupe pour le dîner, une salade pour le déjeuner, restez léger. Manger trop lourd risque toujours de provoquer quelques ennuis digestifs, et entraîne souvent l’envie de dormir, notamment en début d’après-midi. Par ailleurs, si vous arrivez à tenir ce régime bien au-delà du jour de l’intervention et celui le précédant, vous ne vous en porterez bien sûr que mieux.