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Pour produire des idées qui « collent », utilisez le storytelling

Pour votre prochain discours, vous avez trouvé une idée. Mais comment transformer une idée simple, basique, en vraie bonne idée ? C’est à cette question que les auteurs Chip et Dan Heath ont voulu répondre dans leur ouvrage Made to Stick, écrit par Chip et Dan Heath. Et parmi tous les principes qui font d’un simple idée une bonne idée, celui-ci est peut-être le plus important : utilisez les ressorts du storytelling… Facile à dire, mais pas évident à faire. Comment vous y prendre ? Voici mes astuces pour vous aider à construire votre message grâce au storytelling :

– Tout d’abord, une idée dans une histoire : faites agir, soyez un stimulus ! Montrez à votre public l’exemple de comment agir, simulez des événements passés pour résoudre un problème de façon efficace de manière à améliorer le futur.

– Donnez de l’inspiration, donnez de l’énergie pour vouloir agir.

– Soyez puissant grâce au contexte (manque toujours à l’idée abstraite)

– Donnez de l’inspiration en combinant ces différents aspects, en fonction du genre qui vous correspond le plus et du message que vous voulez faire passer :

  • Le challenge : David contre Goliath, créer votre entreprise…
  • La connexion : Le bon Samaritain, être ami (ou plus) avec tout le monde…
  • La créativité : ayez des idées créatives pour résoudre les problèmes…

– Changez la façon dont les personnes réagissent : une bonne histoire doit rendre l’auditeur acteur, pas seulement spectateur passif ! Donnez-leur un coup de poing entre les yeux et proposez leur de vous le rendre…

– Dressez un tableau des possibilités : montrez de quelle manière les choses peuvent changer, faites fonctionner la petite voix dans la tête de votre auditoire, ne présentez pas seulement de purs faits.

Si vous suivez ces 6 règles, vous emmènerez vos auditeurs jusqu’au bout du monde. Pour leur faire décrocher la lune, il vous faudra combiner la puissance du storytelling avec tous les autres principes abordés dans l’ouvrage Made to stick (excellent ouvrage traduit en français par Ces idées qui collent), je résume :

– Une idée qui attire l’attention : inattendue, qui attise la curiosité, qui surprend par la « logique cassée ». Ne donnez pas toutes les informations à vos interlocuteurs, pour leur donner envie d’en savoir plus. C’est le secret. Trop d’orateurs cherchent à être exhaustifs !

– Une idée comprise et retenue : concrète, acceptée et crue, crédible. S’ils vos interlocuteurs ne croient pas en votre idée, trouvez les détails concrets qui les feront y croire. Si vous passez votre temps à argumenter avec eux, dressez un tableau de possibilités, quittez les statistiques pour aller vers les exemples parlants, utilisez des anecdotes.

– Une idée qui les concerne : en misant sur la dimension émotionnelle (joie, colère, tristesse, espoir, peur…). Si vos interlocuteurs sont individualistes, utilisez une histoire d’individus basée sur le challenge et la créativité, faites appel à leur identité. S’ils ne sont pas intéressés, sortez de la base de la pyramide de Maslow (survie alimentaire, sécurité physique) et parlez à des intérêts supérieurs.

– Une idée sur laquelle ils peuvent agir : utilisez des histoires, utilisez le storytelling comme nous l’avons vu plus haut. Si vos interlocuteurs acquiescent mais n’agissent pas, simplifiez et rendez l’idée plus concrète, inspirez avec une histoire de challenge, utilisez le tableau des possibilités, transformez l’histoire en un proverbe ou dicton connu. S’il y a différents niveaux de connaissance présents : créez une idée hautement concrète (cette sacoche en cuir marron sur la table est l’ordinateur portable du futur).

Grâce à ces différentes techniques, vous décuplerez votre capacité d’influence, votre force de conviction, et vous pourrez entraîner votre public absolument partout où vous voulez, vous pourrez motiver les meilleurs pour vous accompagnez dans tous vos projets, et atteindre des sommets !

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Comment transformer une bonne idée en véritable succès ? Misez sur la simplicité !

Les idées naissent-elles intéressantes, ou sont-elles rendues intéressantes ? Ne vous arrêtez pas à votre première intuition : quand vous avez une bonne idée, il ne suffit pas d’y penser « un peu » et croire que cela suffit. Une fois esquissée, mise en mots sur papier, il faut la travailler, la remanier, la développer…

Mais inutile non plus de faire trop sophistiqué ! Au contraire, la vraie difficulté est de faire simple, très simple extrêmement simple, le plus simple possible… Comme le disait Léonard de Vinci : « La simplicité est la sophistication suprême ». Faire vraiment simple est paradoxalement l’exercice le plus difficile… Voici quelques principes fondamentaux à suivre pour y parvenir, reprenant la méthode du livre Made to stick afin d’élaborer une idée simple :

– Trouvez le cœur de l’idée, et ne dites que le cœur, même si d’autres choses sont importantes ne les dites pas. Si vous dites trop de choses, vous ne dites rien. Dites une seule chose, mais dites-la bien.

– Contentez-vous de dire « la chose la plus importante à faire est… » Ne donnez pas d’instruction précise mais donnez l’intention, le but, et invitez les personnes à l’atteindre.

– Retirez progressivement les phrases en trop et les concepts superflus pour trouver le cœur de l’idée. Il est difficile d’enlever des choses que l’on a écrites soi-même car tout nous paraît important, donc si nécessaire : demandez à une personne non concernée de le faire…

– Ecrivez le principal : imaginez que vous êtes un journaliste et que vous ne pouvez passer qu’un message avant que l’antenne ne soit coupée par une page de publicité… Que diriez-vous ? « Toute l’université sera à Metz demain pour un colloque » n’est pas un bon message. « Pas cours demain » est un bon message !

– Il peut être douloureux de mettre de côté des choses qui nous semblent importantes, mais cela est nécessaire. Dites-en moins, mais en mieux… Au final vous y gagnez.

– Il ne faut pas chercher à faire moins utile et plus intéressant. Ecrivez un cœur intéressant.

– Utilisez des images similaires parlantes. Par exemple : « le pamplemousse ressemble à une grosse orange avec une peau plus épaisse ». Facile et simple à comprendre. Évitez d’être trop technique dans vos explications à la con.

– Utilisez les proverbes et les dictons, type « il n’y a pas de fumée sans feu ». Ce qui est faux, cela dit, mais on s’en fout (oui on peut faire de la fumée sans feu, c’est désormais techniquement possible…).

– Prenez exemple sur vos films favoris : « Speed, c’est 58 minutes pour vivre dans un bus ». Putain quel exemple de merde. Mais vous avez capté le principe.

– Utilisez des métaphores : transformez votre idée en une image simple, qui retranscrit une notion compliquée. Facile à dire, hein. Utilisez par exemple la technique de la photo mentale.

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Vous avez une idée ? Transformez-là en idée « collante » pour scotcher votre public !

Une bonne idée est faite pour être transmise, ce qui veut surtout dire qu’elle doit être non seulement comprise par le récepteur, mais surtout retenue, et pour cela lui apporter quelque chose. Dans leur livre cultissime Made to Stick (traduit en français sous le titre Ces idées qui collent), Chip et Dan Heath détaillent les caractéristiques de ce qu’est selon eux une bonne idée. Pour eux, une bonne idée est une idée qui colle, c’est-à-dire une idée qui adhère d’elle-même aux gens avec qu’ils n’y adhérent… Voilà les six caractéristiques, les six points communs à toutes ces bonnes idées bien « collantes » :

1 – Une bonne idée est une idée Simple
Une idée simple est une idée qui priorise le message. Posez-vous ces questions : Quel est le cœur du message ? Puis-je le communiquer facilement et clairement ? Rester simple est loin d’être facile, au contraire, c’est peut-être même l’exercice le plus difficile…
Lire l’article Comment rester simple !

2 – Une bonne idée est une idée Inattendue
Bousculez les schémas établis et vous gagnerez l’attention. Rendez votre auditoire curieux et vous la conserverez. La surprise est le meilleur moyen de capter l’attention.
Lire l’article Comment capter l’attention !

3 – Une bonne idée est une idée Concrète
Vos idées doivent êtres concrètes, l’abstrait n’est pas mémorable. Utilisez des métaphores. Dessinez une image. Implantez votre idée dans l’esprit de vos auditeurs, utilisez des proverbes et des dictons, ou des structures verbales y ressemblant.
Lire l’article Comment rester concret !

4 – Une bonne idée est une idée Crédible
Vos idées doivent paraître crédibles, honnêtes. Crédibles de l’extérieur (légitimité légale, scientifique). Crédibles de l’intérieur (statistiques paroles, détails intéressants). Votre idée doit être essayée avant d’être achetée.
Lire l’article Comment gagner en crédibilité !

5 – Une bonne idée est une idée qui fait appel à l’Emotion
L’auditoire s’intéresse aux gens plus qu’aux chiffres. N’oubliez jamais « what’s in it for you », ce que l’auditoire peut retirer de votre idée. Evaluez la pertinence de votre idée, pourquoi on devrait s’y intéresser.
Lire l’article Comment transmettre des émotions !

6 – Une bonne idée est une idée qui exploite les ressorts du Storytelling
Via la simulation et l’inspiration, les histoires mènent aux actions. Elles permettent de montrer comment un problème peut être résolu. Elles permettent d’intégrer les 5 principes précédents.
Lire l’article Comment utiliser le stoytelling !

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Rhétorique et figures de style : petite histoire d’une imposture…

Ce que nous appelons aujourd’hui « rhétorique classique » s’apparente à un gigantesque inventaire de toutes les figures de style possibles et imaginables, définissant avec précision leur mode de construction et les étiquetant de noms tous plus techniques les uns que les autres. A titre d’exemples : anacoluthe, anacyclique, anadiplose, anastrophe, métonymie, paronomase, homéotéleute… On peut en recenser près de deux cents !

De temps à autres, le grand public découvre l’un de ces termes barbares au détour d’un grand débat ou discours politique : l’anaphore connut une certaine publicité à la suite du débat présidentiel opposant Hollande à Sarkozy en 2012… Une anaphore est une figure de style qui consiste à répéter en début de phrase un même mot ou groupe de mots. L’anaphore rythme le discours, lui donne un effet musical, et communique ainsi plus d’énergie tout en renforçant une affirmation, en suggérant une urgence. A la question « Quel Président comptez-vous être ? » Hollande avait alors répété 15 fois dans sa réponse : « Moi président de la République… » Revisionnez ce moment en entier et dites-moi sincèrement ce que vous en pensez :

Hollande s’essouffle au fil de son anaphore, elle est lassante et finalement bien peu impactante. L’expert Clement Viktorovitch la qualifie même de « piteuse » : « Certes, dans les premières secondes, elle ne manque pas de panache. Mais elle est beaucoup trop longue : 16 occurrences ! Alors que l’anaphore doit normalement donner du rythme au discours, celle-ci introduit au contraire de la monotonie – d’autant qu’elle a été apprise et récitée par cœur, au mépris de tout naturel. L’anaphore est de surcroît efficace lorsqu’elle crée une montée en intensité (…) Or, ici, François Hollande place les éléments les plus marquants au début de sa période, si bien que loin de progresser, l’émotion suscitée diminue au contraire au fil de la figure ! »

Mais du fait de mobiliser la terminologie rhétorique pour son analyse, une « aaanaaaphooore », la formule reste dans les mémoires comme la preuve d’un certain talent oratoire…

La Bruyère fait remarquer dans ses Caractères « Le peuple appelle éloquence la facilité que quelques-uns ont de parler seuls et longtemps, jointe à l’emportement du geste, à l’éclat de la voix et à la force des poumons. », autrement dit : le peuple se fait duper par quelques effets de manches (voir à ce sujet le 7e paragraphe de l’article La théorie des trois styles oratoires). De même concernant les préjugés dénoncés par La Bruyère concernant les caractéristiques des grands orateurs, on aurait tort de voir dans le seul usage d’une expression identifiée comme une figure de style la preuve d’une rhétorique élaborée.

Toute expression peut en réalité être désignée comme une figure de style, même une erreur de syntaxe, une faute de grammaire ou une brusque interruption dans la phrase. Fournir un nom technique pour caractériser l’erreur en question ne gomme pas celle-ci pour autant. Mais en l’habillant – en l’affublant d’un si joli nom tel que, par exemple, une énallage, une parataxe, une épenthèse ou une aphérèse… – elle se voit ainsi transfigurée.

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Comment parler de soi et de sa recherche d’emploi ?

Parler de soi et de sa recherche d’emploi est toujours délicat. Le choix des mots est déterminant et vous positionne d’emblée en leader… ou en boulet. Comment devenir cette personne à qui sourient les opportunités ?

Cités dans Cadremploi, les experts en communication Helene Picote et Valentin Becmeur livrent de précieux conseils à toutes celles et tous ceux qui traversent une période transitoire côté boulot, qui se posent des questions – et qui n’aiment pas trop quand on leur pose celle-ci : “…et VOUS… vous faites QUOI dans la vie ?” (Lire l’article sur Cadremploi : Comment parler de sa recherche d’emploi en société ?)

Lors d’une discussion tournant autour de votre activité – ou recherche de nouvelle activité -, voici donc 6 conseils à suivre :

1 : Éviter le terme « chômage »

Prononcer les mots « chômage » ou « recherche d’emploi » peut s’avérer contre-productif pour un chercheur d’emploi. « Aujourd’hui encore, le terme chômage fait l’effet d’une maladie. Les gens ont peur de l’attraper, donc ils fuient », prévient Hélène Picot, coach spécialisée en reconversion professionnelle. Parler de recherche d’emploi vous place d’emblée en position de demandeur… A éviter, donc, utilisez de préférence un registre sémantique pro-actif !

2 : Se montrer proactif

« L’objectif est de prouver que vous avez encore de l’énergie à revendre et que vous faites toujours preuve de leadership. Bref, que vous ne subissez pas la situation », conseille Valentin Becmeur. À la sempiternelle question que tout le monde pose dans les dîners en ville, « et vous, que faites-vous actuellement ? », répondez par exemple « je fais quelque chose que j’ai toujours rêvé de faire : j’apprends une nouvelle langue, je suis inscrit à une formation, etc ». Ou encore « j’actualise mes compétences », etc.

3 : Parler de sa recherche avec parcimonie

Parler du nombre de CV que vous avez envoyés, du nombre d’entretiens décrochés, et du nombre de refus… est contre-productif. En réalité toutes ces données n’intéresseront pas votre auditoire. En revanche, expliquer pourquoi vous tenez absolument à travailler dans telle entreprise ou tel secteur est judicieux. « Montrez que vous êtes encore plus sélectif qu’avant et certainement pas prêt à prendre un poste par défaut. Peut-être que dans l’auditoire, une personne pourra vous introduire dans la société visée ou vous recommander dans une entreprise similaire », conseille l’expert en communication Valentin Becmeur.

Decouvrez les autres conseils des experts Hélène Picot et Valentin Becmeur sur Cadremploi : Comment parler de sa recherche d’emploi en société ?

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Pour aller plus loin :

Pour parler de votre recherche d’emploi et plus globalement pour parler de vous, de tout et de rien, bref, être à l’aise en société pour converser librement et cultiver des relations sympathiques, vous gagnerez à vous intéresser à ce que les anglo-saxons appellent small talking : il existe de véritables techniques pour « meubler », éviter les blancs gênants et relancer les conversations avec enthousiasme. Plusieurs manuels de small talking vous apporteront de précieux conseils dans ce sens, par exemple : Small talk de Florence La Bras, et Le Grand Art de la Petite Conversation de Debra Fine. Deux indispensables qui trouveront une place de choix dans votre bibliothèque !

Toutefois, maîtriser ce subtil art du small talking ne vous épargnera pas la nécessité de bâtir un bon CV pour accompagner votre recherche d’emploi. D’une certaine manière, préparer un CV dans les règles de l’art est une excellente façon de réfléchir à vos éléments de langage pour parler de vous lors des discussions privées. En effet, vous devez savoir que le choix des mots peut faire toute la différence et qu’il faut donc utiliser certains mots et verbes à fort impact pour rendre votre CV plus attractif ! De même pour décrire votre niveau de langue dans un CV.

Inversement, évitez les plus grosses mais hélas trop courantes erreurs dans votre CV. Si vous devez mettre en avant certaines références pertinentes sur un CV, toutes les informations ne sont pas nécessaires et il faut apprendre à optimiser son CV pour ne pas le surcharger, trop d’informations se révèle en effet souvent contre-productif… Exactement comme dans nos conversations lorsqu’on parle de soi et tout particulièrement lors de ces délicates périodes où l’on est à la recherche d’un nouvel emploi.

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Qu’est-ce qu’un « sophiste » ?

A celles et ceux qui se targuent « d’appeler un chat un chat« , posons-leur la question de l’usage des termes « rhéteur » et « sophiste ». En dépit de toutes les précautions quant aux préjugés concernant la rhétorique, le terme même de « rhéteur » est quasiment toujours employé de façon péjorative, entendu comme synonyme de beau parleur, bonimenteur, voire menteur ou arnaqueur !, autrement dit d’un individu usant du langage pour embrouiller les esprits et abuser des gens plutôt que les élever et les amener à réfléchir par eux-mêmes…

De même pour les « sophistes », terme par lequel étaient désignés les orateurs et professeurs d’éloquence de la Grèce antique, que Platon accusait de ne chercher que l’efficacité persuasive de la parole, quelque soit la cause à défendre, indépendamment de la vérité.

En réalité, nous sommes tous rhéteurs. D’une certaine manière nous faisons tous de la rhétorique sans y réfléchir, un peu comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir.

Lorsque nous parlons, nous avons toujours un objectif, conscient ou inconscient : convaincre, intéresser, informer ou s’informer, plaire, séduire, amuser, passer le temps, entretenir de bonnes relations, se faire remarquer, passer pour quelqu’un d’intelligent ou de cool… Chaque mot que nous employons, chaque formule ou expression que nous utilisons vise donc à produire un certain effet sur les personnes auxquelles nous nous adressons.

Dans cette perspective, la rhétorique consiste en premier lieu à étudier, à analyser et à répertorier les techniques d’expression les plus efficaces en vue de produire l’effet désiré. Être reconnu comme bon rhéteur ou même sophiste devrait finalement être flatteur, et non perçu comme une forme d’ironie ou de péjoration. Paul Valéry : « Si quelqu’un traite quelqu’un de sophiste, c’est qu’il se sait plus sot. Qui ne peut attaquer le raisonnement, attaque le raisonneur. C’est ici une loi analogue à celle qui fait que l’on se détruit tout entier pour supprimer un mal particulier enchevêtré dans le bien : Loi de l’expédient. »

Par extension, de la même façon que nous faisons de la rhétorique sans le savoir, tout énoncé ou structure de mots – à l’oral ou à l’écrit – peut s’analyser d’un point de vue rhétorique. Une certaine façon de s’exprimer, par l’usage d’un certain vocabulaire et de certaines expressions, permet de montrer son appartenance à une communauté ou de s’en démarquer. Dans cette perspective, la rhétorique vise aussi à identifier les caractéristiques langagières de telle ou telle communauté, tel ou tel groupe d’individus, telle ou telle tendance… On peut ainsi parler d’une rhétorique révolutionnaire, d’une rhétorique de gauche, de droite, d’une rhétorique scientifique… Il convient d’identifier le public cible pour verser dans le registre qu’il entend le mieux.

Evoquons aussi ici la rhétorique comme art du débat, ou « dialectique éristique ». La dialectique correspond à la discussion et au dialogue, par lequel deux interlocuteurs au moins, défendant des thèses apparemment contradictoires ou opposées, cherchent à établir la vérité. La dialectique est donc à une méthode de réflexion – et la confrontation d’une thèse et de son anti-thèse ne mène pas nécessairement à la victoire de l’une sur l’autre, mais à la victoire des deux au travers d’une synthèse.

« Eristique » vient du grec eristikos, qui signifie « qui aime la controverse ». Par extension, le qualificatif « éristique » peut désigner toute personne cherchant toujours à discuter, chicaner, contester, douter, ergoter, s’opposer par principe, se faire l’avocat du diable… Tout le contraire de dialectique.

La « dialectique éristique » est donc une sorte d’oxymore, désignant un certain type de rapport entre deux personnes au moins cherchant à se convaincre mutuellement, et étant prêtes pour cela à user de tous les moyens possibles. La dialectique éristique est d’ailleurs le titre d’un célèbre ouvrage de Schopenhauer, également traduit en français par… L’art d’avoir toujours raison !

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La théorie des trois styles oratoires selon Cicéron

Immense orateur et référence en matière d’éloquence, Cicéron a rédigé de nombreux ouvrages et manuels de rhétorique. Dans son ouvrage majeur sur l’« orateur idéal », De oratore, il expose les grands principes de l’art oratoire, poursuivant ainsi l’effort de théorisation de la rhétorique trois siècles après Aristote.

La théorie des trois styles oratoires

Parmi les trois genres de discours distingués par Aristote (que sont le discours judiciaire, le discours démonstratif et le discours délibératif, lire l’article Aristote, premier grand théoricien de la rhétorique), Cicéron s’attache avant tout au genre judiciaire, forme d’éloquence qu’il a lui-même pratiquée avec un immense succès lors de ses plaidoyers devant les tribunaux. Mais il identifie à son tour trois styles, qui traversent tous les genres de discours.

Dans n’importe quelle cause, explique-t-il, l’orateur doit renseigner son auditoire, l’instruire (docere), éveiller en lui la sympathie (placere), et savoir l’émouvoir en faisant appel au pathétique (movere). Le movere s’attache au style sublime, le placere au style tempéré et le docere au style simple.

On ne vient au style sublime que progressivement, graduellement. Un orateur qui démarrerait son intervention dans un style « sublime » serait en réalité grandiloquent, et non éloquent. Il faut commencer en douceur, de façon simple, prendre délicatement en main le public, pour l’amener à un style plus vivant (modéré), et enfin basculer complètement dans le pathos, l’émotionnel, le sublime.

Attention également à la cause pour laquelle on plaide. Cicéron prévient : « Rien n’est plus inconvenant que de plaider avec grandiloquence une affaire de gouttière devant un seul juge, et d’évoquer avec réserve et simplicité la grandeur du peuple romain ! » et il n’a pas de mots assez durs pour disqualifier l’orateur qui serait « exclusivement orienté vers le sublime » :

« …S’il n’a pas tempéré sa faconde par les deux autres styles, il mérite le plus grand mépris. L’orateur du style simple passe pour un sage par la finesse et la pertinence de ses propos de vieux routier ; celui du style moyen est agréable ; mais l’orateur sublime, s’il ne connaît pas d’autres tons, passe presque pour un fou. Celui qui se met à embraser les esprits sans y avoir préparer l’auditoire, qui ne peut rien dire tranquillement, posément, qui ne sait distribuer, définir, nuancer, plaisanter – à plus forte raison quand certaines causes l’exigent, totalement ou partiellement – fait l’effet d’un aliéné parmi des gens sensés, d’un frénétique pris de vin parmi des gens à jeun. »

Pourtant, en matière d’éloquence, semble s’être répandu le préjugé qui consiste à tenir pour « grand orateur » celui qui s’agite et donne de la voix. La Bruyère fit remarquer dans ses Caractères : « Le peuple appelle éloquence la facilité que quelques-uns ont de parler seuls et longtemps, jointe à l’emportement du geste, à l’éclat de la voix et à la force des poumons. » Autrement dit, le peuple se fait duper par quelques effets de manches ; non pas qu’il se laisse aisément convaincre, mais prêtera à tel tribun des qualités oratoires et d’esprit qu’il n’a pas.

La frontière est mince entre éloquence et grandiloquence, comme on peut le voir par exemple avec un orateur de la trempe de Mélenchon : particulièrement brillant et éloquent la plupart du temps, il bascule parfois malgré tout dans une forme de grandiloquence, c’est le risque de tout grand orateur. Mais attention, les tribuns et politiciens chez qui l’on veut reconnaître un « style » sont souvent ceux qui en ont le moins… Exemple typique d’orateur « à style » : Villepin. L’orateur n’est pas un acteur de théâtre, et tout surjeu doit être démasqué. Un style trop léché, trop travaillé, trop cultivé, masque finalement l’absence de style véritable, autrement dit d’individualité, ou de caractère… (voir l’article 8 principes pour rester authentique lors d’une prise de parole en public)

Dans l’idéal, les trois styles de discours définis par Cicéron doivent être utilisés successivement. Mais, même si la cause justifie de verser dans le pathétique, il n’est pas toujours possible de parvenir jusqu’à ce stade – le stade du style modéré étant parfois lui-même difficile à atteindre. Cela dépend des prédispositions de l’auditoire (pathos), de la sincérité ou de l’authenticité dans l’émotion que celui-ci perçoit chez l’orateur (son ethos), mais aussi du timing : a-t-on ou non le temps de progresser chronologiquement jusqu’à ce stade dans le discours ?

Cela dépend aussi de l’orateur en lui-même, de ses capacités – comme nous l’avons vu avec Démosthène par exemple, qui excellait dans le style simple mais qui était cependant physiquement, physiologiquement, au niveau de son souffle et sa voix, limité à ce style et ne pouvait que très difficilement gronder ou élever le ton pour verser dans le sublime. Cicéron précise :

« Certains orateurs sont loquaces et déversent un flot de paroles ; l’éloquence, pour eux, est une question de volubilité. D’autres aiment les silences qui viennent ponctuer le discours, les pauses et les respirations. Quelle différence ! Et pourtant, ces deux styles ont chacun leur perfection. D’autres encore cultivent la douceur et l’uniformité, un style pur et limpide, en quelque sorte, tandis que certains recherchent des termes durs, sévères, et leur discours n’est pas exempt d’une sorte de tristesse. La distinction que nous avons opérée plus haut entre les discours simple, sublime et tempéré s’applique aussi aux orateurs : ils se répartissent en trois genres, de la même manière qu’il y a trois genres de style. »

Il reconnaît que « certains orateurs ont brillé dans l’un d’eux, mais très peu dans les trois à la fois », et tout en considérant Démosthène comme un modèle d’éloquence, il observe qu’il ne s’en tient qu’au style simple – malgré tout préférable à celui qui ne s’en tiendrait qu’au style sublime…

Pour Cicéron, l’orateur idéal est donc celui qui se révèle capable d’adopter chacun de ces trois styles, et qui a suffisamment d’à-propos pour savoir quand tel ou tel style est approprié, à la fois à quelle étape du discours et selon quelle cause défendue, quel message porté. C’est « celui qui sait employer le style simple pour disserter sur les sujets insignifiants, le sublime pour aborder les grands problèmes, et le tempéré pour traiter des questions moins élevées. » Retenons de même ce véritable mot d’ordre du bon communicant :

« L’homme éloquent que nous cherchons sera donc capable de prouver, de plaire et d’émouvoir, dans un plaidoyer comme dans un discours politique. Prouver est une nécessité, plaire une douceur et émouvoir une victoire. S’il émeut l’auditoire, sa cause est gagnée. A ces trois taches correspondent trois genres de styles : le simple pour prouver, le tempéré pour plaire et le véhément (ou sublime) pour émouvoir. C’est dans ce dernier genre que l’on trouve concentrée toute la puissance de l’orateur. »

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Aristote, premier grand théoricien de la rhétorique

Contemporain de Démosthène : Aristote. Comme nous l’avons vu avec le manuel de Corax, la rhétorique est véritablement née dans le champ judiciaire. Avec le développement des institutions démocratiques de la Grèce antique, elle entre rapidement dans la vie politique. Environ un siècle après Corax, Aristote consacre pleinement l’extension des champs d’application de la rhétorique.

Les trois genres de discours

Selon lui, le discours judiciaire n’est qu’un genre parmi d’autres, parmi trois genres avec le démonstratif et le délibératif :

– Le genre judiciaire, comme évoqué, a ceci de particulier qu’il prend forme dans le cadre d’un procès. Il s’agit alors non de convaincre la partie adverse, mais un tiers, le juge ou les jurés. Selon la partie que l’on représente ou que l’on constitue, il faut se défendre, ou accuser. Il s’agit de déterminer si l’accusé est bien responsable ou non du fait qui lui est reproché et, selon, lui attribuer ou non une certaine peine.

– Le genre démonstratif (aussi appelé épidictique, « qui sert à montrer ») a pour objet la louange ou le blâme. Par exemple, un éloge funèbre.

– Le genre délibératif est propre au débat démocratique. La délibération porte sur l’avenir, elle a pour enjeu une prise de décision sur la base d’un accord établi entre les protagonistes.

A retenir : le GENRE JUDICIAIRE prend forme dans le cadre d’un procès. Décide de ce qui est juste et injuste. Sa finalité est de Défendre / ou Accuser. Le GENRE DEMONSTRATIF vante les qualités et mérites d’une personne. Se rapporte au beau et au laid. Il a pour finalité de Louer / Blâmer. Le GENRE DELIBERATIF, quant à lui, vise un accord, en vue de prendre une décision. Envisage ce qui est utile. Sa finalité est de Conseiller / Déconseiller.

La relation ethos / pathos / logos

Comme le souligne Meyer dans son Histoire de la rhétorique, la distinction de ces trois genres de discours renvoie à la systématicité qui caractérise la Rhétorique d’Aristote. Dès l’introduction de la Rhétorique, Aristote critique les « technologues », ceux qui comme Corax se contentent de fournir, de lister, d’égrener de vulgaires techniques de discours. Son étude de la rhétorique ne se limite pas simplement à fournir quelques « recettes » pour s’attirer la faveur d’un juge, mais cherche à dégager les principes généraux de la persuasion. A ce titre, Aristote peut être considéré comme le premier grand théoricien de la rhétorique.

Son apport majeur tient dans sa façon d’intégrer et de combiner tous les éléments fondamentaux de toute sorte de discours. Ainsi qu’il l’établit, « Il y a trois éléments inhérents à tout discours : l’orateur, ce dont il parle, et l’auditoire » renvoyant respectivement à l’ethos, au logos et au pathos, auxquels se superposent à leur tour le genre judiciaire, le genre démonstratif (ou épidictique), et le genre délibératif :

– Le logos doit être le cœur de tout discours, c’est sa dimension logique rationnelle apte à convaincre (et non seulement à persuader, nous verrons la nuance plus tard). C’est la pensée qu’il s’agit de communiquer à proprement parler, sa vérité, sa véracité, ou la validité de l’argumentation qui y conduit.

– L’ethos désigne le caractère de l’orateur, les qualités morales qu’il révèle à travers son discours, son attitude, sa façon d’être… A la différence du logos qui correspond au message profond d’un acte de communication, l’ethos est l’image – réelle ou non – construite par cet acte.

– Le pathos relève des dispositions et caractéristiques de l’auditoire qu’il s’agit de toucher, de séduire ou d’impressionner. Ce sont les émotions que l’orateur peut chercher à réveiller ou avec lesquelles il doit jouer, l’empathie qu’il doit avoir avec ses auditeurs.

Nous pourrions ajouter le topos, entendu ici comme le lieu de réunion de l’ethos et du pathos permettant l’expression du logos. Le lieu, ou plus largement le « contexte » de diffusion d’un message, participe lui aussi du message à la fois en le redéfinissant tout en étant redéfini par lui. En rhétorique, le terme de topos a déjà une signification, et désignait dans la Grèce antique tout arsenal de stratagèmes et d’arguments dans lequel pouvait puiser un orateur. Par extension, le terme s’est mis à désigner tous les ressort typiques de la littérature, les thèmes, les situations, les ficelles fréquemment utilisés par les auteurs, scénaristes et autres conteurs. Cependant, le terme original traduit « lieu » ou « endroit » en grec, et c’est dans ce sens que nous voudrions l’utiliser, au risque d’une certaine confusion pour les lecteurs déjà sensibilisés à l’étude des topoï littéraires.

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Corax et le premier manuel de rhétorique

A l’origine, la rhétorique désigne « l’art de bien parler ». Le terme vient du grec ancien rhêtorikos, qui signifie « oratoire », c’est-à-dire qui est propre à la technique du discours.

Le premier ouvrage de rhétorique date du Ve siècle avant J.C. : il s’agissait d’un manuel rédigé par Corax en -460 à destination des personnes devant intervenir devant les tribunaux. A cette époque, les citoyens se défendaient le plus souvent seuls face à un jury – les interventions d’avocats ne se généralisant à Rome que dans les derniers siècles de la République.

C’est en effet dans le cadre d’un procès que l’art de bien parler prend tout son sens : se défendre, ou accuser, c’est-à-dire trouver les bons arguments et la bonne façon de les présenter pour influencer et convaincre les jurés. L’efficacité d’une parole se mesure alors en fonction de sa capacité à persuader, ce qui conduit Corax à définir la rhétorique comme « ouvrière de la persuasion »

Corax fut l’un des premiers sophistes – l’un de tout premiers professeurs d’éloquence de l’époque, alors grassement rémunérés pour leurs enseignements, généralement sollicités comme précepteurs. Il eut pour élève Tisias de Syracuse. Mais ce dernier, si bien formé à la rhétorique par son maître, trouva le moyen de ne pas payer pour l’enseignement qu’il reçu. Ainsi, Tisias aurait déclaré à Corax : « Soit je suis un bon rhéteur et je peux donc te persuader que je ne te dois rien ; soit je ne le puis, c’est que je suis un mauvais rhéteur et cela implique que tu m’as mal formé, donc je ne te dois rien non plus ! »

Cette anecdote relève davantage de la légende, car l’existence de Tisias n’est pas attestée – ni même celle de Corax, le débat anime encore quelques historiens et hellénistes. Mais ce qu’elle nous montre, c’est une certaine façon de percevoir de la rhétorique, qui permettrait de soutenir tout et son contraire. Une discipline qui pulvériserait le souci de la vérité par le plaisir de la jonglerie verbale, dans le seul intérêt de celui qui sait la manier.

Dans un sens, c’est la prédominance de l’esprit sur le corps. Le rhéteur l’emporte sur le bagarreur. Preuve que les bons orateurs terrassent les meilleurs lutteurs ? On demandait qui était le plus fort à la lutte, de Périclès ou Thucydide. Ce dernier aurait répondu : « Quand je lutte avec Périclès et que je le jette à terre, il conteste en prétendant qu’il n’est pas tombé, et il remporte la victoire, car il fait changer d’avis même ceux qui l’ont vu tomber ! » Le débat est un combat ; parfois c’est le combat qui est un débat… La parole persuasive est décidément la plus puissante des armes.

Encore une fois, il semble se dessiner l’idée d’une rhétorique qui permettrait de soutenir n’importe quelle idée, de donner le cachet de la vérité même aux propos contredits par les faits… Le rhéteur ferait-il primer l’esprit sur le corps, étant lui-même d’une faible constitution physique, peu entraîné au véritable combat à mains nues ? Craintif à l’idée de se faire mal, la ruse serait-elle inversement proportionnel à sa couardise ? Ce serait se tromper sur la véritable spécificité de la rhétorique telle qu’elle se concevait dans la Grèce antique, à savoir comme un art dynamique, une authentique pratique, physique et corporelle… Lire : Comment Démosthène est devenu le plus grand orateur de son temps


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