La technique du Yes Set se base sur un principe simple, celui du désamorçage de la négativité de la cible. Dans le cadre d’une discussion, surtout au tout début, le fait de répondre positivement à plusieurs questions facilite une réponse positive pour les questions suivantes. En d’autres mots, le seul fait de répondre « Oui » à plusieurs choses entraînera plus facilement un « Oui » à une question dont la réponse aurait peut-être été « Non » sans cette forme de conditionnement…
Comment mettre en pratique la technique du Yes Set ?
Cette technique est souvent utilisée en marketing. Pour prendre un exemple concret, il suffit de d’imaginer un vendeur de voitures… Le vendeur reçoit donc son client, et lui fait faire un tour extérieur et intérieur d’une voiture… Tout au long de sa démonstration, le vendeur pose au client des questions simples, en apparence anodine. Bien sûr, les questions sont liées à l’objet à vendre, et sont posées l’air de rien par le vendeur tandis qu’il semble décrire progressivement la voiture. Ce sont des questions vraiment basiques telles que « Vous voyez ? » ou « Vous êtes d’accord ? » qui ne laissent pas vraiment le choix : le but est simplement de faire acquiescer régulièrement le client. A la fin, le vendeur demande si la voiture l’intéresse, voir si le client veut l’acheter ; si le vendeur s’y est bien pris, ce qui viendra immédiatement en tête du client sera un « Oui » profond et quasi involontaire.
Il faut vraiment avoir conscience de cette technique de manipulation pour trouver la force de dire non. Sinon, nous risquons de dire « Oui » spontanément, sans trop y réfléchir… Et le seul fait d’avoir approuvé risque de représenter une forme d’amorçage, nous chercherons alors à être cohérent… Jusqu’à l’acte d’achat… (voir à ce propos : la technique de manipulation par amorçage !)
Bien sûr l’exemple du vendeur n’est qu’un exemple parmi d’autres. Il est naturellement possible de transposer le principe du Yes Set à tous les domaines où la manipulation verbale est applicable…
En matière de stratégie d’influence, il est fondamental de travailler sur le contrôle du contexte et la redéfinition situationnelle. Dans cette perspective, l’un des outils les plus puissants est le recadrage : technique utilisée spontanément par les meilleurs vendeurs dans le domaine commercial, elle est remise au goût du jour dans une perspective thérapeutique et de développement personnel par les tenants de la Programmation Neurolinguistique (PNL).
Le recadrage désigne la possibilité de « faire voir autrement », de considérer un autre point de vue, et finalement envisager ce qui nous semblait par exemple être un problème comme quelque chose de positif, ou l’inverse. En d’autres termes, faire apparaître ce qui nous préoccupe sous une nouvelle lumière, dans un nouveau cadre, afin de mieux en prendre conscience et se positionner ou se repositionner par rapport à lui. L’effet de contraste est une forme de recadrage. La mise sous tension est une forme de recadrage. Ce sont cependant des recadrages pernicieux qui ont surtout pour but d’altérer notre perception d’une situation en court-circuitant notre raison. Utilisé avec éthique, un bon recadrage a pour but de mieux nous faire appréhender une situation, de nous inviter à mieux exercer notre raison.
Imaginons un vendeur d’ordinateurs face à un client hésitant entre deux modèles semblant surtout se différencier par leur prix. Le client sera probablement porté à opter pour le modèle le moins cher. Pourtant, le vendeur peut recadrer cette inclination portant sur la dépense immédiate, en l’inscrivant dans la durée : « Cet ordinateur est peut-être plus cher à l’achat, mais est de meilleure qualité. Préférez-vous dépenser 1000 euros aujourd’hui et devoir débourser de nouveau cette somme dans un an, ou dépenser 1500 pour une machine que vous pourrez garder trois ans ? » Malgré le coût peut-être difficile à assumer pour ce client, un rapide calcul économique l’oblige à reconsidérer l’option de l’ordinateur le plus cher.
Précisons la distinction entre recadrage de contexte et recadrage de sens établie par Richard Bandler et John Grinder. Le recadrage de contexte revient à envisager dans quel contexte un aspect ou élément apparemment problématique pourrait avoir de la valeur. Le recadrage de sens consiste à se demander si cet aspect ou élément problématique pourrait avoir de la valeur dans un cadre plus large. Imaginez un tableau. Vous pouvez lui trouver tous les cadres possibles, de tous les styles possibles. Mais il arrive parfois qu’aucun ne lui convient car ce n’est pas un problème de style mais d’abord de dimensions… Un cadre à l’encadrure trop étroite et aux bordures trop larges restreint forcément la surface du tableau exposé, faisant apparaître tel détail comme problématique sans permettre la prise en considération de sa véritable valeur dans un ensemble plus vaste.
Par certains aspects, la retorsio argumenti (stratagème n°26 de Schopenhauer dans L’art d’avoir toujours raison) correspond à un recadrage de contexte. Il en explique ainsi le principe : « Une technique brillante est la retorsio argumenti, lorsque l’argument que notre contradicteur veut utiliser à ses fins peut être encore meilleur si on le retourne contre lui. Par exemple, il dit : ‘C’est un enfant, il faut être indulgent avec lui’, retorsio : ‘C’est justement parce que c’est un enfant qu’il faut le châtier pour qu’il ne s’encroûte pas dans ses mauvaises habitudes.’ »
L’économiste Frédéric Bastiat avait cette belle formule, selon laquelle il y a en économie « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » qui peut correspondre à un recadrage de sens. Son argumentation vise la législation et la politique en général. Une loi peut sembler justifiée à un moment donné, notamment parce que sa charge symbolique vient apaiser l’esprit vindicatif du peuple, et son but déclaré vient corriger une situation problématique – du moins présentée comme telle par un habile jeu d’effet de contraste et de mise sous tension… Mais comme l’explique Bastiat, une loi n’engendre pas seulement un effet, mais « une série d’effets. De ces effets, le premier seul est immédiat; il se manifeste simultanément avec sa cause, on le voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas ; heureux si on les prévoit. » Et les conséquences à plus long terme, insoupçonnées, peuvent se révéler désastreuses. Le système politique repose sur un cadre très étroit au niveau individuel. Les citoyens, dans leur grande majorité, ignorent de façon quasi-systématique ce qu’ils ne voient pas au profit de ce qu’ils voient – ce qui tend à favoriser un certain interventionnisme étatique, que ce soit dans le sens de lois restrictives au nom de la prévention et de la sécurité, ou dans une perspective d’imposition et de taxation au nom de la redistribution et de la création d’emploi.
Le recadrage peut donc s’appliquer à des niveaux très divers, dans un simple rapport inter-individuel ou dans l’analyse de certains enjeux géopolitiques. Chacune de nos opinions peut être recadrée, et ce que nous tenons pour des certitudes se révèle n’être bien souvent qu’un ensemble de croyances mal fondées ou limitantes. Ce que nous pensons être en phase avec « la » réalité est surtout en phase avec « notre » vision souvent trop étroite – étriquée – de la réalité. Une stratégie d’influence savamment construite ne s’assigne pas seulement pour but de surfer sur l’opinion, mais bien d’interroger et recadrer l’ensemble des opinions. C’est là la vraie puissance de l’influence.
Proche de l’effet de contraste, la mise sous tension consiste à mettre les sentiments du récepteur à l’épreuve.
Imaginez qu’en regardant la télévision vous tombiez sur un spot de prévention dans le cadre d’une campagne de sécurité routière : des images violentes à la limite du soutenable, et l’idée d’un danger immédiat à chaque carrefour. Et comme par hasard, quelques publicités plus tard, vous découvrez un spot vantant les mérites du dernier modèle de tel ou tel constructeur automobile, carrosserie magnifique et surtout très solide, ultra-sécurisée, tenue de route parfaite, airbag et compagnie en série. Cette succession de spots a un effet presque trop évident : en sensibilisant le téléspectateur aux dangers de la route, le modèle de voiture présenté en suivant lui apparaît alors comme la solution, le moyen tout trouvé d’éviter un accident.
Pour prouver cet effet d’amorçage cognitif, deux psychologues de l’université de Séoul ont organisé une expérience où il ont fait visionner à la moitié des participants cette succession de spots, soit un clip de prévention pour la sécurité routière suivi d’une pub pour un 4×4. Aux autres participants ils ont fait précéder la publicité d’un document sur le pétrole et la pollution. Ensuite, ils ont interrogé tous les participants afin d’évaluer leurs intentions d’achat d’un 4×4. Les participants du premier groupe – sécurité routière – ont manifesté de fermes intentions d’achats, contrairement à ceux du second groupe qui ont déclaré ne jamais vouloir acheter de 4×4 – notamment à cause de la consommation d’essence et de ses effets polluants.
Dans le cadre d’une stratégie de communication d’influence, une fois le message principal fixé, il convient donc de réfléchir tout autant aux messages suivants et précédents, comme « l’englobant », afin de le servir au mieux.
La conception d’une affiche, d’un tract, la simple prononciation d’une phrase ou même la formulation d’un tweet doit donc prendre en compte tous les aspects contextuels. Quels mots avant, après ? Quelle(s) couleur(s) ? Quelle(s) photo(s) associée(s) ? Quelle actualité ? Ce dernier aspect est bien évidemment celui sur lequel nous n’avons a priori aucun contrôle. Nous pouvons cependant patienter en attendant le meilleur moment, guetter les situations les plus propices.
Dans la perspective d’une propagation de rumeur, l’attention accordée à la situation est primordiale. Une mise sous tension est nécessaire pour diffuser un message efficacement. Notons cependant que le message peut lui-même redéfinir la situation. Tout comme l’observateur modifie ce qu’il observe par le fait même d’observer, intervenir dans un contexte donné a le pouvoir de modifier ce contexte, qui redéfinira alors l’intervention, et ainsi de suite.
En art oratoire, chaque élément du discours se charge d’un sens particulier par sa position par rapport aux autres. La matrice rhétorique est toujours mouvante et fluctuante, dans une redéfinition constante de l’attitude du public quant à ce qu’il entend et perçoit de l’orateur, mais aussi de l’orateur par rapport à ce qu’il observe dans les réactions et attitudes du public. Cette relation modifie le message dont la construction ne doit jamais être fixée à l’avance, jamais arrêtée ou décidée une bonne fois pour toute, mais toujours en partie improvisée et modulée au gré des circonstances. De même, le cadre perçu de cette relation se recompose en permanence.
Alex Mucchielli est peut-être l’un des chercheurs qui est allé le plus loin dans la prise en compte de cette relation entre les agents et leur redéfinition de leur situation d’échange mutuel, en proposant de revoir complètement notre modèle d’analyse communicationnelle. Il propose d’abandonner le modèle classique de l’émetteur-récepteur au profit d’une approche dite « situationnelle » : lire l’article
Pour prendre la pleine mesure de l’impact du contexte sur la perception du message, voici un exercice révélateur que j’aime beaucoup faire en formation. Je répartis les participants en deux groupes et donne à chacun une listes de faits (par exemple : « Ne pas composter son ticket dans le bus », « Faire interner un proche contre son gré pour capter un héritage »…), faits qu’ils doivent noter en fonction de leur « degré d’immoralité » ou gravité. Les notes vont de 1 à 5 ; 1 désignant un fait anodin ; 2 un fait anormal ; 3 répréhensible ; 4, condamnable ; et 5 carrément odieux. Les faits listés sont différents d’un groupe à l’autre, sauf une poignée d’entre eux, exactement les mêmes à la virgule près aux mêmes positions dans les deux listes. La liste donnée au premier groupe présente des faits globalement anodins ou anormaux, tandis que la liste donnée au second groupe rassemble des faits odieux et condamnables.
Une fois les notes attribuées à chaque fait de chaque liste dans chacun des groupes, j’invite les participants à m’indiquer seulement les notes des faits communs au deux listes. Exemple de fait commun : « Emprunter régulièrement à des amis de petites sommes et ne jamais les rembourser »… Qu’observe-t-on ? Le groupe ayant reçu la liste de faits particulièrement odieux va juger chaque fait commun de façon très clémente. Celui ayant par contre reçu la liste de faits plutôt anodins se montrera très sévère. Le même fait peut se voir attribuer la note de 1 à 2 pour un groupe, et jusqu’à 4 voire 5 pour l’autre groupe ! Nous voyons donc comment l’influence du contexte peut se révéler déterminante pour le jugement.
Un fait grave, par rapport à d’autres faits très graves, le semblera aussitôt un peu moins. C’est ce que nous nommons : l’effet de contraste. Nous « relativisons ». Expérience simple : remplir un bol d’eau chaude, un autre d’eau froide, et enfin un d’eau tiède. Plongez la main gauche dans l’eau froide, la droite dans l’eau chaude, patientez quelques secondes, puis mettez les deux mains dans le troisième bol. Étrange sensation, l’eau parait plus chaude pour la main gauche et plus froide pour la main droite, alors que la température est forcément la même. C’est sensiblement la même chose avec les mots, les idées et les faits d’actualité.
Cet effet trouve bien entendu des applications en marketing, dont les résultats se révèlent parfois contre-intuitifs à bien des égards. D’après les travaux du chercheur Itamar Simonson, quand les consommateurs comparent différentes versions d’un même produit, ils ont davantage tendance à opter pour celui qui est en quelque sorte un « compromis », c’est-à-dire un produit qui répond au moins à leurs besoins et dont le prix est inférieur au montant maximum qu’ils peuvent y consacrer. C’est le choix par défaut généralement désigné par l’expression quelque peu trompeuse de « meilleur rapport qualité/prix ». Lorsqu’il s’agit de se décider entre deux produits, l’acheteur moyen aboutit donc le plus souvent à choisir le moins cher des deux. Si un troisième produit plus cher que les deux lui est proposé, alors il en vient à acheter le produit au prix moyen – celui qu’il avait délaissé dans le premier cas ! Si vous sentez que l’une de vos propositions est refusée parce que trop engageante par rapport à une autre, formulez-en une troisième plus extrême que les deux autres – ou faites-la tenir par un troisième homme, qui endossera plus ou moins volontairement le rôle d’épouvantail. Certains politiques peuvent s’estimer heureux de l’existence d’« extrémistes utiles », pour mieux s’en démarquer et passer pour des modérés.
On retrouve ici en filigrane la technique dite de la « porte-au-nez », qui consiste à faire une demande inacceptable dans un premier temps, pour mieux faire accepter la demande qui vient en suivant, beaucoup plus acceptable en comparaison, et la seule qui comptait vraiment. Le pouvoir persuasif de cette technique a été mis en évidence par les recherches en psychologie sociale de Robert Cialdini. Son expérience consistait à demander à des étudiants de parrainer un adolescent d’un centre de détention pour jeunes délinquants, deux heures par semaine et ce, pendant deux ans. Une fois cette requête refusée – deux heures hebdomadaires pendant deux ans ! -, les auteurs proposaient alors aux étudiants d’accepter au moins une sortie unique de deux heures durant laquelle ils parraineraient un des garçons du centre de détention. En demandant directement d’accepter cette sortie unique sans demande exorbitante au préalable, le taux d’acceptation était divisé par trois…
Autrement dit, pour avoir trois fois plus de chances d’obtenir ce que vous réclamez, commencez par demander n’importe quoi ! Au fond, n’est-ce pas la technique utilisée par Nicolas Sarkozy lorsqu’il chercha à placer son fils à la tête de l’EPAD ? Face aux levées de boucliers de toute part, Jean Sarkozy eut beau jeu de renoncer à briguer la présidence de l’EPAD, pour finalement siéger à un « moindre » niveau, au sein de son conseil d’administration. Si ce poste d’administrateur était en réalité celui initialement visé, il ne pouvait mieux s’y prendre pour y parvenir et le faire accepter plus facilement par l’opinion.
Sur le plan graphique, l’effet de contraste est particulièrement utilisé pour produire des illusions d’optique. Le but est soit de donner l’impression que deux choses ont la même taille alors que ce n’est pas le cas, ou l’inverse – donner l’impression que deux choses ont des tailles très différentes alors qu’elles ont une taille similaire. Voir par exemple ces deux photos (et l’explication de la première en vidéo ci-dessous) :
Un effet amusant si vous faites des photos : mettez au premier plan vos petits éléments, personnages ou même voitures miniatures pour fausser la perspective !
La règle de trois est une technique d’écriture que vous devez absolument apprendre, maîtriser, appliquer…
Remarquez-vous la construction de la phrase précédente ? 3 verbes d’action… Utiliser la règle de trois permet d’exprimer ses idées plus efficacement, mettre en valeur les points forts, et rendre son message mémorable.
C’est la vérité, toute la vérité et rien que la vérité !
Dans nos cultures occidentales, les applications de la règle de trois sont nombreuses et variées, dans tous les domaines : de la religion au marketing en passant par la politique…. En voici quelques exemples :
« Le Père, le Fils et le Saint Esprit »
« Le Bon, la Brute et le Truand »
« Veni, vidi, vici »
L’exécutif, le législatif et le judiciaire
« Liberté, Egalité, Fraternité »
Le bleu-blanc-rouge, et d’une façon générale l’abondance de drapeaux tricolores
Pourquoi la règle de trois est-elle si efficace ? Peut-on utiliser des suites de deux ou quatre éléments tout aussi efficacement ? C’est ce que nous allons voir ci-dessous…
Pourquoi la règle de trois spécifiquement, alors que de nombreux discours utilisent deux ou quatre éléments ? Par exemple :
Deux éléments : « Donnez-moi la liberté ou donnez-moi la mort »
Quatre éléments : « Je dirai à la chambre ce que j’ai dit à ceux qui ont rejoint ce gouvernement (nous reviendrons sur cette phrase prochainement) : je n’ai rien à offrir d’autre que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. »
Toutefois, la règle de trois reste pertinente pour ceux qui aiment tourner joliment leurs propos. Dans son livre Writing Tools – 50 Essential Strategies for Every Writer, Roy Peter Clark donne les raisons de la magie de cette technique : « L’euphorie du trois a plus de sens que la complétude du quatre ou plus… La magie englobante du nombre trois donne un sentiment d’ensemble… »
Principes à retenir :
Utilisez un élément pour la puissance ;
Utilisez deux éléments pour la comparaison, le contraste ;
Utilisez trois éléments pour l’ensemble, l’intégralité, la rondeur ;
Utilisez quatre éléments ou plus pour lister, compiler, développer, étendre.
Voyons maintenant comment utiliser spécifiquement la « règle de 3 » grâce à… trois moyens… simples, pratiques et efficaces…
La règle de trois en rhétorique
Il existe tout d’abord deux moyens principaux pour utiliser la règle de trois :
1) La figure par laquelle trois mots expriment une idée centrale :
« Veni, vidi, vici »
« Liberté, Egalité, Fraternité »
« Vin, femmes et chanson »
2) La figure par laquelle une série d’éléments (mots ou phrases), souvent de longueur égale et de puissance croissante, traduit l’idée :
« Une vie heureuse est une vie passée à apprendre, à gagner de l’argent, à désirer… »
« Tous sont égaux, tous sont libres, tous méritent de trouver le bonheur… »
« Vos carrières seront établies selon votre facilité à parler, votre facilité à écrire et la qualité de vos idées… dans cet ordre… »
« Nous ne pouvons prévoir où souffle le vent. Nous ne pouvons prévoir quelle sera sa force. Nous ne pouvons certainement pas prévoir sa direction… »
« Je vous répond :faire la guerre, sur mer, sur terre et dans les airs, avec toute notre puissance et toute la force que Dieu peut nous donner… »
Voici un troisième moyen, qui consiste à faire un trait d’humour de façon simple en utilisant la règle de trois :
3) Utilisez le premier élément de la série pour établir le sujet, utilisez le deuxième afin de créer une attente logique dans l’esprit de votre auditoire, puis déviez avec un troisième élément inattendu et léger qui constitue le trait d’humour. Par exemple :
« Singapour est extrêmement petit. Elle fait 26 km de nord en sud et 22 km d’est en ouest… à peu près la taille de la salle de bain de Bill Gates ! »
« Il existe trois types de mensonges : les mensonges, les vils mensonges, et les statistiques ! »
La règle de trois est un outil efficace pour tout type de discours, qu’il soit humoristique, sérieux ou triste. Si vous souhaitez facilement améliorer votre style et rendre vos propos plus percutants, utilisez cette règle lors de vos prochaines présentations… ou dans une simple conversation…
Réservez-vous une heure pour réaliser les exercices suivants. Ces exercices vous feront gagner en capacité d’improvisation, en spontanéité, en confiance et en aisance. Ils vous permettront de vous entraîner pour améliorer vos interventions à l’oral.
Exercice n° 1
Formulez librement un thème d’intervention – ou choisissez parmi ceux proposés ci-dessous – et rassemblez le maximum d’informations sur le sujet en 25mn (culture générale, internet, livres, journaux et magazines…). Notez toutes ces informations sur des pages de papier (et non sur un ordinateur !) Relisez-vous, de manière à avoir en tête l’essentiel de vos notes.
Exemples de sujets au choix :
Les générations du passé ont-elles été plus heureuses ou plus morales que la nôtre ?
Comment devenir célèbre aujourd’hui ? Quel est, selon vous, le rôle de la chance, de l’intelligence, de la volonté, de l’éducation, des relations… ?
Quelle est, selon vous, l’invention la plus importante de toute l’histoire de l’humanité ?
Croyez-vous que l’humanité progresse ? Dans quel sens ?
Vous voulez obtenir une chose qu’on vous refuse : qu’allez-vous faire ?
Exercice n° 2
Vos notes sous les yeux, lancez un chronomètre et commencez à parler, tout seul et librement. Ne cherchez pas spécialement à faire de belles phrases ou à énoncer vos idées de façon ordonnée : parlez, parlez, parlez le plus possible de votre sujet, développez chacune de vos idées autant que vous le souhaitez, regardez vos notes et relisez-vous si nécessaire… Arrêtez-vous seulement dès vous n’avez réellement plus rien à dire. Et regardez votre chronomètre : combien de temps avez-vous tenu ? Notez ce temps.
« C’est en forgeant qu’on devient forgeron », vous connaissez le dicton… De la même façon, c’est en parlant qu’on devient orateur. Alors parlez, le plus souvent possible, saisissez toutes les occasions de vous exprimer, de poser une question, d’intervenir dans une discussion, de répondre à quelqu’un !
Mais lorsque vous êtes seul, comment faire ? Parlez quand même ! Parlez tout seul, en vous fixant des buts et en envisageant cela comme un entraînement. Parler tout seul est l’un des exercices les plus difficiles qui soit. Et aussi, de fait, l’un des plus formateurs. En vous entraînant de la sorte, vous ne craindrez plus de laisser un message sur un répondeur (épreuve redoutable pour quelqu’un de timide, plus encore que de devoir répondre à une personne qui décroche…), ni de vous lancer face à un jury qui se tait, etc.
Exercice n° 3
Vous êtes dans votre salon, ou dans n’importe quel autre endroit où vous avez pu exécuter l’exercice précédent librement. Fermez les yeux, faites quelques pas et tournez-vous un peu, tendez le bras, l’index, et rouvrez les yeux : que pointez-vous du doigt ? Vous allez devoir improviser 3 minutes à partir de cet objet, quel qu’il soit ! Lancez le chronomètre, et… lancez-vous. Ne vous arrêtez que si pensez sérieusement avoir atteint ou dépassé les 3 minutes.
Exercice n° 4
Revenons au sujet que vous avez choisi précédemment (cf. exercice n° 1). Sans relire vos notes, vous allez de nouveau devoir vous exprimer, seul. Lancez le chronomètre, puis arrêtez dès que vous êtes réellement certain d’avoir épuisé le sujet, de ne plus trouver quoi dire. Quel temps avez-vous fait cette fois-ci ? Comparez-le avec votre premier passage chronométré (cf. exercice n° 2).
Normalement, vous devriez être plus inspiré, être plus à l’aise sur votre sujet et tenir plus longtemps lors de ce second passage. L’exercice n° 3 qui consiste à s’exprimer sur un sujet farfelu à partir d’un objet pointé au hasard permet de mettre l’esprit dans une certaine disposition, plus propice à l’improvisation, et ainsi de délier la langue pour les interventions suivantes…
La plupart d’entre nous ne laisse volontairement que très peu de silences dans la conversation… Soit par crainte du malaise qu’il pourrait instaurer (« N’a-t-on rien à se dire ? » On peut toujours s’exprimer, même quand on ne sait pas quoi dire !). Soit par désir d’en dire le maximum dans le temps qui leur est accordé, pour argumenter ou convaincre. On préférera même parfois se répéter plutôt que de laisser s’installer cette courte trêve qui permet à chacun de réfléchir à se qui se dit.
On préférera même parfois se répéter plutôt que de laisser s’installer cette courte trêve qui permet à chacun de réfléchir à se qui se dit… (Oui, on l’a déjà dit, je fais exprès de me répéter pour bien montrer l’absurdité des répétitions excessives dont le seul but est de meubler !)
On s’aperçoit pourtant que ces mêmes silences peuvent être tantôt plus intenses qu’un mot d’amour, tantôt plus convaincants que mille arguments.
Il suffit pour cela de s’entraîner à leur laisser un peu d’espace, et à apprivoiser leur intensité.
C’est un petit travail de tous les jours très amusant. Laissez par exemple un court silence avant un message important que vous souhaitez passer et un autre, plus long, juste après… trompez-vous, faîtes monter l’adrénaline et trouvez progressivement le bon équilibre qui donnera à votre discours à la fois puissance et sérénité.
Nous observons de nos jours une véritable crise de la parole politique, à laquelle est d’ailleurs liée la timidité ambiante de la société : les citoyens perdent confiance en eux en même temps qu’ils n’ont plus confiance en leurs représentants.
Cela est en partie dû à la mauvaise formation de nos orateurs.
En effet, le trac n’est pas naturel : il dépend en réalité d’un apprentissage culturel. A l’école comme au lycée, les jeunes Français ne sont pas incités à participer ; peu sollicités à l’oral, exclusivement évalués à l’écrit, ils développent une forme de glossophobie, ils deviennent timides et redoutent de prendre la parole en public… Le trac serait-il une maladie française ?
L’Education nationale et nos méthodes d’enseignement jouent donc un rôle déterminant dans ce grand problème social. L’Ecole est la première responsable du malaise de notre jeunesse, petit malaise des écoliers devenu génération après génération le grand malaise de tous les citoyens.
Dans la tradition anglo-saxonne, ou dans quelques pays européens comme l’Espagne par exemple, l’exposé oral est le mode principal de contrôle des connaissances. En France, nous sommes prisonniers de l’écrit : le culte du plan en deux ou trois parties conditionne notre façon de présenter nos idées, jusqu’à limiter notre façon de penser… Un moyen de contrecarrer le malaise social et la crise de confiance qui en découle serait donc de renverser ce rapport typiquement français de l’écrit contre l’oral.
Comment remédier à ce problème ? Comment vivifier le débat démocratique contre le malaise social ambiant ?
Notre culture met en avant les « hommes de lettres ». Pourtant, la parole en public, et plus largement l’expression orale, est constitutive d’une certaine tradition européenne – une tradition qui remonte jusqu’aux grands penseurs de la Grèce antique, à commencer par Socrate, fondateur de la philosophie politique en Occident. Pour reconstruire la parole politique, il faut réhabiliter celle-ci en tant que tradition européenne et même française !
Il faudrait par exemple remettre en place des cours de rhétorique au collège et au lycée, qui se révéleront certainement bien plus efficace sur le plan social et citoyen que nos « cours d’éducation civique ». Il faudrait pourquoi pas aussi mettre en place une formation spécifique en art oratoire, dès l’école primaire et pourquoi pas dès la maternelle, qui consisterait dans un premier en une simple « classe de conversation », et qui deviendrait au collège un entraînement à la prise de parole en public, pour se transformer au lycée en entraînement au débat public et à la négociation.
Des pistes à explorer, à tester, à expérimenter et à ajuster ! Certes, ça ne se fera pas en un jour, et les résultats ne se feront pas voir avant des années… Mais sur le long terme, choisir de ne rien changer n’est jamais une solution satisfaisante. A nous de réfléchir à l’avenir que nous voulons vraiment bâtir, pour notre jeunesse – et avec notre jeunesse !
Évitez de manger trop gras ! Ceci n’est pas un message du Ministère de la santé…
Les orateurs gagneraient à se préparer comme les sportifs de haut niveau.
Les sportifs suivent un régime spécifique en fonction de leurs entraînements et des compétitions. Par exemple, les coureurs peuvent manger des pâtes (sucres lents) la veille d’un marathon, et de la viande blanche le jour J.
De la même façon, si vous avez bientôt un exposé à présenter, une réunion à animer ou toute autre intervention en public à assurer, il est préférable d’adapter votre alimentation. Je vais d’ailleurs vous raconter une anecdote surprenante à propos de Margaret Tatcher et ce qu’elle avalait avant ses plus importants débats politiques. Mais avant, voici mes conseils et astuces pour faire attention :
Ne mangez pas trop lors des repas précédents votre intervention. Trop manger peut vous ballonner, et, surtout, la digestion a un effet anesthésiant. Plus un repas sera copieux, riche, gras, plus la phase digestive qui s’ensuivra sera longue et provoquera l’envie de dormir.
Un plat léger comme une salade à midi ou un bol de corn flakes le matin fera l’affaire, selon que votre intervention se déroule l’après-midi et/ou le matin. Évitez les féculents tels que le pain ou les pâtes, et les bonnes frites bien grasses bien sûr, ainsi que les gâteaux et autres desserts sucrés.
Une exception toutefois pour le riz (qui est un féculent). Une amie m’avait confié qu’elle mangeait du riz avant chacun de ses rendez-vous galants, dont elle était manifestement une adepte… C’est un conseil alimentaire très efficace : le riz stabilise la digestion à merveille.
Un petit bol de riz ou une portion de pâtes « al dente » peut donc faire office de repas (de préférence la veille au soir plutôt que le jour même).
D’une façon générale, privilégiez les aliments contenant le plus de protéines :
Une tranche de jambon (avec une petite salade, pas dans un gros sandwich !) ;
Un filet de dinde ou de poulet (sans sauce bien sûr, et mettez de côté les frites qui vont généralement avec…)
Les barres de régimes amincissants ou compléments alimentaires pour sportifs hyper-protéinés peuvent être une bonne solution (Milical, Gerlinéa…).
Ces conseils valent aussi pour les étudiants avant un examen : un repas trop lourd à midi et ils roupilleront devant leur copie !
Margaret Thatcher racontait qu’avant ses séances de discussion au Parlement, qui étaient selon elle les débats politiques les plus difficiles à assumer, elle se contentait d’une tasse de thé pour seul repas de la journée. En arrivant le ventre vide, à jeun, elle était plus vive et réactive dans les débats, plus agressive, comme un animal quand il a faim…