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Rhétorique et pessimisme chez Schopenhauer

La rhétorique est l’art de la persuasion. Son statut est ambigu. Pratique héritée des philosophes de la Grèce antique, elle fascine autant qu’elle inspire la méfiance. Tout le monde convient en effet qu’il vaut mieux être convaincant plutôt que déplaisant, séduire plutôt que dégouter, susciter l’adhésion plutôt que le rejet. Mais peu de gens assumeraient de tromper ou manipuler les autres délibérément, et personne ne supporte de l’être. Nous avons généralement, dans le fond, un certain idéal de vérité.

Toutefois, la rhétorique n’est pas seulement l’apanage des menteurs et autres manipulateurs. Même quand on a raison, même lorsqu’on est persuadé de détenir la vérité, on peut avoir besoin de la rhétorique pour défendre son point de vue. Comme l’explique Schopenhauer dans L’art d’avoir toujours raison, la rhétorique a donc un double usage : de la part de nos contradicteurs, possibles menteurs ou manipulateurs, mais également de notre part à nous, pourfendeurs des illusions et faux-semblants !

Pour quiconque, en effet, la connaissance de ces techniques permet de les déceler chez ses adversaires. C’est pourquoi Schopenhauer déclare que la mission première des rhéteurs est« d’élaborer et d’analyser les stratagèmes de la malhonnêteté dans la controverse afin que, dans les débats réels, on puisse les reconnaître immédiatement et les réduire à néant ».

En retour, il faut tout autant oser utiliser ces stratagèmes malhonnêtes, afin d’instaurer l’équité dans le combat avec l’adversaire : « il faut même souvent y avoir recours soi-même pour battre l’adversaire à armes égales ». C’est au nom de la vérité qu’il faut parfois exagérer voire mentir un petit peu…

Dans un monde idéal, avoir raison serait peut-être suffisant pour l’emporter dans les controverses, « mais vu la mentalité des hommes, cela n’est pas suffisant en soi, et vu la faiblesse de leur entendement ce n’est pas absolument nécessaire ».

Quiconque a l’expérience des débats sait à quel point y est fait peu de cas de la vérité comme de la justesse des idées. Question d’orgueil, de vanité, quand ce n’est pas par pure et simple malhonnêteté, ou l’imbécile envie de provoquer pour provoquer : n’importe quelle position est défendue et maintenue, contre toute tentative de chercher sincèrement à se tourner vers la vérité.

Schopenhauer fonde donc sa justification de la rhétorique sur une forme de pessimisme anthropologique. Il semble même verser dans le relativisme, déclarant qu’il est peut-être impossible de déterminer si nous avons vraiment tort ou raison. Une fois rappelé que les stratagèmes rhétoriques sont indépendants de la vérité objective, et par conséquent que ceux-ci « peuvent aussi être utilisés quand on a objectivement tort », Schopenhauer ajoute dans une note de bas de page : « quant à savoir si c’est le cas, on n’a presque jamais de certitude à ce sujet »

Ainsi, que l’on ait tort ou que l’on ait raison, le plus important semble de s’en tenir au moins à une position, plutôt qu’aucune.

Le premier principe à retenir est donc qu’il faut défendre sa thèse coûte que coûte et ne jamais lâcher prise. Il faut être prêt à se livrer à un combat à mort, et faire fi de tout espoir de discussion raisonnable ou de quête commune de vérité avec les hommes trop sûrs d’eux, vaniteux et orgueilleux…

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4 façons de répondre à toutes les questions

N’ayez plus peur des questions du public à la fin de vos interventions !

Intervenir en public, prendre la parole devant un auditoire, présenter un projet ou faire un exposé est toujours quelque chose d’angoissant pour la majorité des gens. Mais s’il y a bien un moment particulièrement redouté, c’est la séquence des questions-réponses à la fin de l’intervention, le fameux « échange avec le public » !

Comment répondre à toutes les questions que l’on vous pose ? Comment contourner les questions embarrassantes ? Comment éviter les pièges que l’on vous tend ? Comment réagir quand on ne sait vraiment pas quoi dire ?

Si on ne s’y est pas préparé, répondre aux questions peut se révéler un exercice périlleux. Avec les 4 techniques qui suivent, cela va vite devenir pour vous un véritable jeu :

1 – Réfléchissez aux questions autant qu’à l’intervention elle-même

Lorsqu’on a une intervention à faire, l’erreur est de se concentrer essentiellement sur ce que l’on veut dire, le discours, le rédiger en entier et l’apprendre par cœur à la virgule près en pensant que c’est le plus important. En réalité, les questions comptent tout autant, si ce n’est plus.

Ne pensez pas seulement à ce que vous voulez dire, mais aussi à ce que les autres veulent vous faire dire !

Quel que soit votre domaine d’intervention, quel que soit votre sujet, réfléchissez aux questions qui ne manqueront pas de vous être posées, les plus évidentes comme les plus tordues, ainsi qu’à toutes les critiques possibles que l’on peut vous adresser… Et notez-les sur papier.

Vous devriez en trouver au minimum une quinzaine. C’est une étape délicate car il s’agit de se mettre dans la tête du public et plus particulièrement de vos contradicteurs. Lorsqu’on défend une idée ou un projet on en parle en termes positifs, c’est-à-dire que l’on veut montrer en quoi « c’est bien », et on néglige les objections, c’est-à-dire pourquoi « ce n’est pas mal » ou « mauvais ». Il faut décentrer son point de vue.

2 – Préparez des réponses-types par catégories de questions

Regardez votre liste de questions et cherchez à les classer par catégories. Le but est de réduire le nombre de questions à préparer. Si vous aviez entre quinze et vingt questions, essayez par exemple de les ranger en 5 catégories environ. En général, une série de quinze questions minimum peut se diviser en 3 à 7 catégories.

Pour chaque catégorie, préparez alors une réponse idéale. Le genre de réponse qui peut être donnée quelle que soit la question de la catégorie qui est posée, et quelle que soit la façon dont elle est posée.

La réponse idéale est une réponse globale fournissant suffisamment d’éléments informatifs pour donner le sentiment que vous répondez bien à la question sans vous défiler.

3 – Ne refusez jamais de répondre à une question

Lorsqu’on vous pose une question, évitez de penser au pire. Concentrez-vous sur ce qui est dit, écoutez très attentivement chaque question et voyez dans quelle catégorie elle peut rentrer. Vous avez alors une réponse toute prête, pas la peine de s’affoler en se demandant quoi répondre.

Ne dites jamais : « Je ne peux pas répondre à cette question » ou « Je refuse de répondre à cette question » !

Si vous êtes vraiment embarrassé, ne le laissez pas paraître. Tenez-vous bien droit, maintenez un fort contact visuel avec la personne qui vous a posé la question (c’est-à-dire regardez-la droit dans les yeux sans sourciller, sans baisser la tête) et remerciez-la. Toujours remercier quand on est en difficulté…

Dites avec confiance : « Merci pour votre question » ou « Je vous remercie de me demander ça », en ajoutant pourquoi pas « C’est une excellente question ». En flattant discrètement votre contradicteur de la sorte, vous le rendez moins offensif, et aux yeux du public vous semblez dominer la situation.

4 – Prenez tout votre temps

Prenez le temps de reformuler les questions, surtout les plus difficiles : c’est également une façon de montrer votre considération et d’éviter les mauvaises interprétations. Et ce sont tout autant de secondes de gagnées, précieuses secondes pendant lesquelles réfléchir et identifier les mots-clefs qui vous permettront de rattacher la question à l’une des grandes catégories que vous avez préparées.

Ne vous précipitez pas pour répondre. N’ayez pas peur des silences. Dès les premières questions, même si elles sont simples, marquez une pause avant de prononcer le moindre mot. Ainsi, chaque fois que vous vous tairez, tout le monde pensera que c’est normal, personne n’imaginera que vous êtes en train d’hésiter.

Et plus vous prenez de temps, moins on pourra vous poser de questions. Evidemment, ne faites pas des réponses d’une heure, et ne vous contentez pas de répondre à une seule question seulement !

C’est une stratégie de contournement fréquemment utilisée par les politiques lors des conférences de presse : annoncez clairement la durée des questions-réponses, prenez plusieurs questions à la fois puis arrangez-vous pour en traiter 5 à 6 maximum (ce qui correspond donc… au nombre de catégories préparées)…

Et le tour est joué !

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Comment créer une relation unique avec votre public : 3 techniques de Eye Contact

Les yeux dans les yeux, abordons aujourd’hui la question du Eye Contact

L’expression « Eye Contact » (traduction anglaise de contact visuel) désigne tout ce qui permet d’établir et maintenir une connexion uniquement par le regard, toutes les manières de communiquer avec les yeux, que ce soit face à une seule personne ou un large public…

Le Eye Contact peut être envisagé comme un domaine à part entière de l’art oratoire, et plus généralement de la communication.

Dans cet article je vais vous révéler quelques techniques simples mais extrêmement puissantes pour captiver votre public grâce au Eye contact :

Avant de vous parler précisément de Eye contact, permettez-moi de dire un mot sur ce qu’est l’Art oratoire : « Orateur » vient du latin orare, qui signifie « parler ». L’orateur est donc celui qui parle, c’est-à-dire celui qui établit avec les autres un contact par la parole.

Cela peut sembler une évidence…

Pourtant, comme cela a déjà été expliqué sur ce site, un orateur communique aussi par l’absence de parole : sa gestion des silences, d’une part, sa gestuelle et son langage corporel d’autre part. La véritable communication échappe souvent aux mots et aux paroles. Elle repose en grande partie sur le non-verbal, sur ce qui ne se dit pas.

Quand on doit parler en public, avant même de prononcer un mot, il faut commencer par se tenir bien droit. C’est ce qu’on appelle, en art oratoire, la « verticalité ». Non seulement cela donne une impression d’assurance et de stabilité, mais cela permet aussi de bien dégager la colonne d’air et donc d’avoir une voix plus forte. La verticalité est un aspect fondamental de l’expression orale pour augmenter son charisme (voir l’exemple du général de Gaulle).

L’orateur doit donc se tenir correctement. Il ne doit pas faire que parler. Et de la même façon il doit aussi regarder comme il faut.

A vrai dire, c’est grâce au contact visuel que s’établit vraiment la relation entre un orateur et son public, bien plus que le contact par la parole. Si vous parlez à quelqu’un sans le regarder, il risque bien vite de se désintéresser, ou pire : il pourra se sentir méprisé, et mal réagir…

Le principal organe de l’orateur n’est pas forcément sa bouche : il lui faut aussi communiquer avec les yeux !

Regarder quelqu’un quand on lui parle est une marque de respect. C’est une façon de l’impliquer pleinement dans l’échange, qu’il se sente directement concerné. Mais cela peut aller beaucoup plus loin. La puissance du contact visuel dépasse le simple regard, et peut vous permettre de développer un pouvoir hypnotique sur vos interlocuteurs ou votre public !

Cependant, il n’est pas toujours facile de maintenir le regard face à certaines personnes. Plus difficile encore : comment faire quand nous sommes face à un grand groupe, à un vaste auditoire ou même une foule ?

Voici 3 principes et techniques de Eye Contact pour capter votre public par le regard et créer avec lui une relation unique :

1 – Ne négligez personne !

Une erreur fréquente chez nombre d’orateurs est de se focaliser sur une seule partie de leur auditoire : le plus souvent sur le rang de devant. Parce que c’est la seule partie qu’ils voient, ou qui est éclairée. Ou encore parce que c’est là que sont généralement placées les personnes « importantes » (supérieurs hiérarchiques, personnalités, invités de marque, invités d’honneur…).

Mais si le reste du public se sent délaissé et s’ennuie, les personnes du premier rang s’ennuieront aussi ! L’ennui est particulièrement contagieux lors d’une conférence… Il faut donc impliquer l’ensemble du public. Pensez à bien regarder les rangs de tous les niveaux, devant vous et sur les côtés, gauche, droite, au milieu et au fond.

Les salles de conférences sont parfois immenses, et le public peut se cacher jusque dans les moindres recoins, lointains et mal éclairés… Regardez même là où vous ne voyez pas ! Chaque auditeur, où qu’il soit placé, mérite d’être considéré avec le plus grand respect. A défaut de regarder tout un chacun, il faut éviter d’en privilégier certains.

2 – La technique de « l’alphabet »

Bien sûr, selon la taille de l’auditoire, il est parfois impossible de regarder tout le monde. Mais vous pouvez donner à chacun le sentiment que vous auriez pu le regarder autant qu’un autre. Pour cela, il faut parcourir du regard l’ensemble de l’auditoire d’une façon non-linéaire, qui ne semble pas « automatique »…

J’ai déjà entendu certaines personnes qui conseillaient de « balayer » le public du regard. Erreur ! Car le mouvement est trop linéaire. Le regard de l’orateur risque alors de glisser sur celui de ses auditeurs, de les survoler sans jamais établir avec eux un contact visuel réel. Et à force de voir l’orateur tourner la tête mécaniquement de droite à gauche et de gauche à droite, comme un spectateur à un match de tennis, le public se rendra bien vite compte de sa petite combine.

Il est préférable de parcourir l’auditoire de façon aléatoire, et de s’arrêter clairement sur quelques regards, pour une durée elle aussi aléatoire (quelques secondes). Il faut non pas « balayer » de façon linéaire mais « picorer » ci-et-là… Comment faire ? Au début ce n’est pas évident. Voici donc le « truc de l’alphabet » : tracez avec les yeux de grandes lettres dans le public, par exemple un N, un Z, un M, etc. en partant à chaque fois d’un coin de l’auditoire pour arriver à un autre. Votre regard suivra ainsi une trajectoire non linéaire, prenant en compte l’ensemble du public sans délaisser personne.

3 – La force de la « présence relationnelle »

De temps à autre, notamment quand vous voulez souligner un point important, arrêtez-vous plus longuement sur une personne et regardez-la droit dans les yeux (de quelques secondes à quelques dizaines de secondes !). Après avoir pris en compte l’ensemble de l’auditoire, créez une relation unique avec un auditeur unique. Comme si vous étiez seul avec lui à ce moment précis. C’est ce que le communicant Lee Glickstein appelle la présence relationnelle, c’est-à-dire le fait « d’être avec une seule personne à la fois d’une manière pleinement accessible, même en parlant devant un large auditoire »*.

Quand vous dites quelque chose, vous devez toujours le dire à quelqu’un dans l’auditoire, et non à l’auditoire dans son ensemble. Établissez le contact visuel, marquez un silence, puis parlez avec un ton de voix plus bas – cela renforcera le côté « confidentiel ». Nous seulement la personne que vous fixerez vous écoutera avec la plus grande attention, mais le reste du public aussi ! Rappelez-vous : les émotions et les impressions sont contagieuses lors d’une conférence… Puis marquez de nouveau un silence pendant plusieurs secondes en maintenant le contact visuel avant de passer à quelqu’ un d’autre.

Par ce jeu de regard à la fois personnel et global, se mouvant et se fixant au hasard pour une durée aléatoire, chaque membre du public se sentira concerné et l’ensemble sera d’autant plus attentif à ce que vous direz.

* Cité par Michael Ellsberg dans son livre : Le pouvoir du contact visuel

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Une cause du trac : la peur de l’incompétence

La peur de l’incompétence est l’une des causes possibles du trac. Très fréquente lorsqu’il s’agit de s’exposer publiquement, elle se traduit automatiquement par un manque d’assurance :

Elle survient chez celui qui ne se sent pas « à la hauteur » en termes d’importance ou de statut. Celui qui, par exemple, n’a pas le niveau universitaire, le diplôme ou les titres nécessaires pour être « officiellement » reconnu comme spécialiste d’un domaine ou d’un sujet en particulier. Cela peut aussi être lié au simple intitulé d’une fonction, jugé pas très glorieux.

Imaginez : on vous propose d’intervenir sur un sujet particulier, de donner une conférence, de présenter un exposé… Le sujet vous plait, mais vous vous demandez : qui sera là pour m’écouter ? Comment va-t-on me juger ? Que vont penser mes supérieurs, ces professeurs, cette personnalité ? Et si un spécialiste qui connaît mieux le sujet que moi se trouve dans le public ? Qui suis-je pour parler de ce sujet ? Comment vais-je être présenté ? Qu’est-ce que je représente ? Qu’est-ce qui fonde ma légitimité ? Est-ce que je suis vraiment à la hauteur ?

Mais que signifie « être à la hauteur » ? « Hauteur » de quoi exactement ? Et par rapport à quoi ? En réalité, n’importe qui peut s’inventer n’importe quel titre ronflant, ou valider n’importe quel diplôme ou n’importe quel brevet pourvu qu’il en paye le prix dans tel ou tel institut privé…

Les Français sont malades du culte des diplômes, du culte des grandes écoles et de la reconnaissance universitaire. Il faudra bientôt un Bac+9 pour servir des burgers dans un MacDo ! Dans de nombreux autres pays, aux USA par exemple, la question principale posée lors d’un entretien d’embauche n’est pas « quels sont vos diplômes ? » mais : « que savez-vous vraiment faire ? »

Nous développons souvent nos véritables compétences en dehors du système scolaire ou universitaire. L’originalité – ou, pour le dire autrement : le génie de chacun – est précisément ce qui échappe aux cadres conventionnels, qui étouffent l’expression de l’individualité. Pour suivre ses passions, il faut emprunter d’autres chemins, en défricher de nouveaux… Et c’est la dimension personnelle de cet accomplissement qui en fait toute la valeur.

C’est parce que vous oserez aller au bout de vos idées à vous que vous aurez toutes les raisons et tous les droits de les clamer haut et fort, et que d’autres vous écouteront avec attention.

Dans notre société technocratique, la parole semble réservée à une certaine élite, aux « experts » techniques en tout genre, aux « intellectuels » bardés de diplômes, aux universitaires… Comme si eux seuls pouvaient s’exprimer sur tous les sujets.

Pourtant, nous avons tous constaté que d’honorables autodidactes, authentiques passionnés qui n’ont pas suivi le parcours académique consacré, ont malgré tout su développer une approche personnelle de tel ou tel sujet, ce qui en fait justement tout l’intérêt.

De même, si c’est vous qui avez été sollicité pour une intervention, c’est parce que c’est votre façon de voir les choses qui importe, votre manière de les présenter, et non le diplôme ou le brevet qui vous donnerait le droit de vous exprimer sur le sujet.

Ne doutez pas de votre légitimité : le seul fait d’être le conférencier vous place en situation d’autorité.

Assumez cette autorité et prouvez que vous la méritez en traitant au mieux votre sujet, sans vous soucier de quoi que ce soit d’autre !

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Je craque ! 13 bonnes raisons de laisser tomber PowerPoint

Arggggggh!!! Les présentations PowerPoint, je craaaquuue!!!

Une bonne résolution pour cette année ? Mettre PowerPoint au placard ! A moins de savoir parfaitement l’utiliser… Mais comme c’est trop peu souvent le cas, oublier les « slides » et réveiller l’orateur qui est en chacun de nous. Devant PowerPoint nous ne sommes plus de véritable orateurs, mais bien souvent de simples lecteurs. L’humain s’écrase face à la technologie, s’oublie devant le numérique, et les présentations sont toujours moins vivantes, chaque fois moins vibrantes

Pour faire vibrer son public, il faut vibrer soi-même ! Et oser se livrer tout entier, sans artifice, sans subterfuge, dans une parole directe, libre et authentique. Voici donc 13 raisons de mettre PowerPoint de côté cette année :

1 – Parce que tout le monde s’y attend. En effet, plus aucune réunion ne semble envisageable sans PowerPoint. Qui doit présenter un projet se doit de le faire à travers sa série de slides. Au début PowerPoint était une vraie nouveauté et permettait de faire preuve de créativité. Connecter sa clef usb, trouver le bon fichier, baisser les lumières et faire défiler : c’est devenu la routine. Si vous voulez marquer votre public, le surprendre : annoncez d’emblée que vous n’avez pas de PowerPoint (ou tout autre système nécessitant une projection) ! Quelqu’un qui se pointe sans support visuel, ça a le mérite d’intriguer : comment va-t-il s’y prendre ? Qu’a-t-il à raconter ? Venez… sans rien. Mais donnez-vous tout entier. Marquez votre différence, affirmez votre personnalité, soyez là où l’on ne vous attend pas.

2 – Parce qu’il y a toujours des problèmes de connexion, ou en tout cas très souvent. Bien que la plupart des salles de réunion sont équipées d’un système de projection, beaucoup d’autres ne le sont pas. Fallait-il amener son ordinateur ? Est-ce qu’il y a une rallonge ? Pourquoi ma clef usb ne fonctionne pas ? Fallait-il passer par une station blanche ? Pourquoi ce fichier ne s’ouvre pas, ne s’affiche pas, n’est pas pris en charge… ? Sans compter tous les bugs et coupures de courant qui pourront survenir inopinément.

3 – Parce qu’il faut plonger la salle dans le noir si tout le monde veut bien voir. Comme le point précédent, cela demande un contrôle efficient de son environnement : toutes les fenêtres peuvent-elles se fermer ? Ne fera-t-il pas trop chaud (si l’on est en été par exemple) ? Les volets ou rideaux sont-ils suffisamment opaques ? Malgré toutes ces précautions, il suffit qu’un petit rayon de lumière filtre au travers pour gêner l’affichage et la lecture du public, ce dernier ne manquant pas de se plaindre… Or, ce devrait être à l’orateur de s’adapter à son environnement, et non à l’environnement d’être modifié simplement pour se servir de PowerPoint.

4 – Parce que vous détournerez le regard du public. Tout d’abord, la mise en place du PowerPoint et de la salle nécessitera toute votre attention – alors que vous devriez accorder exclusivement votre attention à votre public : il est important d’établir un fort contact visuel avec le public dès les premières secondes d’une intervention. Ensuite, une fois le PowerPoint correctement lancé et la salle suffisamment plongée dans l’obscurité, ces éléments continueront de capter votre attention : vérifier que tout fonctionne bien, manipuler les commandes pour faire défiler les slides, regarder les slides… Dans l’idéal, il faut connaître sa présentation par cœur, un peu comme un présentateur météo et ne jamais tourner la tête vers les slides mais toujours maintenir le contact visuel avec le public !

5 – Parce que le public détournera son regard de vous. Et, à vrai dire, c’est peut-être ce que certains cherchent inconsciemment. En faisant du PowerPoint l’essentiel d’une présentation, le public se focalise sur les slides et ne nous dévisage plus. Le regard est capté par la lumière, la projection occupe la partie centrale du mur principale de la salle et on reste sur le côté, dans l’obscurité, un peu caché… Du coup on refuse le vrai rôle d’orateur qui nous incombe, alors qu’on devrait soi-même se mettre en scène.

6 – Parce qu’on lit toujours trop ses notes. Se passer complétement de notes écrites est la marque des orateurs de talent. A défaut de notes écrites sur du papier, la tentation est grande d’utiliser PowerPoint comme des notes, et de se reposer dessus slide après slide. Mais personne n’est dupe ! Et tout le monde voit bien que l’orateur lit ses slides, qu’il est incapable d’en décoller, qu’il avance à leur rythme et se permet peu de digressions voire aucune : il est prisonnier des slides, et n’offre pas à ses auditeurs la parole libre qu’ils attendent. J’ai déjà vu un professeur projeter un PowerPoint sur lequel son discours était intégralement rédigé, à la virgule près… même les (fausses) hésitations ! Le public a fini par en rire, mais pas dans le bon sens. PowerPoint a transformé les orateurs en lecteurs. Il faut réapprendre à se passer de toute note et de tout support, et simplement parler et se mettre soi-même en scène, occuper l’espace non par la projection d’images vidéos mais par la puissance de sa voix et les mouvements de son corps !

7 – Parce que le public attend de télécharger le PowerPoint. Si vous distribuez des documents pendant votre intervention, vous verrez que tout le monde va se concentrer dessus et commencer à les lire, à tourner les pages, et, bref, à écouter avec beaucoup moins d’attention ce que vous êtes en train de dire. Pour éviter cela, attendez la fin pour la distribution ! Mais si vous commencez d’emblée avec un PowerPoint présentant avec précision chacune de vos parties et sous-parties de votre exposé, la question va vite se poser : « On pourra prendre la copie sur clef usb ? » Du coup, le public relâche son attention, est plus distrait, moins impliqué, avec la certitude sereine qu’il pourra de toute façon tout récupérer à la fin sur clef usb, et prendre le temps une fois chez lui de revenir sur les points importants et regarder en détail ce qui mérite de l’être (ce qu’il ne fera d’ailleurs presque jamais…). En n’utilisant pas PowerPoint, vous obligez en quelque sorte le public à se concentrer sur que vous dites, vous favorisez une bien meilleure attention de sa part.

8 – Parce que les slides sont mal construits. Je parle d’expérience : à ce jour, j’ai assisté à – ou plutôt j’ai subi – un peu plus d’un millier de présentation PowerPoint (ce n’est pas tant que ça à vrai dire, ça fait environ 3 présentations par jour pendant un an…). Sur ce millier de présentations PowerPoint, seules DEUX ont vraiment retenu mon attention et ont également plu à l’ensemble du public. Toutes les autres étaient vraiment mal fichues et cumulaient toutes les erreurs classiques avec PowerPoint : slides surchargés d’informations, illisibles, schémas incompréhensibles, animations ringardes… Pour éviter un flop avec PowerPoint, autant ne pas utiliser du tout PowerPoint ! Ou prendre le temps de maîtriser les subtilités de cet art à part entière avec des artistes du genre, comme sur SimpleSlide par exemple ! Vous trouverez également de très bons conseils dans le bouquin de Garr Reynolds Présentation Zen et celui de Nancy Duart Slide:ologie.

9 – Parce que les slides formatent notre pensée. A vouloir faire rentrer toutes nos idées dans des petits slides bien organisés, on finit par en détruire une partie, et à remodeler ce qui reste. De la même manière que les plans-types au lycée et à l’université (en deux ou trois parties et tout autant de sous-parties) conditionnaient notre expression et notre réflexion, PowerPoint façonne un mode de pensée duquel nous finissons par être prisonniers. Certaines idées ne retiennent plus notre attention simplement parce que nous ne voyons pas comment les intégrer dans certains slides. PowerPoint fait des ravages, lire à ce sujet l’ouvrage de Franck Frommer : La pensée PowerPoint – Enquête sur ce logiciel qui rend stupide. Voir aussi Stop au PowerPoint ! Réapprenez à penser et à présenter de Nicolas Berreti.

10 – Parce qu’il n’y a plus aucune surprise. La succession des images, qui devrait être dynamique, devient souvent lassante et ennuyante. Ce qui caractérise les grands discours, c’est le pouvoir de l’orateur sur son public. C’est lui qui mène la danse. C’est lui qui fixe les repères, donne le ton, pose le rythme. Personne ne regarde sa montre et tout le monde est entraîné dans une sorte de distorsion du temps : un bon discours semble toujours plus court que ce qu’il a véritablement duré ! Comme un bon film ou une pièce de théâtre. Personne ne voit le temps passer. Tandis qu’avec PowerPoint, on peut voir le nombre de slides, et au combien nous en sommes. Le public lassé se met donc à décompter chaque slide, attendant simplement la fin, comme un écolier au regard hagard suivant fébrilement la trotteuse de l’horloge sur le mur de la classe…

11 – Parce que le public devient spectateur passif, alors qu’il devrait être auditeur actif et réactif. Pour toutes les raisons énumérées dans les points précédents, il est clair que le public (autant que l’orateur lui-même !) est beaucoup moins actif lors d’une présentation PowerPoint que lors d’un vrai discours, où l’orateur compose en fonction des réactions du public, qui ne se prive pas de réagir, d’applaudir, de rire ou de crier. Le véritable orateur prend ses libertés avec le texte, improvise, se « lâche », rend son exposé plus vivant, et le public vibre d’autant plus. Avec PowerPoint, l’orateur se cache derrière la projection des slides, il est écrasé, étouffé, et par contrecoup le public attend patiemment, passivement, pur récepteur d’un écran qui s’impose à lui sans aucune interactivité.

12 – Parce que le pouvoir des mots peut encore terrasser le choc des images ! Oui, votre parole peut avoir plus d’effet que toutes les photos que vous avez sélectionnées. Plutôt que les projeter, pourquoi ne pas s’efforcer de les décrire ? Trouver les mots pour amener tout un chacun à les imaginer ? L’impact en sera décuplé, car chacun fera de votre présentation une expérience personnelle, en y mettant du sien, en réveillant cette magie propre à l’esprit enfantin : celle de l’imagination. L’imagination est souvent plus forte que les images. L’imagination est une forme d’action, tandis qu’une image, une fois donnée, ne force qu’une forme d’acception.

13 – Parce que ce n’est pas vraiment utile. Au fond, si vous connaissez vraiment votre sujet, que vous êtes convaincu de l’intérêt d’en parler, que vous avez de bons exemples, de bonnes anecdotes et de bonnes idées, à quoi bon PowerPoint ? Réfléchissez à ce que PowerPoint peut vraiment apporter en plus, et à ce que vous pouvez vous-mêmes apporter sans PowerPoint. L’humain l’emporte encore sur la technologie, et votre force de conviction, votre énergie et l’expression de votre propre vie pulvérise tous les ordis, toutes les images et tous les effets numériques. Soyez vous-même, soyez vivant, refusez le conformisme PowerPoint et parlez librement : au fond, le public n’attend que ça ! Et il vous en sera reconnaissant.

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Pourquoi il faut toujours prévoir de quoi boire… (+ 1 truc de comédien pour ne plus jamais avoir la bouche sèche)

Après quelques conseils sur l’alimentation, parlons un peu de la boisson…

Une bonne hydratation est nécessaire autant au corps qu’à l’esprit. Cela est vrai quel que soit votre domaine d’activité… Et d’autant plus si vous devez intervenir à l’oral ! Voici pourquoi :

1 – Les problèmes d’une bouche sèche

Boire sert tout d’abord à humidifier les lèvres et la bouche. Quand on parle beaucoup, on finit en effet par ne plus avoir de salive. Et de la même façon qu’il faut mettre de l’huile dans les rouages d’une machine pour qu’il n’y ait pas de blocage, boire un peu d’eau est alors nécessaire pour fluidifier la « mécanique buccale ».

Sans eau, la bouche est sèche, ce qui risque d’altérer la diction, en rendant plus difficile l’articulation.

Pire : lorsque la bouche s’assèche, la salive devient de plus en plus pâteuse et peut former des petits pâtés blancs qui viendront se coller sur les lèvres ou à leurs commissures, ou encore faire des fils blanchâtres quand on ouvre la bouche… Répugnant… Tous ceux qui le remarqueront se focaliseront dessus, et plus du tout sur ce que vous avez à dire…

Autre effet fréquent (et tout aussi désagréable) d’une bouche asséchée : la mauvaise haleine.

Voilà pourquoi s’hydrater convenablement est si important, en particulier lors d’événements éprouvants tels qu’une intervention en public, la participation à une conférence, la présentation d’un projet ou tout autre type d’entretien, de réunion ou de confrontation face à un jury…

Il y a d’autres effets auxquels on ne pense pas, et qui peuvent pourtant poser de gros problèmes. Dans la suite de l’article je vous explique ces problèmes en détail et je vous donne des moyens simples pour y faire face (à la fin je vous révèle même un petit truc bien connu des comédiens pour ne jamais avoir la bouche sèche).

2 – L’art de la parole est un sport

On recommande aux sportifs de bien boire avant, pendant et après l’effort. Cela permet de compenser la déshydratation liée à l’activité physique, et de prévenir les risques de crampes et de courbatures.

Comme un sportif, l’orateur a besoin de ses pleines capacités physiques. Il met en scène son corps tout entier et risque lui aussi d’avoir des crampes ou des courbatures. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de faire une présentation debout, statique derrière un pupitre ou en se déplaçant sur toute une scène. Ne vous êtes-vous jamais senti « vidé », physiquement épuisé, après une présentation à l’oral ?

Occuper l’espace, manier des objets, faire de nombreux gestes, s’exprimer avec force et clarté sans s’essouffler, tenir dans la durée : l’art oratoire est un véritable sport d’endurance ! C’est aussi un sport de combat, surtout lorsqu’il s’agit de convaincre, débattre ou négocier…

3 – L’eau ne sert pas qu’au corps

Mais la déshydratation n’affecte pas seulement les muscles : elle perturbe également certaines fonctions cognitives telles que la mémoire à court terme, la concentration et la vigilance.

Or, ces capacités mentales que sont la mémoire et l’attention sont fondamentales pour l’orateur : que ce soit pour se souvenir du fil de son exposé ou des grandes parties d’un discours, retenir des références récentes (faits d’actualité, chiffres de la journée), capter les réactions du public, et réagir à son tour à certains propos, remarques, questions, ou encore chahuts et provocations… Il faut avoir toute sa tête pour être le plus efficace possible dans sa communication. Une bonne hydratation vous permettra de maintenir au mieux vos facultés de mémorisation.

N’attendez pas d’avoir soif pour vous décider à boire ! La sensation de soif indique que l’on est déjà déshydraté…

4 – Ce qu’il faut boire, quand et comment

Pensez à vous hydrater avant, et prévoir de quoi boire pendant l’intervention (si celle-ci doit durer un certain temps) : de l’eau plate, et non de l’eau gazeuse ou des sodas (risque de rots, de flatulences).

Évitez également le café et les produits laitiers. L’alcool est bien sûr à proscrire absolument.

Afin de préserver au mieux vos cordes vocales, comme pour un chanteur, l’idéal est d’avoir une petite bouteille d’eau à température ambiante. Vous pouvez y rajouter une ou deux tranches de citron, si cela ne trouble pas votre digestion : son acidité est un stimulant et procure une meilleure sensation de rafraîchissement.

La petite taille de la bouteille a son importance : une bouteille plus grande est aussi plus lourde et moins élégante à manipuler.

Mieux encore que boire au goulot : se servir d’un verre. Si vous utilisez un lutrin ou autre sorte de pupitre, préparez plusieurs verres d’eau, citronnée ou pas, et rangez-les dessous.

Organisez-vous pour toujours avoir une bouteille ou un verre d’eau à portée de main. Très peu d’orateurs débutants y pensent. Et quand ils s’en rendent compte, c’est parce qu’ils sont assoiffés : il est donc déjà trop tard !

N.B. – Un petit truc de comédien

Si vous n’avez vraiment rien pour vous hydrater, voici quand même un petit truc souvent utilisé par les comédiens, et qui pourra vous aider chaque fois que vous commencerez à manquer de salive : Mordillez-vous la langue. Cela active les glandes salivaires. (Profitez d’un temps d’arrêt dans votre discours pour le faire discrètement…)

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…Et si je me mets à babouba… bafafou… bafoufa… bafouiller ?

Avoir la langue qui fourche, faire un lapsus ou bafouiller, cela arrive à tout le monde, même aux personnes habituées aux prises de parole en public ou passages média.

Le trac, le stress, la surprise, le manque de confiance en soi ou encore l’importance accordée au sujet de l’intervention qui peut déchaîner de vraies passions, voilà tout autant de causes qui amplifient le risque de bafouillage.

Parfois c’est la peur de bafouiller qui provoque elle-même le bafouillage. La peur d’avoir peur ou la peur de rater sont d’affreux cercles vicieux.

Bien sûr, cela arrive davantage aux personnes qui n’ont pas l’habitude de parler en public et qui se retrouvent soudain poussées devant un jury, une assemblée ou encore une caméra de télévision…

Et c’est exactement ce qui arrive à la petite mamie, dans la vidéo ci-dessus, qui doit parler des poubelles. Moi je l’adore cette petite mamie ! Et ce qui me plait encore plus dans cette vidéo, c’est de voir toutes les personnes autour la soutenir par leurs applaudissements !

Bafouiller quand on parle, c’est un peu comme perdre l’équilibre quand on marche. Comment réagir ? Comment corriger ce faux pas pour ne pas s’écrouler entièrement ?

Si l’on sent que l’on se met à bafouiller, il faut s’arrêter immédiatement. Se taire un instant, tout simplement. Une pause de quelques secondes en maintenant le contact visuel. Chercher ses appuis, et reprendre plus posément. Reprendre la phrase en entier. Soit les mêmes mots, soit prendre un autre chemin, moins glissant, en cherchant à dire la même chose mais de façon différente : en effet, il arrive parfois que ce sont les mots ou expressions que l’on souhaite employer qui nous font bafouiller (mots techniques auxquels nous ne sommes pas habitués, ou enchaînements-pièges d’un certain type de consonnes…).

Dans tous les cas : ne pas s’excuser, ni s’énerver, ne surtout pas abandonner. Mettre un point d’honneur à terminer de dire ce que l’on a à dire.

Le seul fait d’avoir bafouillé peut provoquer chez certains un rire de supériorité, moqueur, narquois. Attendre d’avoir terminé pour leur rendre un sourire détaché, un clin d’oeil amusé – mais ne pas les regarder pendant que l’on cherche à retrouver le fil de ses idées, pas avant d’avoir terminé !

Nous savons tous parler. Parler est naturel. Mais parler en public ou répondre face à la caméra d’un journaliste peut présenter de grandes difficultés pour qui n’y est pas entraîné. L’expression à l’oral doit donc se pratiquer régulièrement, comme tout type d’activité à part entière (à mi-chemin entre les activités artistiques et les activités physiques et sportives), avec un groupe ou dans le cadre d’un media training.

Avez-vous déjà bafouillé lors d’un exposé ou d’une intervention en public ? Comment vous en êtes-vous tiré ?

Avez-vous déjà été interviewé par un journaliste, pour un micro-trottoir ou dans le cadre d’une émission de télé ?

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7 conseils et astuces pour vous servir d’un paperboard

Un paperboard est une sorte de tableau blanc, tel qu’on en trouve dans quasiment toutes les salles de réunion ou lieux dédiés à la formation. Il s’agit d’un panneau sur lequel on peut fixer un bloc de grandes pages de papier, d’où le nom. Si vous devez faire une présentation, vous gagnerez à vous en servir.

Mais pas n’importe comment ! Voici 7 conseils et astuces qui vous permettront de l’utiliser au mieux :

1 – Ecrire de façon lisible

Le premier conseil est d’écrire de façon parfaitement lisible. Cela peut sembler une évidence, mais ce n’est aussi facile qu’on le croit. A vrai dire, il y a même assez peu de personnes capables du premier coup d’écrire lisiblement « tout attaché » en se tenant debout. Nous sommes en effet habitués à écrire assis, sur un plan de travail horizontal bien à plat, l’avant-bras posé sur le bord du bureau et non flottant dans le vide. Avant d’utiliser un paperboard lors d’une intervention, il faut donc parfois un peu d’entraînement.

D’une façon générale, écrivez gros et aéré, en MAJUSCULES.

Pour la grosseur des lettres, vous pouvez prendre un repère : vos lettres peuvent par exemple faire la moitié de la taille de votre marqueur (soit environ 5cm de hauteur).

Lors de votre présentation, pensez à tester régulièrement la lisibilité de ce que vous écrivez en allant vous placer au fond de la salle où vous vous trouvez. Toutes les personnes situées au fond doivent pouvoir lire sans effort ce que vous écrivez.

Astuce : Que faire si vous vous rendez compte que le mot que vous êtes en train d’écrire est trop long, ou, pire, que vous n’êtes pas tout à fait sûr de son orthographe ? Par exemple : « Développement » prend-il un ou deux L ? Un ou deux P ? Va-t-il rentrer en entier dans la petite colonne que vous avez tracé à droite du tableau ? Prononcez alors le mot à voix haute, dites « Développement » mais notez « Dév. » : les personnes qui vous regardent penseront simplement que vous avez utilisé une abréviation. Par contre, n’abusez pas de cette technique, sinon votre tableau deviendra vite illisible et plus personne ne saura à quoi correspond telle ou telle abréviation…

2 – Utiliser différentes couleurs

Les couleurs améliorent non seulement la lisibilité, mais aussi et surtout le sens et la clarté de ce que vous écrivez ou dessinez au tableau :

Imaginez un texte tout en noir sur tout le tableau. Ce serait vite indigeste, non ? Tandis qu’en écrivant certains mots avec un couleur différente, vous les faites ressortir, vous les mettez en valeur et leur donnez une signification particulière. Le public retiendra d’autant mieux ce que vous avez voulu dire.

Pareil pour les schémas : les divers éléments que vous dessinez doivent être de différentes couleurs, sinon plus personnes n’y comprendra plus rien.

Mais attention à bien choisir la couleur à chaque fois ! La charge symbolique des couleurs est souvent très forte, et il faut donc respecter certains « codes ». Voici pour les plus fréquents :

• Le rouge indique une interdiction, un danger, une erreur ou quelque chose à éviter

• Le vert signifie souvent le contraire du rouge (comme pour les feux tricolores sur la route), c’est-à-dire : tout est OK, c’est la bonne formule, la bonne attitude, le bon message ou le mot clef à retenir… Pour les schèmas et dessins, le vert est également associé à la santé, ou à la nature bien sûr.

• Le bleu fait penser à l’eau, à un liquide, et est le symbole de la pureté. Cette couleur propage un message de calme et de sérénité. Comme le vert, le bleu peut aussi s’opposer à la couleur rouge.

• Le jaune ou le orange, comme le soleil, sont des couleurs symboles de lumière, de brillance, de rayonnement. Elles attirent l’attention. (Par contre on trouve difficilement des marqueurs jaunes qui se voient bien de loin sur papier blanc…)

• Le violet est une couleur souvent associée aux ambiances un peu fantastiques ou mystérieuses (OVNI, magie, etc.), c’est la couleur du ciel d’un monde imaginaire à la fois inquiétant et intriguant… Elle correspond à l’irréel, à l’intimité

• Quant au noir, il sert pour le corps du texte, les éléments de base, et est relativement neutre.

Pour toutes vos présentations, selon votre thème et le message que vous voulez faire passer, pensez donc à prévoir de gros marqueurs de couleurs différentes (au minimum : noir, bleu, rouge, vert) et en nombre suffisant. Prévoyez-en plusieurs de la même couleur, car si un feutre n’écrit plus pendant que vous êtes en train de noter ou dessiner quelque chose au tableau, vous devez pouvoir le remplacer par un autre de couleur identique (sinon vous risquez de brouiller le message).

3 – Faire des schémas

Un dessin vaut mieux qu’un long discours, c’est bien connu. Et le grand intérêt d’un paperboard est justement de pouvoir tracer en temps réel un dessin ou un schéma. Le tracer en temps réel, et non le projeter tout fait comme avec PowerPoint ou avec un « transparent » ! En effet, en vous voyant vous-même le faire en direct, les personnes à qui vous vous adressez retiendront bien mieux vos idées.

Il faut cependant réaliser votre schéma de façon logique. La façon dont on construit un schéma a autant d’importance que son contenu propre.

Évitez donc de tout dessiner d’un coup. Prévoyez différentes étapes, découpez votre dessin en plusieurs parties cohérentes. Au cours de ces étapes, misez sur l’interactivité et sollicitez le public (demandez si certains savent ce qu’il faut écrire, dessiner…).

Utilisez différentes formes et couleurs. Les variables visuelles sont nombreuses, en voici quelques unes qui constituent déjà une bonne base pour vos schémas :

• Les formes permettent de distinguer différents objets ou entités. Par exemple : rectangles, carrés, ovales, triangles… Vous devez établir un lien entre le type de forme et la fonction ou notion que vous voulez présenter.

• La taille (des rectangles, carrés ou ovales…) représente efficacement des « variations quantitatives ». C’est-à-dire : du plus petit au plus grand = du moins important au plus important, et vice-versa, etc.

• Le grain peut quant à lui traduire un relation d’ordre, ou renseigner sur la nature des objets indiqués dans les formes. Par exemple : rectangle vide / rectangle hachuré, hachures espacées / hachures resserrées, petits points, petites croix…

• La couleur, enfin, permet d’exprimer des différences. Gardez en tête que chaque couleur peut être chargée d’une signification importante : utilisez les codes vus dans le point précédent !

Certains schémas peuvent se révéler difficile à dessiner sur le paperboard à main levée. Dans le point suivant, vous allez découvrir une astuce peu connue qui va considérablement vous aider…

4 – Préparer certaines pages

Voici une petite astuce qui pourra vous rendre de grands services. En effet, il n’est pas toujours facile de se souvenir du tracé exact de tous les schémas, et certains sont parfois complexes à reproduire sur un paperboard. Par ailleurs, tout le monde n’a pas forcément des talents de dessinateur…

L’astuce consiste donc à préparer le tableau avant votre présentation, en dessinant les schémas souhaités au crayon à papier (faites des traits légers sans trop appuyer). Cette esquisse sera quasiment invisible pour toutes les personnes à plus de 2 mètres du tableau, tandis que vous, vous l’aurez sous la main : il vous suffira alors de repasser sur les traits au marqueur pour les faire apparaître à tous. Et comme ça, pas d’oubli, pas d’erreur possible, les proportions des divers éléments du schéma seront bien respectées, les lignes bien droites, les cercles bien rond… Bref, le schéma parfait !

Autre conseil : n’hésitez pas à laisser quelques mots inscrits sur d’autres pages (toujours au crayon papier léger), cela vous fournira discrètement de précieuses indications pour savoir où vous en êtes, sans avoir besoin de plonger le nez dans vos notes.

Vous pouvez également tracer des lignes sur toute la largeur du tableau pour écrire bien droit

5 – Ne pas parler quand on écrit

Si vous parlez pendant que vous écrivez, vous serez moins concentré, et vous écrirez donc moins bien. Rappelez-vous le tout premier point : votre écriture doit être lisible et soignée !

A l’inverse, si vous essayez de parler pendant que vous écrivez, votre parole sera moins fluide, vous vous exprimerez de façon « hachée »… Ce qui est tout aussi désagréable qu’une mauvaise écriture.

Dans tous les cas, il est toujours difficile de faire correctement deux choses à la fois. Dissociez bien les deux actions : quand vous écrivez, ne parlez pas. Attendez d’avoir fini pour commencer à expliquer. Bien sûr, écartez-vous du tableau avant de recommencer à parler ! C’est d’ailleurs l’objet du point suivant…

6 – Ne pas rester devant

Un autre problème, si vous parlez quand vous écrivez, c’est que vous cachez la plus grande partie du tableau tout en tournant le dos au public. Mais même si, une fois fini, vous vous retournez, n’oubliez pas de vous écarter du tableau ! Si vous utilisez un paperboard, c’est bien pour que le public voit ce qui est écrit dessus, n’est-ce pas ? Pourtant, c’est une erreur fréquente de voir l’intervenant rester devant le tableau, ou en cacher la moitié parce qu’il ne s’est pas suffisamment décalé.

Autre erreur habituelle : se tourner fréquemment vers le tableau, alors que cela dérange les spectateurs (car vous ne parlez plus dans leur direction) et donne de vous l’image d’une personne peu confiante. Apprenez à désignez le tableau et ce qu’il y a dessus tout en regardant le public, un peu à la manière d’un présentateur météo !

7 – Jouer sur deux tableaux

En respectant tous les points ci-dessus, vous utiliserez de façon optimale votre paperboard. Voici une dernière idée plutôt inédite pour surprendre votre public : ne vous servez pas d’un, mais de deux paperboards !

Installez les deux paperboards de chaque côté de la scène ( = la partie de la salle que vous occupez pour faire votre présentation), et naviguez de l’un à l’autre pour notez différentes choses. Par exemple, les résultats de deux groupes différents, ou les items de deux catégories distinctes, etc. Cela sera bien plus lisible et marquant que tracer un trait au milieu de votre page pour faire deux colonnes…

Et votre public sera certainement agréablement surpris, d’autant plus réceptif à ce que vous avez à lui dire !

Et vous, quelles sont vos idées originales pour vous servir d’un paperboard ?

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Technique de storytelling : créez et faites vivre vos personnages !

Pour structurer un bon storytelling, rien ne vaut la puissance des personnages. Raconter des histoires est un moyen efficace de convaincre, en faisant passer des émotions. On capte d’abord ses interlocuteurs par la force émotionnelle avant la dimension rationnelle. Mais comment produire un storytelling digne de ce nom ?Comment rendre ses histoires vraiment captivantes ? Dans cet article, je vous présente une technique simple, mais souvent mal exploitée.

Pour développer un storytelling puissant et impactant, votre premier réflexe doit être d’y intégrer des personnages. Pas des personnages plats et anonymes, mais des personnages bien vivants et que l’on appelle par leur nom. Première technique : n’évoquez pas des individus plus ou moins fictifs, mais rendez-les réels en les « baptisant » ! Même si ce n’est pas un vrai prénom, cela suffira à leur donner de la consistance. Et pour que le public puisse s’identifier à vos personnages, il faut en effet que ceux-ci semblent avant tout réels.

La raison est simple : c’est en s’identifiant à ces personnages que votre auditoire pénètrera vraiment dans votre histoire, et pourra donc ainsi se laisser convaincre par elle. Plus votre personnage est facile à visualiser, plus il est facile à s’approprier, plus on rentrera dans sa peau naturellement… Cas pratique. Ressentez-vous la différence d’intensité entre « Je trouve que le Népal est un pays paisible » et « Je me souviens d’Alopa, cette petite népalaise aux grands yeux noirs… un seul de ses regards concentrait toute la sérénité des lieux, du pays tout entier » ? Ça y est, vous avez compris…

Mettez en scène un héros, faites lui vivre les émotions que vous souhaitez transmettre à vos interlocuteurs et vous donnerez plus de puissance à vos argumentaires, vos publicités, vos plaidoiries, et à toutes vos histoires en général (même des blagues !). C’est l’essence même de l’efficacité des émissions de télé-achat. On vous raconte l’histoire d’une personne ordinaire, Nadine ou Jean-Pierre, qui découvre un aspirateur incroyable qui leur apporte plus de bonheur que votre vieil aspirateur ne vous donnera jamais.

Voici un autre exemple, extrait du livre de Christian Salmon, référence sur le storytelling en France : il y parle du spot publicitaire à 6,5 millions de dollars de la campagne Bush en 2004, qui se contente de montrer une jeune fille ! Mais pas n’importe quelle jeune fille, celle-ci a une histoire bien particulière et c’est là que se niche le storytelling : c’est une jeune fille dont la mère est morte le 11 Septembre, et qui reprend confiance dans la vie en rencontrant George W Bush qui la prend dans ses bras (en bon « conservateur compassionnel »), parce qu’elle réalise que « l’homme le plus puissant du monde se soucie d’elle ». Chaque Américain a potentiellement pu se sentir touché, concerné, ou même s’identifier à cette jeune fille.

Sachez donc utiliser la puissance des personnages et déjouer la manipulation de ceux qui les utilisent dans leurs histoires. Pour réfléchir en profondeur à la puissance et aux méthodes de storytelling, je vous recommande de lire le de Christian Salmon : Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits.

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