Rhétorique

Comment Démosthène est devenu le plus grand orateur de son temps : découvrez 4 secrets pour mieux vous exprimer

Il est utile, pour toute personne voulant se former à l’art oratoire, de s’intéresser également à la vie des grands orateurs. C’est pourquoi je veux vous parler aujourd’hui du plus célèbre d’entre eux : Démosthène.

Démosthène a vécu au IVe siècle av. J.-C., de -384 à -322. Souvent cité par Cicéron comme un modéle d’éloquence, il fut l’un des plus grands orateurs de la Grèce antique.

Pourtant, ce n’était pas gagné…

A ses débuts, Démosthène était en effet peu doué. Son premier contact avec la tribune et le public fut un échec. On raconte que sa voix manquait de force, que son articulation était peu soutenue, et que sa prononciation était mauvaise (il avait notamment du mal avec les « R »)… En plus de cela, le trac et le trouble le paralysait, ses gestes étaient maladroits, et il soulevait sans cesse une épaule, par une sorte de tic…

C’est ainsi que, lors de sa première intervention en public, il se fit carrément huer. Les gens se moquèrent de lui et critiquèrent violemment sa façon de s’exprimer.

Malgré cela, il continua d’intervenir en public, entre autres pour défendre ses idées politique. Et il finit par devenir l’un des meilleurs et des plus célèbres orateurs de l’Antiquité. Comment a-t-il fait ? Quels sont ses secrets ? Voici comment Démosthène s’acharna à remédier à ses défauts, grâce à 4 techniques surprenantes :

1 – Les fameux « cailloux de Démosthène »

Démosthène avait des soucis d’articulation et de prononciation. Pour délier sa langue, il s’entraîna à parler avec des galets dans la bouche. Cette technique, désormais appelée « les cailloux de Démosthène », est encore utilisée par certains orthophonistes pour améliorer la diction. En voici le principe :

En plaçant quelque chose dans votre bouche, vous gênez les mouvements de celle-ci ; et si vous voulez vous mettre à parler dans ces conditions, vous êtes alors obligé d’articuler exagérément pour que vos paroles soient un minimum compréhensibles. Ce travail d’articulation permet d’exercer les muscles buccaux, ce qui améliore nettement votre expression orale.

Faites le test ! Pas forcément en avalant des cailloux ramassés par terre, mais plus simplement en vous coinçant un crayon entre les dents. Choisissez quelques formules et prononcez-les à voix haute deux ou trois fois en vous efforçant de parler de la façon la plus correcte possible malgré cette gène. Enlevez ensuite le crayon, et reprenez vos formules : vous serez surpris de voir à quel point votre expression se révélera aussitôt bien meilleure, plus fluide et plus agréable…

Les cailloux de Démosthène éloquence

– Démosthène s’exerçant à la parole –
Peinture de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ, réalisée en 1870

Démosthène avait également une méthode originale pour travailler le volume de sa voix. C’est sur la plage qu’il ramassait les galets, qu’il mettait ensuite à la bouche. Et il profitait d’être face à la mer pour s’exercer à parler fort face au bruit des vagues (cf. le tableau ci-dessus). De façon similaire, mettez votre radio à fond, et essayez de couvrir le bruit en haussant le ton !

2 – La préparation physique

L’art oratoire est une discipline bien plus physique qu’on ne le pense. Le talent d’un orateur ne dépend pas seulement des mots qu’il emploie, de ses idées et de sa façon d’argumenter : encore doit-il exécuter les bons gestes, occuper l’espace, manier des objets, s’exprimer avec force et clarté sans s’essouffler, tenir dans la durée… Parler face à une assemblée devient vite un sport à part entière.

Pour jaillir avec énergie, la parole doit être soutenue par un corps solide et entraîné. La voix de Démosthène était faible, et seul un souffle puissant peut porter une voix forte. Pour cultiver son souffle, il se mit donc à faire de la course à pied

Pour nous, le vélo est aussi un excellent moyen, plus contemporain. D’une façon générale, le sport permet d’améliorer notre posture et notre allure. Par exemple, un bon gainage au niveau abdominal, combiné à un fessier et des lombaires renforcés, permet de maintenir une posture bien droite et assurée. La pratique physique et sportive devrait être le complément indispensable des études en rhétorique !

3 – L’épée sous l’épaule

Pour son tic à l’épaule, Démosthène se résolut à travailler devant un miroir. Il coinça une épée le long de son corps, la pointe sous l’aisselle : il était ainsi renseigné sur la discipline de son épaule par les piqûres douloureuses qu’elle lui occasionnait quand son tic le reprenait…

Bien sûr, vous n’avez peut-être pas d’épée chez vous, et vous ne voudriez de toute façon pas tenter une technique aussi violente. Voici donc un autre moyen, plus soft, pour apprendre à contrôler votre gestuelle et limiter vos mouvements involontaires :

Remplissez un bol d’eau, à ras-bord, au point que la moindre secousse devrait vous en faire mettre à côté. Prenez alors ce bol entre vos deux mains, en coupole, de telle façon que vous ne pouvez en détacher une pour tenir le bol avec l’autre seulement. Puis… Commencez à parler, à raconter une histoire, ou à répéter un exposé ! En veillant à ne pas tout renverser par terre ou sur vous ;-)

Remarques : cet exercice est à faire debout, dans votre cuisine, ou un lieu avec du carrelage de préférence… Pour les plus entraînés, vous pouvez risquer quelques déplacements, pas trop brusques ni trop rapides bien sûr, cela vous obligera à vous tenir bien droit même en marchant. Enfin, plutôt que de travailler devant un miroir, ce qui vous contraint à rester concentré sur votre reflet tout en parlant, il est préférable de se filmer, et découvrir ensuite son image.

4 – L’isolement et l’entraînement

Comme tout processus d’apprentissage et de perfectionnement, devenir un bon orateur peut se révéler long et fastidieux. Il est donc important de rester concentré, et de garder intacte sa volonté. On raconte que Démosthène s’obstina à progresser en s’isolant dans un bâtiment souterrain pour mieux travailler. Il se rasa même la moitié de la tête et de la barbe pour s’empêcher de sortir (ne voulant être vu de la sorte…).

Dans votre cas, inutile d’aller vous enfermer dans la cave pour vous adonner à l’art oratoire… Mais il est important que vous ayez un lieu dédié à votre pratique. Pourquoi pas votre chambre, votre salon, où encore une salle de formation du Club d’Éloquence. L’espace doit vous être réservé, si possible spacieux et dégagé, et vous ne devez pas craindre de déranger qui que ce soit en élevant la voix.

Gardez également en tête que se former à l’éloquence exige du temps, et vous devez pour cela être prêt à y consacrer au moins une heure, un ou plusieurs jours par semaine. Prenez cette activité au sérieux, au même titre que vos autres activités – professionnelles, sportives ou familiales -, et réservez-vous un moment spécial pour cela. Travailler sa voix est un rendez-vous avec soi-même. Notez-le dans votre agenda comme tout autre rendez-vous important, et organisez votre emploi du temps en fonction !

Ce qu’il faut retenir de l’histoire de Démosthène, c’est que son talent en matière d’art oratoire ne tient pas à un quelconque « don », à une prédisposition ou à une qualité innée. Il était mauvais, et a travaillé dur pour devenir le meilleur. On s’est moqué de lui pendant des années, lors de ses premiers discours, il a été chahuté et humilié… Puis on s’est mis à l’écouter, on a reconnu en lui un véritable orateur… Et plus de 2000 après, on parle toujours de lui comme d’un modèle d’éloquence !

C’est en ce sens que Démosthène occupe une place à part parmi les grands orateurs de l’Antiquité.

Il a marqué à jamais la rhétorique et l’art oratoire. Il nous a laissé de nombreux et ingénieux exercices de perfectionnement à l’oral, qui font encore leurs preuves aujourd’hui. Il demeure une source d’inspiration pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’exprimer avec brio, porter leurs idées avec force et conviction, et remporter l’adhésion de leur public.

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Rhétorique du politiquement correct : de l’art de la périphrase au lissage du langage…

Souvent dénoncé comme synonyme de « bien-pensance », de conformisme voire de langue de bois, le « politiquement correct » désigne la manière de parler pour ne déplaire à personne.

Cette attitude est le propre des politiques et des médias, qui visent soit le plus large électorat, soit le plus vaste audimat.

Il s’agit d’adoucir les formulations, termes ou expressions qui pourraient heurter un public catégoriel. Autrement dit : désigner de façon non discriminante les catégories ou groupes d’individus identifiés par leur origine ethnique, leur culture, leur profession, leur handicap, leur sexe, leur orientation sexuelle… Par exemple :

  • Un aveugle devient « une personne non voyante » ;
  • Un handicapé devient « une personne à mobilité réduite » ;
  • Un noir devient « un homme de couleur » ;
  • Un balayeur ou nettoyeur devient « technicien de surface » ;
  • Une prostituée devient « travailleuse du sexe »…

Comment se construit le langage politiquement correct ? En réalité c’est assez simple : il suffit de remplacer chaque mot devenu gênant ou trop connoté… par d’autres mots moins évocateurs…

En rhétorique, on parle de périphrase. La périphrase est une figure de style qui consiste précisément à remplacer un mot par un groupe de mots signifiant approximativement la même chose (par exemple, déménager devient « procéder à une réorganisation de l’espace » ; jardinier devient « animateur d’espaces verts »).

La périphrase facilite le recours à l’euphémisme, une autre figure de style consistant à atténuer ou modérer une idée déplaisante. Par exemple, le chômage devient « l’évolution du nombre de demandes d’emplois non satisfaites » !

C’est un peu le principe dont j’ai parlé dans un précédent article, la pratique de l’A-Nommeur :

A-nommer une chose, c’est « faire disparaître du langage le mot qui la désigne, et donc s’obliger à la décrire d’une façon inhabituelle. » En changeant la façon dont nous en parlons, nous pouvons alors modifier la façon dont nous les percevons…

Et qu’est-ce que la poésie si ce n’est une certaine description du quotidien, mais sans utiliser les mots de ce même quotidien ?

En maquillant leurs pensées, en usant de formules sophistiquées pour parler de choses souvent banales, en refusant d’appeler un chat « un chat » – en a-nomant chaque élément de la réalité qu’ils prétendent décrire -, les politiciens feraient-ils donc de la poésie sans le savoir ?

Hélas, un problème apparaît bien vite…

Car une simple traduction ne redéfinit pas le terme initial, et transforme encore moins la réalité. Le signifiant change, mais pas le signifié. Or, le problème réel ou supposé porte bien sur le signifié, c’est-à-dire la chose existante, et non le signifiant, c’est-à-dire tel ou tel mot.

Cela revient, en somme, à ne pas nommer directement le mal que l’on désigne. Ce qui estompe ainsi l’effet désagréable d’en parler…

Mais pas le mal en lui-même, ou le fait de le subir.

Parler du cancer comme d’une « longue maladie » ne changera malheureusement rien pour celui qui en est atteint… Annoncer à un employé qu’il est désormais « en cessation d’activité » ou « mis en disponibilité » ne résoudra pas les difficultés d’être viré.

A vrai dire, dans ces cas extrêmes, ces expressions risquent même de provoquer l’effet inverse d’un euphémisme ou d’une périphrase. Elles n’atténuent pas la douleur, mais l’exacerbent. Loin de prévenir toute forme de discrimination, de stigmatisation ou de péjoration, les traductions « politiquement correctes » sont carrément révoltantes pour quiconque voit ainsi son mal minoré, voire renié.

Le langage est la base de la pensée. En ce sens, le « politiquement correct » devient un véritable carcan intellectuel. Il limite, réduit, écrase la pensée. Il lisse le langage en gommant les aspérités d’une réalité qui le dérange.

Or, c’est précisément en considérant la réalité telle qu’elle est que l’on peut espérer en corriger certains maux, problèmes ou défauts. En évitant d’en parler, ou en contournant ces problèmes par d’étranges jeux de langage, on se dédouane également de toute responsabilité vis-à-vis d’eux.

Comme la poésie, les traductions « politiquement correctes » n’ont aucun effet direct sur le monde qui nous entoure – seulement dans la tête de ceux qui veulent voir les choses différemment. Mais l’expression poétique et le discours politique ont des visées diamétralement opposées : la contemplation… et l’action.

La poésie du poète devient donc… hypocrisie du politique…

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La rhétorique de Schopenhauer : peut-on vraiment avoir toujours raison ?

L’art d’avoir toujours raison est un petit ouvrage décapant du philosophe allemand Arthur Schopenhauer (L’art d’avoir toujours raison est disponible aux Éditions des mille et une nuits pour 2 euros 50 – c’est à cette édition que nous renvoyons concernant les passages cités dans l’article qui suit).

Il s’agit d’une compilation de techniques et stratagèmes utilisés pour se tirer d’un mauvais pas lors d’un débat, éviter l’embarras au cours d’une discussion, et d’une façon générale l’emporter sur ses contradicteurs dans tout type d’échange d’idées. C’est une sorte de « best of » de la mauvaise foi du philosophe. Comme l’explique Schopenhauer, prouver par A + B que l’un de ses contradicteurs a tort ne suffit pas : autant déformer les idées qu’il défendait pour provoquer véritablement leur rejet. A l’inverse, il faut parfois déformer les siennes propres pour mieux les faire accepter. Tenter à tout prix de développer une argumentation rationnelle a tôt fait d’agacer un interlocuteur ou d’ennuyer ses auditeurs. Un débat est une joute oratoire sans pitié, où l’esprit juste se révèle rarement le meilleur allié de l’idée vraie.

L’art de la guerre appliqué au débat

Schopenhauer est mort en 1860. Paru en 1864, L’art d’avoir toujours raison est donc un ouvrage posthume, constitué à partir de notes qui n’étaient pas toutes destinées à la publication. C’est en effet pour son usage personnel que le philosophe consignait les différentes techniques et astuces qui lui permettaient de surmonter la controverse et briller dans les débats. Vu leur redoutable efficacité, il pouvait certainement craindre qu’elles ne tombent entre n’importe quelles mains. Il se les réservait, comme on se réserve une botte secrète quand on part au combat. Car c’est exactement ça : pour Schopenhauer, le débat est un combat. Prenant le contre-pied de toute une tradition philosophique, qui ne pensait la discussion qu’entre honnêtes gens et envisageait tout échange d’idées comme quête commune de vérité, Schopenhauer réinterprète le dialogue comme confrontation verbale, à travers laquelle le but est d’exploiter les failles et faiblesses de ses interlocuteurs. La discussion confine au conflit et il faut s’y engager l’esprit guerrier.

Le débat est un combat

Cette métaphore du combat est explicite et assumée tout au long de l’ouvrage. Usant de formules telles que : « …battre l’adversaire à armes égales », « dans les règles de ce combat… », Schopenhauer dépeint le débatteur comme un parfait bretteur. Il fait le parallèle avec un « maître d’arme préparant un duel » et précise que « toucher et parer, c’est cela qui importe ».

Le terme même de « stratagème », par lequel il nomme toute figure rhétorique, désigne à l’origine un procédé tactique propre à l’armée. Chaque interlocuteur devient un adversaire duquel il faut triompher – qu’il faut au besoin écraser, neutraliser, détruire. L’art d’avoir toujours raison apparaît comme un véritable manuel de tactique militaire appliquée à la parole et à la confrontation verbale. Rompu à l’exercice des débats en tout genre, et toujours de haut niveau intellectuel, Schopenhauer nous offre nombre d’exemples et de cas pratiques à travers lesquels s’affirme toute la puissance de sa rhétorique.

Le double jeu de la rhétorique

La rhétorique est l’art de la persuasion. Son statut est ambigu : pratique héritée des philosophes de la Grèce antique, elle fascine autant qu’elle inspire la méfiance. Tout le monde convient en effet qu’il vaut mieux être convaincant plutôt que déplaisant, séduire plutôt que dégouter, susciter l’adhésion plutôt que le rejet. Mais peu de gens assumeraient de tromper ou manipuler les autres délibérément, et personne ne supporte de l’être. Nous avons généralement, dans le fond, un certain idéal de vérité. Toutefois, la rhétorique n’est pas seulement l’apanage des menteurs et autres manipulateurs. Même quand on a raison, même lorsqu’on est persuadé de détenir la vérité, on peut avoir besoin de la rhétorique pour défendre son point de vue.

La rhétorique a donc un double usage : de la part de nos contradicteurs, possibles menteurs ou manipulateurs, mais également de notre part à nous, pourfendeurs des illusions et faux-semblants ! Pour quiconque, en effet, la connaissance de ces techniques permet de les déceler chez ses adversaires. C’est pourquoi Schopenhauer déclare que la mission première des rhéteurs est « d’élaborer et d’analyser les stratagèmes de la malhonnêteté dans la controverse afin que, dans les débats réels, on puisse les reconnaître immédiatement et les réduire à néant » (page 17). En retour, il faut tout autant oser utiliser ces stratagèmes malhonnêtes, afin d’instaurer l’équité dans le combat avec l’adversaire : « il faut même souvent y avoir recours soi-même pour battre l’adversaire à armes égales » (page 15). C’est au nom de la vérité qu’il faut parfois exagérer voire mentir un petit peu…

38 stratagèmes rhétoriques

Dans L’art d’avoir toujours raison, ce sont pas moins de trente-huit stratagèmes (trente-sept + un « ultime ») qui sont présentés dans le menu détail, permettant tour à tour d’attaquer l’adversaire et de s’en défendre. Conquérir le terrain du débat en imposant sa thèse, et contrer les tentatives de l’adversaire d’exposer la sienne. Bombarder son interlocuteur de mots destructeurs, ou esquiver ses foudres déclamatoires. Car, à défaut de remporter la victoire, si l’on n’est plus capable de triompher, il faut toutefois empêcher l’adversaire d’y parvenir, ou de le laisser nous détruire – le match nul existe aussi dans les débats.

Certains stratagèmes reposent sur la faiblesse de nos interlocuteurs (Stratagème 8, page 33 : mettre l’adversaire en colère), d’autres font appel au public (Stratagème 28, page 45 : faire rire l’auditoire), d’autres encore dépendent de notre assurance ou nos connaissances (Stratagème 30, page 48 : l’argument d’autorité). Tous peuvent être adaptés à nos discussions au quotidien, du moindre bavardage entre amis aux grands débats en public.

A retenir : Schopenhauer est un philosophe allemand du XIXe siècle. Pour lui, il faut connaître la rhétorique autant pour la démasquer chez ses adversaires que pour l’utiliser à son tour et rivaliser ainsi à « armes égales ».

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