Préparer un discours

Les bonnes questions à se poser pour préparer une intervention en public

Dans un précédent article, nous avons abordé la méthode « POMME », pour préparer une intervention en public. Voici une petite infographie qui montre bien le processus et reprend toutes les questions à se poser dans l’ordre (explications plus détaillées sous l’image) :

Parler en public préparer un discours intervenir à l'oral

Le premier point, tout part du public : c’est ce qu’il y a de plus important chaque fois que vous devez préparer un discours. Vous devez clairement identifier à qui vous vous adressez avant de déterminer, en fonction, votre objectif.

Le message repose sur une « idée-force » (une seule idée !). Cette idée-force doit se formuler en une phrase courte (un verbe et quelques mots précis) et de façon positive. Elle constitue votre réponse à l’objectif que vous vous êtes fixé plus haut. Elle doit également correspondre à une intime conviction, à quelque chose qui compte vraiment pour vous. Vous devez l’exprimez dès l’introduction, la rappelez dans vos arguments et la reformulez en conclusion.

L’introduction peut se construire à partir d’un chiffre marquant (par exemple des statistiques : « saviez-vous que 89% des hommes… ? ») ou d’une histoire personnelle (« il y a deux ans j’ai eu un terrible accident… »), qui permet de rentrer tout de suite dans le vif du sujet et de capter l’attention du public.

Idéalement, la conclusion (qui consiste à revenir sur l’idée-force) se double d’un appel à l’action : en effet, si votre public est d’accord avec vous, convaincu de ce que vous avez dit, que peut-il faire pour continuer dans ce sens ? (par exemple, imaginons que vous venez de parler de la protection de la nature : donnez un conseil à appliquer au quotidien pour éviter le gaspillage, donnez l’adresse d’un site web où l’on peut renseigner davantage, parlez d’une association et annoncez une collecte de don ou un recrutement de bénévoles, etc.). Voilà pour la préparation « intellectuelle ».

La préparation du matériel est souvent négligée, et peut causer de gros soucis. Certaines personnes arrivent avec une clef USB contenant leur joli PowerPoint, mais n’ont pas pris la peine de vérifier si la salle était bien équipée pour le projeter, s’il fallait amener son propre ordinateur, si la clef devait d’abord être vérifiée sur une station blanche, si la prise électrique fonctionne bien et/ou s’il faut une rallonge, etc.

De même pour l’utilisation d’un paperboard : prévoyez votre propre trousse de feutres de couleurs, n’hésitez pas à venir également avec une recharge papier !

Si vous ne connaissez pas la salle où vous intervenez, prenez aussi le temps de vous renseigner, de demander le plus de précisions possibles à ceux qui peuvent vous en parler ou encore, mieux, vous rendre sur place quelques temps avant. En fonction de la configuration de la salle, de l’environnement, vous aurez peut-être besoin de modifier certains aspects de votre animation. Un PowerPoint ou un paperboard sont parfois inutilisables selon les contextes (pas de prise secteur accessible, ou impossible de plonger la salle dans le noir, ou encore configuration en hémicycle ne permettant pas au public sur les côtés de voir ce que vous pourriez projeter, etc.)…

Public, Objectif, Message, Matériel, Environnement : P.O.M.M.E ! Une checklist à retenir par coeur, toutes les bonnes questions à se poser pour préparer au mieux une intervention en public !

Partagez sur vos réseaux

Poser la trame d’un discours percutant en 1 minute chrono : la technique Borden

Qui n’a jamais été anxieux à l’idée de devoir rapidement prendre la parole en public, sur un sujet pour lequel ils ont peu de temps pour se préparer ? Cet article leur est dédié.

En 1935, Richard C. Borden, enseignant américain à l’université de New York, a écrit un livre intitulé Public Speaking as Listeners Like It (titre que l’on pourrait traduire en français par : « Parler en public de manière à ce que les auditeurs apprécient »). A l’origine, il s’agissait d’un manuel à destination des managers du groupe Chrysler. L’ouvrage commence à dater, mais les conseils qu’on y trouve sont toujours aussi précieux, les principes de la rhétorique sont intemporels ! L’auteur propose notamment une formule simple mais très puissante, désormais connue sous le nom de « formule Borden », qui vous permettra de ne jamais être au dépourvu. Voyons cela en détail dans les lignes qui suivent…

Les 4 questions de la « formule Borden »

La formule Borden consiste à imaginer une séquence dans laquelle vous êtes dans la position de l’orateur face à son public. Vous commencez à déclamer votre discours, mais le public est virulent et vous interpelle : les questions que ce public imaginaire vous adresse directement sont les questions que vous devez vous poser successivement pour remanier votre discours afin de le rendre plus convaincant et impactant. Ces questions (ou plus exactement ces « réactions » présupposées du public) sont au nombre de quatre : 1/ Ho-Hum! 2/ Why Bring that Up? 3/ For Instance! 4/ So What? Traduction et explications :

Imaginez. Imaginez que vous venez de monter sur scène et vous apprêtez à prendre la parole… Imaginez alors que l’audience vous dit « quel ennui ! »… Qu’allez-vous faire ? (dans la version anglaise, le public fait « Ho-Hum! », ce qui veut dire sensiblement la même chose… Le genre de soupir que nous poussions presque tous, quand nous étions étudiants, et que nous voyions notre vieux prof ringard s’avancer vers le tableau poussiéreux…).

Dans cette situation, face à ce public qui s’impatiente déjà, vous conviendrez que rester paralysé n’est pas la meilleure chose à faire, et la peur au ventre aggraverait les choses. Le public attend de l’action ! Et pour cela vous devez agir – ou réagir – vite et frapper fort… Que faire exactement ? Tout d’abord, prenez 5 grosses inspirations (voir la technique des 5 S) et dès que vous vous sentirez prêt à faire face, lancez-vous, la crainte disparaîtra. Lorsque vous parlez avec timidité et manque de confiance, l’auditoire vous regarde ; lorsque vous parlez avec conviction, c’est votre message qui est regardé ! Aussi, le meilleur moyen de vaincre sa crainte est de se lancer à fond sans retenu dans votre intervention.

C’est pourquoi le premier message de Borden est de prendre un départ puissant. Lorsque vous prenez la parole, vous voulez une attention totale de la part de ceux qui vous écoutent et vous regardent, vous devez leur donner l’envie de boire vos mots. Voici l’exemple en deux temps donné par Richard Borden : « Le sujet dont on m’a demandé de vous parler est la réduction des accidents de la route… » Quel ennui ! Ne serait-ce pas plus efficace de commencer ainsi : « Quatre cent cinquante nouveaux cercueils ont été livrés à la ville jeudi dernier… » ? Oui, bien sur que la seconde option est beaucoup plus dynamique et entrainante ! Pour chaque formule, prenez donc simplement le temps de réagir comme n’importe quel auditeur vous écoutant, qui penserait en son for intérieur : « bon sang mais qu’est-ce que c’est chiant… »

En commençant de cette manière, avec un chiffre marquant par exemple, ou n’importe quelle autre technique d’introduction impactante, cela amène votre public à se demander « Pourquoi ? » (en anglais : Why Bring that Up?, ce qui veut dire de façon un peu plus subtile : pourquoi aborder cela ? Quel est l’enjeu ? ou plus vulgairement : oui et alors ? qu’est-ce qu’on en a à faire ?) Lorsque l’auditoire se pose une question, c’est en réalité souvent une bonne chose car cela veut dire que vous avez capté son attention, et donc qu’il daignera au moins écouter ce que vous direz ensuite… Ce qui nous amène à la prochaine étape.

Alors que le public vous écoute expliquer le pourquoi du comment, intervient le moment pendant lequel on vous criera « Comme par exemple ? » (en anglais : For Instance!), c’est-à-dire qu’on attend de vous quelque chose de plus concret, quelque chose qui nous ramène à une certaine réalité, soit pour prouver ou démontrer votre propos, soit pour mieux l’expliquer. A cette étape, il est nécessaire que vous donniez un exemple pertinent pour expliquer votre point. Vous pouvez même en donner deux ou trois, tant que vous restez simple et bref, sans vous perdre dans de trop longs et fastidieux développements…

Finalement, ceux qui vous écoutent finissent par hurler : « Et alors ? » (en anglais : So What?). C’est le moment de vous diriger vers un call-to-action, autrement dit votre solution ou recommandation finale, qui coïncidera également avec votre conclusion en délivrant ainsi le véritable message de votre intervention.

Pour que ce soit plus parlant, reprenons l’exemple donné par l’auteur dans son livre, en suivant les quatre étapes successives de questionnement :

Ho-Hum! = Quel ennui !

« Le mois dernier, à Chicago, un homme a refusé un million de dollars pour une invention qu’il avait mûrit pendant son temps libre. »

Cette introduction est percutante, car le montant de « 1 million » est en soit impressionnant pour la plupart des gens. Et beaucoup se demanderont alors comment on peut laisser filer une telle opportunité… A cela s’ajoute la curiosité de découvrir quelle peut bien être cette mystérieuse invention. Enfin, la proximité temporelle (le mois dernier, ça vient juste d’arriver !) et de proximité spatiale (c’était à Chicago, la ville juste à côté !) en font un événement d’une brulante actualité.

Why Bring that Up? = Pourquoi en parler ?

« Ce qui vous intéressera là-dedans est que cela vous confronte aux possibilités de votre temps libre. Ne vous êtes-vous jamais dit que la plupart des grands hommes étaient parvenus à l’œuvre de leur vie non au cours de leur travail, mais dans leur temps libre ? »

L’idée est simple, mais toute l’astuce réside dans le fait de la formuler sous forme de question. Le public est donc directement interpellé, amené à s’interroger sur lui-même, son propre temps, ses propres possibilités… En gros, c’est un peu comme si on posait au public une question du genre : pourriez-vous toucher un million de dollars en en vous organisant mieux au quotidien ? Ce qui, en filigrane, pose une question encore plus directe et percutante : voulez-vous savoir comment gagner 1 million de dollars ? Ou même : qui, parmi vous, voudrait gagner une telle somme ? (allez, levez la main…) Des questions auxquelles on répondrait difficilement par la négative, ce qui revient d’une certaine manière à utiliser la fameuse technique du Yes set.

For Instance! = Par exemple ?

A partir des éléments introductifs précédents, vous pouvez developper plusieurs façons. Les exemples peuvent être divers et variés. Pour prolonger, voici ce que Borden propose, pêle-mêle :

« Un poseur de rail exténué se penchait devant ses livres, tout juste illuminés de la lueur d’une bougie ou d’une cheminée, la journée finie, au lieu de ronfler et de regarder les étoiles comme ses camarades. »

« Un employé télégraphique, exploité et sous-payé, réduisait son sommeil de quelques heures pour, la nuit, concrétiser certains rêves en lesquels il croyait. Aujourd’hui, le monde entier bénéficie du travail de Thomas Edison. »

« L’instructeur d’une obscure université de la région riait avec ses collègues de cet homme qui passait son temps sur son appareil. Mais il a inventé le téléphone pendant son temps libre. » (dans cet exemple on parle de Alexander Graham Bell)

On aurait aussi pu évoquer Abraham Lincoln par exemple, qui devint un grand homme pendant son temps libre… Ce qu’il faut retenir, c’est que vos exemples doivent servir votre propos, en l’illustrant si possible par des faits réels, ce qui apparaitra alors comme une sorte de preuve factuelle de ce que vous avancez. Il est aussi possible de fournir des exemples fictifs purement illustratifs, mais ils produisent moins d’effet, ils sont surtout pertinent pour leur valeur explicative.

So What? = Et alors ?

« Messieurs, vous aussi avez du temps libre. Celui qui dit « Je ferais tant de superbes choses, si seulement j’en avais le temps !» ne ferait rien s’il avait tout le calendrier de libre. Il y a toujours du temps, du temps libre, dont chaque homme peut disposer. Utilisez-le ! »

L’appel à l’action est clair et direct, il sonne même comme une sorte de morale qui vient conclure à merveille ce petit discours… Alors la prochaine fois que l’on vous propose de présenter un discours à la dernière minute, vous aussi appliquer la méthode de Borden. Vous devez imaginer que votre auditoire dit successivement :

  1. « Quel ennui ! »
  2. « Pourquoi parler de cela ? »
  3. « Par exemple ? »
  4. « Et alors ? »

Et, en y pensant, c’est exactement ce que vous vous dites vous-même quand vous entendez quelqu’un qui prend la parole ! En suivant simplement ce cheminement, sans même vous en rendre compte, vous aurez formulé un discours personnalisé totalement dédié à votre public en un rien de temps. Car c’est bien cela le vrai secret de cette technique : il ne s’agit ni plus ni mois que de s’adapter à son public, en se mettant littéralement à sa place, ce qui constitue le premier principe de la rhétorique ! Continuez d’utiliser cette méthode à chaque opportunité, et en peu de temps vous vous rendrez compote avec étonnement que vous améliorerez votre capacité à improviser avec facilité déconcertante.

Partagez sur vos réseaux

Préparer un discours : 7 techniques pour faire une entrée fracassante

Démarrez vos pitchs avec panache en faisant une entrée en matière fracassante ! Quelle que soit la durée de votre intervention à l’oral, l’essentiel se joue dans les premiers instants, dès les premières phrases de votre introduction : si vous captez l’attention de votre public, il vous suivra sans hésiter, et la suite sera d’autant plus facile. Pour un même discours, avec le même contenu et les mêmes développements, changer quelques phrases ou quelques mots de l’intro peut totalement transformer la façon dont l’ensemble sera perçu. Voyons voir comment faire avec 7 techniques à fort impact

1. Les amabilités d’introduction sont inutiles

Lorsque vous prenez place face à l’auditoire, une seule chose doit vous importer : gagner son attention ! Le début d’une prise de parole est son prime time. Et pour faire forte impression, une bonne prise de parole doit s’ouvrir avec un message fort. Non pas en remerciant quelqu’un de vous avoir donné la parole, non pas en énonçant le sujet dont vous parlez, et surtout pas en vous excusant par avance de votre manque – réel ou non – de préparation… Est-ce que dire « bonjour », « merci untel », ou « j’ai un peu le trac désolé » vous semble être un message fort ? Oubliez les platitudes.

Vous pensez peut-être que, en prenant la parole, des mots plaisants et non originaux sont une parfaite mise en jambe, une façon de démarrer tranquillement ? Cela vous fera en réalité passer pour quelqu’un de vague, de terne, voire quelqu’un de faible… En tout cas quelqu’un qui n’accroche personne. Pourtant, la majorité des personnes démarrent de cette façon : « C’est pour moi un plaisir d’être venu ici. Je remercie M. Robert de me donner l’opportunité de vous remercier… » ou encore : « Le sujet dont on m’a demandé de vous parler est la réduction des accidents de la route. » et gnagnagna… Que de banalités. Pour exprimer la même idée, que pensez-vous de cette introduction : « Quatre cent cinquante nouveaux cercueils ont été livrés à la ville jeudi dernier… » ? Ça claque, n’est-ce pas ? Ça surprend, tout en piquant notre curiosité. On souhaite instantanément en savoir plus, alors même qu’on ne se sentait pas forcement concerné ou intéressé par le sujet de « la réduction des accidents de la route »…

Beaucoup d’entre vous pensent que rentrer immédiatement dans le vif du sujet peut paraître brusque, qu’il faut préparer la salle avant toute chose. C’est faux ! La seule et unique façon efficace de démarrer un discours est la façon forte, celle qui fera que les têtes se tourneront vers vous en se disant « tiens, serais-je venu écouter quelqu’un d’intéressant ? » A l’inverse, des remerciements en début de prise de parole ne peuvent ressembler qu’à une mauvaise flatterie, pourtant habituelle (alors que, paradoxe, en exprimant ces mêmes remerciements au milieu du discours, ils paraîtront vraiment sincères !). Bref, les amabilités d’introduction sont des inutilités d’introduction, et risquent même le plus souvent d’être contre-productives.

Exception à la règle : si vous prenez la parole dans l’urgence, que votre auditoire est apeuré et veut savoir ce que vous avez décidé. Rassurez-les immédiatement, dites ce qu’il s’est passé, reconnaissez le problème et annoncez vos décisions.

2. Commencez avec… une statistique

La première chose à faire est de démarrer « à froid ». Ne préparez-pas la salle avec des clichés du discours, commencez avec panache, projetez votre voix et ensuite seulement vous pourrez revenir à des paroles plus raisonnables.

Reprenons l’exemple vu plus haut : « Quatre cent cinquante nouveaux cercueils ont été livrés à la ville jeudi dernier… » Dans cet exemple, il y a une combinaison de plusieurs éléments qui rendent la phrase très forte. Il y a l’objet en question, ici les cercueils, symbole particulièrement frappant d’une hécatombe. Il y a la dimension temporelle, exprimant à la fois la proximité (jeudi dernier, autrement dit « en ce moment », ce qui pose le problème comme étant une question d’actualité, ce qui suscite mécaniquement un certain intérêt de la part du public), et la durée (jeudi dernier soit un seul jour, 24 heures à peine, et non une semaine ou un mois). C’est donc cette dimension qui rend le nombre de cercueils livrés, 450, si impactant.

De même, vous pouvez intégrer vos chiffres ou statistiques dans un environnement ou au sein d’une combinaison d’éléments qui les rendent, par effet de contraste, d’autant plus frappants. Toutefois, gardez en tête que les chiffres font d’eux-mêmes un effet, car on suscite chez nos interlocuteurs le besoin ou l’envie d’en prendre la pleine mesure.

C’est aussi la raison pour laquelle il est préférable de démarrer sur un chiffre a priori important, pour ne pas dire énorme, gigantesque, monstrueux, plutôt qu’une statistique qui viserait à minorer un événement. Dans ce sens, préférez-toujours les statistiques inférieures à 10. Par exemple, à « 21,3% des salariés boivent trois cafés quotidiens », préférez « un salarié sur cinq »21,3% risque de sembler bien peu, tandis que 1 sur 5 donne le sentiment que ça concerne beaucoup plus de monde. Autre exemple : « Dans notre ville, 1 jeune sur 3 est au chômage. »

3. Commencez avec… une phrase qui attire l’attention

Si vous n’avez pas de chiffres pertinents à votre disposition, vous pouvez construire une phrase de telle façon à ce que les mots surprennent et captent l’attention. Les mots doivent être forts, chargés de sens, par exemple : « Le devoir. L’honneur. Le pays. Ces trois mots sacrés vous dictent ce que vous devez être, ce que vous êtes, ce que vous serez ». Ce qui marque dans cette phrase (qui est en réalité très simple), c’est la grandeur associée aux quatre notions énumérées avec aplomb (devoir, honneur, pays, mais aussi le fait de dire que ces mots sont sacrés !). On note également dans cette formule la maitrise de la puissance du rythme ternaire.

Certes, cet exemple renvoie au domaine des grands discours politiques ou historiques. Mais c’est le même principe qui s’applique à tous les secteurs : utilisez des mots lourds de sens. Et vous pouvez amplifier leur effet en les combinant de manière à créer une sorte de contraste ou de paradoxe. Par exemple : « Nous sommes ici pour choisir entre la rapidité… et la mort ». Autre exemple : « Nous avons réalisé les meilleures ventes de notre histoire… à moins que nous ne gâchions tout ! »

Notez bien les points de suspension, qui marquent un léger temps d’arrêt, une sorte de suspens, afin de rendre la suite de la phrase encore plus impactante ! Cette technique, qui relève de la dimension paraverbale, permet de mettre en relief l’idée qui vient juste après le silence, en lui donnant un poids particulier. Les mots ne sont pas forcement forts en eux-mêmes, mais c’est donc la façon de les prononcer qui leur donne cette force : « La première règle pour être un leader sage est que vous devez d’abord… définir le problème » (cette phrase peut sembler plutôt nulle quand on la lit dans sa tête, mais on peut donner une ampleur inouïe en la déclamant avec le bon rythme et sur le bon ton).

4. Commencez avec… une anecdote personnelle

Racontez l’anecdote avec vos propres mots. Ne dites pas « c’est l’histoire de cet homme qui… », qui signale à tous que vous allez raconter une histoire inventée. Au contraire, prenez-les par la main et parlez de « la vieille dame de MON quartier d’enfance » ou de « l’avocat chez qui JE suis allé ». Je vous invite à (re)lire à ce sujet Ma plus belle leçon de storytelling.

Le fait de démarrer par une anecdote, réelle ou présentée comme telle, relève en effet du plus pur storytelling. Cette première anecdote peut alors être comme un jalon posée des votre introduction pour developper un storytelling bien plus large et fécond tout au long de votre intervention ! Pensez par exemple à construire des personnages fascinants, à intégrer des dialogues pour les faire vivre, à faire appel aux sens et à jouer avec les émotions de votre auditoire

5. Commencez avec… une actualité ou une information factuelle spectaculaire

« Il y a 16 heures, un avion américain a largué une bombe sur Hiroshima. » L’information est suffisamment choquante pour capter violemment l’attention de vos interlocuteurs. Cela dit, pas besoin d’aller chercher un événement aussi dramatique ou d’une telle ampleur historique. Chaque jour, des dizaines de faits divers sont suffisamment curieux, troublants ou hallucinants pour nous interpeller. Le comique belge Alex Vizorek a par exemple réalisé un sketch entier sous forme de « revue de presse » aussi hilarante que stupéfiante en relevant des titres et des faits divers véridiques parus dans les journaux belges ! A vous de fouiller les catégories « insolites » ou « faits divers » pour trouver l’info inattendue pour démarrer votre intervention sur les chapeaux de roue.

6. Commencez avec… une citation

Un grand classique : utilisez une citation pour introduire votre intervention. Citez une personnalité si possible connue de votre auditoire, et surtout légitime par rapport au sujet et avec laquelle vous êtes familier. Cela dit, vous pouvez tout aussi bien citer un auteur peu connu, ou expert d’un domaine totalement hors de votre sujet. Ce qui compte ici, c’est de comprendre que la force de la citation peut résider :

  • Soit dans la citation elle-même, ce qu’elle exprime et la manière dont elle l’exprime ;
  • Soit dans l’autorité de l’auteur cité ;
  • Soit dans la pertinence du message ou de l’auteur par rapport au sujet abordé.

Evidemment, ces aspects peuvent tous se combiner. Dans ce cas la citation produira un effet extrêmement fort. Une technique plus subtile encore consiste à démarrer par la citation, et n’en élucider qu’un aspect dans l’introduction… Puis conclure avec la même citation, qui prendra alors une toute autre dimension de par les éléments abordés et expliqués pendant votre exposé ! L’effet sur le public est surpuissant. Mais il est rare de trouver le bon mot permettra un tel double usage « à tiroirs »…

7. Commencez avec… un exemple, ou interpelez votre auditoire

Un exemple d’introduction au sujet « Faut-il toujours finir son assiette ? » :

« Vous souvenez-vous de cet enfant ?
Cet enfant qui, pendant des heures,
Parlait à son assiette, plutôt que de la manger.

Je ne sais pas ce qu’en disent les autres,
Mais souvenez-vous de cet enfant.
Car cet enfant, c’était vous !
»

Toute la puissance d’un telle intro se joue au niveau du rythme, des intonations, ainsi que de la gestuelle et des éventuels déplacements. Passez du temps sur la préparation de votre ouverture. Préparez-là, améliorez-là, répétez-là. Montez sur la scène, appliquez la technique des 5 S ou prenez 5 respirations – ce qui marquera de fait un silence et attirera l’attention de l’auditoire sur vous – et lancez-vous.

D’ailleurs, en mentionnant un objet aussi concret qu’une assiette, vous pourriez même en apporter une avec vous, ou utiliser n’importe quel objet lors de votre présentation.

Pour la petite anecdote, lorsque j’assiste à une conférence, si j’entends les phrases typiques – et banales – d’introduction, quasiment à chaque fois l’intervention qui s’ensuit se révèle ennuyante et perd le soutien ou l’entrain du public. Quand le public est déconnecté, celui ci est perdu. Autant ne pas en perdre dès le départ. A l’inverse, quand il s’agit d’une conférencier qui démarre tout de suite en fanfare, en utilisant l’une des techniques ci-dessus notamment, on peut ressentir l’éveil et l’intérêt immédiat du public, qui se dit en regardant l’orateur faire son numéro « mais c’est qui ce type ? » et qui se retrouve scotché à ses lèvres de la première à la dernière phrase. Pour entrainer votre public sur votre chemin, préparez soigneusement votre entrée pour lui faire passer cette lourde porte qu’est l’introduction !

Partagez sur vos réseaux

Comment bien faire rentrer votre message dans la tête de vos auditeurs

Il est très intéressant d’interroger un auditoire quelques jours après une présentation… Le plus souvent, ils ne se souviennent de rien, si ce n’est d’un point de détail différent selon l’intérêt de chacun. C’est pourquoi il revient à l’orateur de prendre l’auditoire par la main, et de s’assurer qu’il retienne bien le message. En vue de vos prochaines prises de parole en public, voici des astuces simples mais terriblement efficaces pour marteler votre message et bien le faire rentrer dans la tête de vos auditeurs.

1. Concentrez votre présentation sur un seul message clé

Un seul ! Le plus dur, c’est de hiérarchiser puis éliminer tous les autres messages que vous souhaitez faire passer, pour n’en sélectionner qu’un seul. Décidez de ce qui est le plus important dans ce que vous allez présenter. C’est l’idée clé. Puis construisez votre présentation autour de cette idée. Il est très tentant d’avoir plusieurs messages clé, mais retenez que plus vous avez d’idées, plus vous diluez la puissance de chacune.

2. Faites de votre idée clé un message simple et concret

Pour avoir un message puissant, commencez par trouver une bonne idée clé. Prenez le temps de créer un message qui est facile à comprendre et à répéter. Recherchez toute chose abstraite ou conceptuelle et tentez de les remplacer par des mots spécifiques, concrets, des images que votre auditoire peut imaginer dans sa tête. Pour cela, vous pouvez notamment utiliser la technique de la photo mentale.

3. Annoncez votre message clé

Vous devez indiquer à l’auditoire de se mettre en alerte et de tendre l’oreille lorsque vous prononcez votre message clé. En une phrase, vous sous-entendrez attention – prêt – écoutez ! Lorsque vous rédigez un texte écrit, vous pouvez mettre en italique, vous pouvez mettre en gras, vous pouvez souligner, etc.

Mais à l’oral, rien de tout cela n’est possible. Il faut donc utiliser les silences comme une forme de « ponctuation orale », permettant de mettre en relief certains passages. Par exemple, en marquant un petit silence avant de dire quelque chose d’important, afin de créer une attente chez votre public et le préparer à recevoir votre message… Puis marquer un silence après avoir dit cette chose importante, afin de laisser le cerveau de vos auditeurs bien enregistrer et méditer un instant sur le message. Cette utilisation des silences peut sembler un peu théâtrale, mais cela produit toujours un effet redoutable sur le public.

Avec le silence, le seul autre moyen d’annoncer votre message clé consiste à utiliser une phrase qui jouera le rôle de surligneur. Voici des exemples d’annonce combinant les silences (indiqués par la mention [pause] ) et les « phrases-surligneurs » :

  • « Voici ce que vous devez retenir de plus important [pause] … »
  • « Voici ce que je dis à ceux qui critiquent notre entreprise [pause] … »
  • « Le secret d’une bonne gestion d’un restaurant est simple. En résumé, c’est… »
  • « Laissez-moi répéter ce en quoi je crois [pause] … »
  • « Ainsi, mes chers amis/camarades/collègues/compatriotes [pause] … »
  • « Je vous dirai à vous ce que j’ai déjà dit aux membres du club [pause] … »
  • « Je ne sais ce qu’en disent les autres, mais en ce qui me concerne [pause] … »
  • « Je vous réponds en vous disant [pause] … »
  • « Ainsi, mes amis, je vous dis… »

Limitez-vous à un seul message clé par présentation. Ne diluez pas sa puissance.

4. Accordez votre message clé à une image mémorable

Ajouter une image à votre pensée aide à retenir l’idée. Cela étant, assurez-vous que l’image choisie correspond parfaitement à l’idée sous-jacente. Si ce n’est pas le cas, non seulement l’image n’aidera en rien, mais elle distraira de plus l’auditoire qui tentera de déterminer quel est le lien entre les deux. L’image du balai avait par exemple pu être interprétée très différemment… Ajouter des photographies intéressantes mais pas directement liées perturbe l’apprentissage. Les images qui ne correspondent pas à l’idée ne sont que bruit visuel. Par ailleurs, plus puissant qu’une image, n’hésitez pas à utiliser un véritable objet lors de vos présentations, cela produit souvent un effet plus fort encore que faire un dessin (ce qui reste cependant une très bonne technique aussi).

5. Montrez votre message sur une slide, et laissez-le en place

Si vous avez trouvé l’image parfaite pour votre message, combinez-les dans une slide PowerPoint. Cependant… Attention aux usages abusifs de PowerPoint… Si vous n’avez pas d’image suffisamment cohérente, ne mettez pas une image moyenne mais contentez-vous du message sur un fond neutre. Cela donne de la longévité à votre message. Lorsque vous parlez de votre message, laissez la slide derrière vous pendant toute sa durée.

6. Répétez votre message clé

En 1963, Martin Luther King a répété 11 fois qu’il avait un rêve. C’est un discours des plus célèbres de l’histoire, la plupart connaissent cette phrase, mais qui a retenu ce qui suivait ? Un peu comme « Moi, président… » de Francois Hollande… Lui président, et après ? En rhétorique, la répétition d’un mot ou d’un groupe de mots au début de plusieurs phrases successives s’appelle une anaphore. Elle produit un effet d’insistance. Encore faut-il insister sur le message clef, que l’on répète de façon reformulée au fil de l’anaphore.

Au minimum, répétez votre message deux fois, la première fois dans les premières minutes de votre présentation, la seconde dans ses dernières minutes. Vous utiliserez ainsi à votre avantage l’effet de primauté (mieux se souvenir des premiers éléments d’une liste) et de l’effet de récence (mieux se souvenir des dernières informations entendues).

Bien-sûr, vous pouvez aussi répéter votre message dans le corps de votre intervention, soit trois fois en tout. Retenez simplement que les répétitions sont surtout efficaces lorsqu’elles sont suffisamment espacées dans le temps.

Partagez sur vos réseaux

4 façons de répondre à toutes les questions

N’ayez plus peur des questions du public à la fin de vos interventions !

Intervenir en public, prendre la parole devant un auditoire, présenter un projet ou faire un exposé est toujours quelque chose d’angoissant pour la majorité des gens. Mais s’il y a bien un moment particulièrement redouté, c’est la séquence des questions-réponses à la fin de l’intervention, le fameux « échange avec le public » !

Comment répondre à toutes les questions que l’on vous pose ? Comment contourner les questions embarrassantes ? Comment éviter les pièges que l’on vous tend ? Comment réagir quand on ne sait vraiment pas quoi dire ?

Si on ne s’y est pas préparé, répondre aux questions peut se révéler un exercice périlleux. Avec les 4 techniques qui suivent, cela va vite devenir pour vous un véritable jeu :

1 – Réfléchissez aux questions autant qu’à l’intervention elle-même

Lorsqu’on a une intervention à faire, l’erreur est de se concentrer essentiellement sur ce que l’on veut dire, le discours, le rédiger en entier et l’apprendre par cœur à la virgule près en pensant que c’est le plus important. En réalité, les questions comptent tout autant, si ce n’est plus.

Ne pensez pas seulement à ce que vous voulez dire, mais aussi à ce que les autres veulent vous faire dire !

Quel que soit votre domaine d’intervention, quel que soit votre sujet, réfléchissez aux questions qui ne manqueront pas de vous être posées, les plus évidentes comme les plus tordues, ainsi qu’à toutes les critiques possibles que l’on peut vous adresser… Et notez-les sur papier.

Vous devriez en trouver au minimum une quinzaine. C’est une étape délicate car il s’agit de se mettre dans la tête du public et plus particulièrement de vos contradicteurs. Lorsqu’on défend une idée ou un projet on en parle en termes positifs, c’est-à-dire que l’on veut montrer en quoi « c’est bien », et on néglige les objections, c’est-à-dire pourquoi « ce n’est pas mal » ou « mauvais ». Il faut décentrer son point de vue.

2 – Préparez des réponses-types par catégories de questions

Regardez votre liste de questions et cherchez à les classer par catégories. Le but est de réduire le nombre de questions à préparer. Si vous aviez entre quinze et vingt questions, essayez par exemple de les ranger en 5 catégories environ. En général, une série de quinze questions minimum peut se diviser en 3 à 7 catégories.

Pour chaque catégorie, préparez alors une réponse idéale. Le genre de réponse qui peut être donnée quelle que soit la question de la catégorie qui est posée, et quelle que soit la façon dont elle est posée.

La réponse idéale est une réponse globale fournissant suffisamment d’éléments informatifs pour donner le sentiment que vous répondez bien à la question sans vous défiler.

3 – Ne refusez jamais de répondre à une question

Lorsqu’on vous pose une question, évitez de penser au pire. Concentrez-vous sur ce qui est dit, écoutez très attentivement chaque question et voyez dans quelle catégorie elle peut rentrer. Vous avez alors une réponse toute prête, pas la peine de s’affoler en se demandant quoi répondre.

Ne dites jamais : « Je ne peux pas répondre à cette question » ou « Je refuse de répondre à cette question » !

Si vous êtes vraiment embarrassé, ne le laissez pas paraître. Tenez-vous bien droit, maintenez un fort contact visuel avec la personne qui vous a posé la question (c’est-à-dire regardez-la droit dans les yeux sans sourciller, sans baisser la tête) et remerciez-la. Toujours remercier quand on est en difficulté…

Dites avec confiance : « Merci pour votre question » ou « Je vous remercie de me demander ça », en ajoutant pourquoi pas « C’est une excellente question ». En flattant discrètement votre contradicteur de la sorte, vous le rendez moins offensif, et aux yeux du public vous semblez dominer la situation.

4 – Prenez tout votre temps

Prenez le temps de reformuler les questions, surtout les plus difficiles : c’est également une façon de montrer votre considération et d’éviter les mauvaises interprétations. Et ce sont tout autant de secondes de gagnées, précieuses secondes pendant lesquelles réfléchir et identifier les mots-clefs qui vous permettront de rattacher la question à l’une des grandes catégories que vous avez préparées.

Ne vous précipitez pas pour répondre. N’ayez pas peur des silences. Dès les premières questions, même si elles sont simples, marquez une pause avant de prononcer le moindre mot. Ainsi, chaque fois que vous vous tairez, tout le monde pensera que c’est normal, personne n’imaginera que vous êtes en train d’hésiter.

Et plus vous prenez de temps, moins on pourra vous poser de questions. Evidemment, ne faites pas des réponses d’une heure, et ne vous contentez pas de répondre à une seule question seulement !

C’est une stratégie de contournement fréquemment utilisée par les politiques lors des conférences de presse : annoncez clairement la durée des questions-réponses, prenez plusieurs questions à la fois puis arrangez-vous pour en traiter 5 à 6 maximum (ce qui correspond donc… au nombre de catégories préparées)…

Et le tour est joué !

Partagez sur vos réseaux

Je craque ! 13 bonnes raisons de laisser tomber PowerPoint

Arggggggh!!! Les présentations PowerPoint, je craaaquuue!!!

Une bonne résolution pour cette année ? Mettre PowerPoint au placard ! A moins de savoir parfaitement l’utiliser… Mais comme c’est trop peu souvent le cas, oublier les « slides » et réveiller l’orateur qui est en chacun de nous. Devant PowerPoint nous ne sommes plus de véritable orateurs, mais bien souvent de simples lecteurs. L’humain s’écrase face à la technologie, s’oublie devant le numérique, et les présentations sont toujours moins vivantes, chaque fois moins vibrantes

Pour faire vibrer son public, il faut vibrer soi-même ! Et oser se livrer tout entier, sans artifice, sans subterfuge, dans une parole directe, libre et authentique. Voici donc 13 raisons de mettre PowerPoint de côté cette année :

1 – Parce que tout le monde s’y attend. En effet, plus aucune réunion ne semble envisageable sans PowerPoint. Qui doit présenter un projet se doit de le faire à travers sa série de slides. Au début PowerPoint était une vraie nouveauté et permettait de faire preuve de créativité. Connecter sa clef usb, trouver le bon fichier, baisser les lumières et faire défiler : c’est devenu la routine. Si vous voulez marquer votre public, le surprendre : annoncez d’emblée que vous n’avez pas de PowerPoint (ou tout autre système nécessitant une projection) ! Quelqu’un qui se pointe sans support visuel, ça a le mérite d’intriguer : comment va-t-il s’y prendre ? Qu’a-t-il à raconter ? Venez… sans rien. Mais donnez-vous tout entier. Marquez votre différence, affirmez votre personnalité, soyez là où l’on ne vous attend pas.

2 – Parce qu’il y a toujours des problèmes de connexion, ou en tout cas très souvent. Bien que la plupart des salles de réunion sont équipées d’un système de projection, beaucoup d’autres ne le sont pas. Fallait-il amener son ordinateur ? Est-ce qu’il y a une rallonge ? Pourquoi ma clef usb ne fonctionne pas ? Fallait-il passer par une station blanche ? Pourquoi ce fichier ne s’ouvre pas, ne s’affiche pas, n’est pas pris en charge… ? Sans compter tous les bugs et coupures de courant qui pourront survenir inopinément.

3 – Parce qu’il faut plonger la salle dans le noir si tout le monde veut bien voir. Comme le point précédent, cela demande un contrôle efficient de son environnement : toutes les fenêtres peuvent-elles se fermer ? Ne fera-t-il pas trop chaud (si l’on est en été par exemple) ? Les volets ou rideaux sont-ils suffisamment opaques ? Malgré toutes ces précautions, il suffit qu’un petit rayon de lumière filtre au travers pour gêner l’affichage et la lecture du public, ce dernier ne manquant pas de se plaindre… Or, ce devrait être à l’orateur de s’adapter à son environnement, et non à l’environnement d’être modifié simplement pour se servir de PowerPoint.

4 – Parce que vous détournerez le regard du public. Tout d’abord, la mise en place du PowerPoint et de la salle nécessitera toute votre attention – alors que vous devriez accorder exclusivement votre attention à votre public : il est important d’établir un fort contact visuel avec le public dès les premières secondes d’une intervention. Ensuite, une fois le PowerPoint correctement lancé et la salle suffisamment plongée dans l’obscurité, ces éléments continueront de capter votre attention : vérifier que tout fonctionne bien, manipuler les commandes pour faire défiler les slides, regarder les slides… Dans l’idéal, il faut connaître sa présentation par cœur, un peu comme un présentateur météo et ne jamais tourner la tête vers les slides mais toujours maintenir le contact visuel avec le public !

5 – Parce que le public détournera son regard de vous. Et, à vrai dire, c’est peut-être ce que certains cherchent inconsciemment. En faisant du PowerPoint l’essentiel d’une présentation, le public se focalise sur les slides et ne nous dévisage plus. Le regard est capté par la lumière, la projection occupe la partie centrale du mur principale de la salle et on reste sur le côté, dans l’obscurité, un peu caché… Du coup on refuse le vrai rôle d’orateur qui nous incombe, alors qu’on devrait soi-même se mettre en scène.

6 – Parce qu’on lit toujours trop ses notes. Se passer complétement de notes écrites est la marque des orateurs de talent. A défaut de notes écrites sur du papier, la tentation est grande d’utiliser PowerPoint comme des notes, et de se reposer dessus slide après slide. Mais personne n’est dupe ! Et tout le monde voit bien que l’orateur lit ses slides, qu’il est incapable d’en décoller, qu’il avance à leur rythme et se permet peu de digressions voire aucune : il est prisonnier des slides, et n’offre pas à ses auditeurs la parole libre qu’ils attendent. J’ai déjà vu un professeur projeter un PowerPoint sur lequel son discours était intégralement rédigé, à la virgule près… même les (fausses) hésitations ! Le public a fini par en rire, mais pas dans le bon sens. PowerPoint a transformé les orateurs en lecteurs. Il faut réapprendre à se passer de toute note et de tout support, et simplement parler et se mettre soi-même en scène, occuper l’espace non par la projection d’images vidéos mais par la puissance de sa voix et les mouvements de son corps !

7 – Parce que le public attend de télécharger le PowerPoint. Si vous distribuez des documents pendant votre intervention, vous verrez que tout le monde va se concentrer dessus et commencer à les lire, à tourner les pages, et, bref, à écouter avec beaucoup moins d’attention ce que vous êtes en train de dire. Pour éviter cela, attendez la fin pour la distribution ! Mais si vous commencez d’emblée avec un PowerPoint présentant avec précision chacune de vos parties et sous-parties de votre exposé, la question va vite se poser : « On pourra prendre la copie sur clef usb ? » Du coup, le public relâche son attention, est plus distrait, moins impliqué, avec la certitude sereine qu’il pourra de toute façon tout récupérer à la fin sur clef usb, et prendre le temps une fois chez lui de revenir sur les points importants et regarder en détail ce qui mérite de l’être (ce qu’il ne fera d’ailleurs presque jamais…). En n’utilisant pas PowerPoint, vous obligez en quelque sorte le public à se concentrer sur que vous dites, vous favorisez une bien meilleure attention de sa part.

8 – Parce que les slides sont mal construits. Je parle d’expérience : à ce jour, j’ai assisté à – ou plutôt j’ai subi – un peu plus d’un millier de présentation PowerPoint (ce n’est pas tant que ça à vrai dire, ça fait environ 3 présentations par jour pendant un an…). Sur ce millier de présentations PowerPoint, seules DEUX ont vraiment retenu mon attention et ont également plu à l’ensemble du public. Toutes les autres étaient vraiment mal fichues et cumulaient toutes les erreurs classiques avec PowerPoint : slides surchargés d’informations, illisibles, schémas incompréhensibles, animations ringardes… Pour éviter un flop avec PowerPoint, autant ne pas utiliser du tout PowerPoint ! Ou prendre le temps de maîtriser les subtilités de cet art à part entière avec des artistes du genre, comme sur SimpleSlide par exemple ! Vous trouverez également de très bons conseils dans le bouquin de Garr Reynolds Présentation Zen et celui de Nancy Duart Slide:ologie.

9 – Parce que les slides formatent notre pensée. A vouloir faire rentrer toutes nos idées dans des petits slides bien organisés, on finit par en détruire une partie, et à remodeler ce qui reste. De la même manière que les plans-types au lycée et à l’université (en deux ou trois parties et tout autant de sous-parties) conditionnaient notre expression et notre réflexion, PowerPoint façonne un mode de pensée duquel nous finissons par être prisonniers. Certaines idées ne retiennent plus notre attention simplement parce que nous ne voyons pas comment les intégrer dans certains slides. PowerPoint fait des ravages, lire à ce sujet l’ouvrage de Franck Frommer : La pensée PowerPoint – Enquête sur ce logiciel qui rend stupide. Voir aussi Stop au PowerPoint ! Réapprenez à penser et à présenter de Nicolas Berreti.

10 – Parce qu’il n’y a plus aucune surprise. La succession des images, qui devrait être dynamique, devient souvent lassante et ennuyante. Ce qui caractérise les grands discours, c’est le pouvoir de l’orateur sur son public. C’est lui qui mène la danse. C’est lui qui fixe les repères, donne le ton, pose le rythme. Personne ne regarde sa montre et tout le monde est entraîné dans une sorte de distorsion du temps : un bon discours semble toujours plus court que ce qu’il a véritablement duré ! Comme un bon film ou une pièce de théâtre. Personne ne voit le temps passer. Tandis qu’avec PowerPoint, on peut voir le nombre de slides, et au combien nous en sommes. Le public lassé se met donc à décompter chaque slide, attendant simplement la fin, comme un écolier au regard hagard suivant fébrilement la trotteuse de l’horloge sur le mur de la classe…

11 – Parce que le public devient spectateur passif, alors qu’il devrait être auditeur actif et réactif. Pour toutes les raisons énumérées dans les points précédents, il est clair que le public (autant que l’orateur lui-même !) est beaucoup moins actif lors d’une présentation PowerPoint que lors d’un vrai discours, où l’orateur compose en fonction des réactions du public, qui ne se prive pas de réagir, d’applaudir, de rire ou de crier. Le véritable orateur prend ses libertés avec le texte, improvise, se « lâche », rend son exposé plus vivant, et le public vibre d’autant plus. Avec PowerPoint, l’orateur se cache derrière la projection des slides, il est écrasé, étouffé, et par contrecoup le public attend patiemment, passivement, pur récepteur d’un écran qui s’impose à lui sans aucune interactivité.

12 – Parce que le pouvoir des mots peut encore terrasser le choc des images ! Oui, votre parole peut avoir plus d’effet que toutes les photos que vous avez sélectionnées. Plutôt que les projeter, pourquoi ne pas s’efforcer de les décrire ? Trouver les mots pour amener tout un chacun à les imaginer ? L’impact en sera décuplé, car chacun fera de votre présentation une expérience personnelle, en y mettant du sien, en réveillant cette magie propre à l’esprit enfantin : celle de l’imagination. L’imagination est souvent plus forte que les images. L’imagination est une forme d’action, tandis qu’une image, une fois donnée, ne force qu’une forme d’acception.

13 – Parce que ce n’est pas vraiment utile. Au fond, si vous connaissez vraiment votre sujet, que vous êtes convaincu de l’intérêt d’en parler, que vous avez de bons exemples, de bonnes anecdotes et de bonnes idées, à quoi bon PowerPoint ? Réfléchissez à ce que PowerPoint peut vraiment apporter en plus, et à ce que vous pouvez vous-mêmes apporter sans PowerPoint. L’humain l’emporte encore sur la technologie, et votre force de conviction, votre énergie et l’expression de votre propre vie pulvérise tous les ordis, toutes les images et tous les effets numériques. Soyez vous-même, soyez vivant, refusez le conformisme PowerPoint et parlez librement : au fond, le public n’attend que ça ! Et il vous en sera reconnaissant.

Partagez sur vos réseaux